Depuis le début de la révolution de jasmin en Tunisie, nous assistons à la résurgence d’un discours qu’on croyait désuet et contredit par les faits et les analyses autour de l’islam et des musulmans de Tunisie.
Alors que tout le monde reconnaît que le dictateur déchu a instrumentalisé la peur de l’islamisme pour garder le soutien de l’impérialisme occidental et continuer à réprimer toute opposition, nous entendons encore et régulièrement des discours de la peur essentialisant l’islam et les musulmans en tentant de nous faire croire que les « islamistes » tunisiens sont comme les talibans et autres réactionnaires, obscurantistes ou fascistes verts.
Ce samedi 15 janvier 2011, nous avons pu entendre, sur deux chaînes de télévision françaises, Serge Moatti, journaliste français d’origine tunisienne, nous dire, comme d’autres avant lui, que lors des manifestations en Tunisie, ses amis lui ont dit que dès qu’un « barbu » se pointait on le rejetait de la manifestation, pour prouver, si besoin , que les islamistes n’ont rien à voir avec ce soulèvement !
Puis, un peu plus tard, dans le journal Soir3, nous avons entendu un « journaliste » pyromane islamophobe et pro-dictateur, Christian Malard, nous assener que les islamistes en Tunisie étaient à l’affût et que, dit-il en parlant du retour de Rached Ghannouchi, leader du parti Ennahda en Tunisie : « Croyez-moi, les Tunisiens doivent s’en méfier, c’est un disciple de Khomeyni », en prenant son air habituel de dramaturge.
Hormis ces figures médiatiques habituées à noircir l’image de l’islam et des musulmans , nous avons entendu un certain nombre de Tunisiennes et de Tunisiens, simples citoyens ou militants politiques de gauche ou d’extrême gauche, abonder dans le sens de l’injonction occidentale et française en particulier, pour nous dire que ces mobilisations n’ont rien à voir avec l’islam et les islamistes, en cherchant à montrer « patte blanche », et en tentant de sous-entendre qu’il n’y a plus d’islam en Tunisie, pays de la fameuse Zeytouna et de la sainte Kairouan.
Une manifestante parisienne est allée jusqu’à dire que la Tunisie était un pays laïque, comme si c’était une tare ou un crime de reconnaître l’islamité du peuple tunisien dans sa très grande majorité, alors même que la Constitution mentionne dans l’article 1 que « La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain ; sa religion est l'islam, sa langue l'arabe et son régime la République ».
N’importe quel observateur avisé a pu constater que lors des interviews d’opposants sur les médias français la parole a été donnée en permanence à l’opposition de gauche ou au mouvement social, y compris à celles et à ceux qui ont été les soutiens directs ou indirects du dictateur Ben Ali dans sa répression sanguinaire des islamistes tunisiens dans les années 1990, en ayant pris soin d’occulter la parole des opposants du mouvement Ennadha en particulier.
Faut-il rappeler que ces diabolisations, ces amalgames et ces complicités politico-médiatiques sont malhonnêtes et inacceptables, car, malgré la répression barbare et les supplices que certains d’entre nous ont subi de la part du régime criminel, aucune personnalité ni groupe islamiste n’a recouru à la vengeance aveugle ni au terrorisme, qui aurait pu faire écrouler très rapidement l’économie touristique du pays.
Faut-il rappeler que ceux qu’on qualifie d’islamistes tunisiens sont pour un Etat de droit et pour la démocratie et la justice sociale, que nous devons, comme l’a dit Rached Ghannouchi, renforcer par le référentiel islamique.
Pour finir, nous aimerions rappeler que cette révolution n’appartient à personne, hormis au peuple tunisien dans son ensemble, et que les opposants et autres résistants de la dernière heure doivent respecter le sang des martyrs et les sacrifices de tout un peuple, tout en évitant de faire des projections ou des reconstructions politiques en évinçant la composante musulmane de l’opposition et du peuple tunisien.
Vive le peuple tunisien et sa lutte héroïque !
* Abdelaziz Chaambi est président de la Coordination contre le racisme et l'islamophobie : www.crifrance.com
Alors que tout le monde reconnaît que le dictateur déchu a instrumentalisé la peur de l’islamisme pour garder le soutien de l’impérialisme occidental et continuer à réprimer toute opposition, nous entendons encore et régulièrement des discours de la peur essentialisant l’islam et les musulmans en tentant de nous faire croire que les « islamistes » tunisiens sont comme les talibans et autres réactionnaires, obscurantistes ou fascistes verts.
Ce samedi 15 janvier 2011, nous avons pu entendre, sur deux chaînes de télévision françaises, Serge Moatti, journaliste français d’origine tunisienne, nous dire, comme d’autres avant lui, que lors des manifestations en Tunisie, ses amis lui ont dit que dès qu’un « barbu » se pointait on le rejetait de la manifestation, pour prouver, si besoin , que les islamistes n’ont rien à voir avec ce soulèvement !
Puis, un peu plus tard, dans le journal Soir3, nous avons entendu un « journaliste » pyromane islamophobe et pro-dictateur, Christian Malard, nous assener que les islamistes en Tunisie étaient à l’affût et que, dit-il en parlant du retour de Rached Ghannouchi, leader du parti Ennahda en Tunisie : « Croyez-moi, les Tunisiens doivent s’en méfier, c’est un disciple de Khomeyni », en prenant son air habituel de dramaturge.
Hormis ces figures médiatiques habituées à noircir l’image de l’islam et des musulmans , nous avons entendu un certain nombre de Tunisiennes et de Tunisiens, simples citoyens ou militants politiques de gauche ou d’extrême gauche, abonder dans le sens de l’injonction occidentale et française en particulier, pour nous dire que ces mobilisations n’ont rien à voir avec l’islam et les islamistes, en cherchant à montrer « patte blanche », et en tentant de sous-entendre qu’il n’y a plus d’islam en Tunisie, pays de la fameuse Zeytouna et de la sainte Kairouan.
Une manifestante parisienne est allée jusqu’à dire que la Tunisie était un pays laïque, comme si c’était une tare ou un crime de reconnaître l’islamité du peuple tunisien dans sa très grande majorité, alors même que la Constitution mentionne dans l’article 1 que « La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain ; sa religion est l'islam, sa langue l'arabe et son régime la République ».
N’importe quel observateur avisé a pu constater que lors des interviews d’opposants sur les médias français la parole a été donnée en permanence à l’opposition de gauche ou au mouvement social, y compris à celles et à ceux qui ont été les soutiens directs ou indirects du dictateur Ben Ali dans sa répression sanguinaire des islamistes tunisiens dans les années 1990, en ayant pris soin d’occulter la parole des opposants du mouvement Ennadha en particulier.
Faut-il rappeler que ces diabolisations, ces amalgames et ces complicités politico-médiatiques sont malhonnêtes et inacceptables, car, malgré la répression barbare et les supplices que certains d’entre nous ont subi de la part du régime criminel, aucune personnalité ni groupe islamiste n’a recouru à la vengeance aveugle ni au terrorisme, qui aurait pu faire écrouler très rapidement l’économie touristique du pays.
Faut-il rappeler que ceux qu’on qualifie d’islamistes tunisiens sont pour un Etat de droit et pour la démocratie et la justice sociale, que nous devons, comme l’a dit Rached Ghannouchi, renforcer par le référentiel islamique.
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