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Points de vue

La culture de l'écrit livresque en banlieue : ne pas négliger cet élan

Rédigé par Nabil Bereriche | Mercredi 1 Juin 2016 à 16:30

           


La culture de l'écrit livresque en banlieue : ne pas négliger cet élan
Quand on pense à l'écriture en banlieue, on pense immédiatement au rap ou même au tag, mais rarement au livre. Jouissant, au sein des zones suburbaines d'une réputation élitiste ou même ringarde, le livre est un objet qui peine à trouver sa place. Pourtant, depuis quelques années, des auteurs reconnus par la critique émergent et prouvent qu'il y a une culture de l'écrit livresque qui tend à se développer dans les banlieues.

Loin d'avoir un rôle majeur, cette discipline littéraire issue des banlieues participe d'un nouvel élan qu'il ne faut pas négliger.

« Les gens lisent moins »

La question de la baisse de la fréquence de lecture ne concerne pas que la banlieue. Les études sur les pratiques culturelles des Français prouvent que nous lisons beaucoup moins depuis 30 ans, toutes catégories sociales confondues. Mais malheureusement, dans les zones où le capital culturel est plus faible, ceux qui étaient de faibles lecteurs sont devenus des non-lecteurs.

Comment (re)donner envie aux jeunes de quartiers de lire des livres ?

Les premiers contacts avec la lecture, pour ceux dont les parents ont un faible capital culturel, c'est l'école. A l'école, la lecture est nécessaire à l'apprentissage de toutes les matières dispensées. Lire est donc un devoir auquel doivent se plier tous les élèves. Néanmoins, les efforts fournis par les pouvoirs publics tendent à faire de la lecture non seulement une obligation, mais également un plaisir pour l'élève.

C'est en tout cas ce qui est prôné par l'Éducation nationale. Mais cette utilité ne va pas de soi pour tous les enfants et le caractère ennuyeux ou laborieux sont présents dans la psychologie de nombreux élèves issus de milieux défavorisés. L'idée que la lecture est une détente utile est donc difficile à faire passer.

Promouvoir de nouveaux moyens

Pour ce faire, l'école pratique l'injonction à la lecture. Elle soumet à l'élève un certain nombre de livres à lire au cours de l'année. Par ce biais, l'école souhaite inculquer l'habitude de lire (en particulier des livres). Mais malheureusement, comme le rappelle Chantal Horellou-Lafarge et Monique Segré dans Sociologie de la lecture : « Pour beaucoup de collégiens, tout ce qui est recommandé dans le cadre scolaire prend la couleur de l’obligation, de la contrainte et vient entraver le désir de lire. »

En d'autres termes, il faut trouver d'autres biais que ceux proposés par l'école pour intéresser ces jeunes à la lecture.

Des auteurs comme Rachid Santaki, Faiza Guène, ou encore Mehdi et Badrou et Bakary Sakho ont voulu raconter des histoires qui se déroulent au plus près de leur réalité quotidienne. Installer une histoire dans une banlieue périphérique française des années 2000 est un moyen de se rapprocher d'un lectorat parfois hermétique aux grands thèmes de la littérature. Par une approche différenciée du contenu, ils espèrent toucher un public qui n'est pas habitué à lire, en plus du public potentiellement intéressé par ce qu'ils ont à raconter. C'est pourquoi il importe de promouvoir cette littérature auprès de la jeunesse à travers les institutions scolaires.

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Nabil Bereriche est étudiant en master édition à l'université de Limoges. Une conférence sur le thème « Écrire la ville » aborderont les sujets autour de la littérature dite urbaine jeudi 2 Juin à Paris, dans le cadre du Festival Hip Hop 2016. Pour en savoir plus.

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