Malala. Ce prénom est devenu le symbole du combat pour l’éducation, de l’importance de l’instruction. Malala, une jeune Pakistanaise de 14 ans grièvement blessée le 9 octobre 2012 dans un car scolaire après que des hommes lui ont tiré dessus à bout portant. Son crime aux yeux des talibans qui ont revendiqué cette attaque : son combat pour l’éducation. Elle est sauvée, et son combat continue.
Le vœu de faire taire une adolescente qui crie au droit à l’éducation démontre bien son enjeu. L’éducation mène à la connaissance, élève les êtres humains, les ouvre sur le monde, sur la connaissance du Tout-Puissant. À côté de cette éducation, il existe également la voie qui mène à la haine, à la destruction d’autrui, à son déni d’existence. Le basculement de l’une à l’autre est dangereusement simple, il n’est qu’une question de mots.
Il n’est pas nécessaire qu’un mot définisse quelque chose de mauvais, de laid ou de haineux ; il suffit juste de lui associer une image très laide.
Un acte odieux perpétré par un individu de confession musulmane, et ce sont les hommes, les femmes, les enfants musulmans que l’on présente comme odieux. Un crime de terreur commis par un groupe d’individus de confession musulmane et c’est l’ensemble de la communauté musulmane qui est criminelle. Le mot « musulman » est associé à l’odieux, au crime, à la terreur.
L’utilisation du mot « kuffar » dans la communauté musulmane devient récurrente pour désigner les non-musulmans. Pluriel du mot « kafir », il signifie dans l’histoire de l’islam les mécréants, les incrédules, les négateurs. Au temps du Prophète, ceux qui étaient désignés par ce mot intriguaient, conspiraient contre les nouveaux pratiquants de la nouvelle religion qu’était alors l’islam.
Ce mot chargé d’Histoire connote une idée d’ennemi, de conspirateur, celui dont il faut se méfier. Ainsi, nommer les non-musulmans de « kuffar » revient aujourd’hui à les désigner comme des ennemis. Cette dénomination facile renvoie d’office à une division du monde en deux catégories : les musulmans, d’un côté, et les ennemis des musulmans, de l’autre.
Le danger de cette classification réside dans le nouveau sens du mot « musulman » au sein de la communauté : il ne veut plus signifier la soumission, la soumission au Tout-Puissant ; sa définition renvoie désormais un individu qui serait dénué de défauts humains, lesquels seraient uniquement attribués à la catégorie des « kuffar ». Le musulman ne serait donc ni hypocrite, ni menteur, ni tricheur, ni criminel, encore moins conspirateur !
Ce qui atteint alors la communauté, c’est l’inévitable arrogance : celle qui mène à se croire au-dessus de tout, à ignorer ses moindres erreurs, ses moindres maladresses, à ne plus voir l’être humain en la personne non musulmane.
Cela se produit graduellement dans les petits gestes du quotidien : des « bonjour » dits du bout des lèvres à un voisin dans un immeuble, que l’on ne met pas dans la catégorie des musulmans ; des sourires de plus en plus rares en dehors du cercle des musulmans reconnaissables à première vue ; l’indulgence de rigueur envers son enfant musulman qui tape sans raison un autre enfant « kuffar » dans un bac à sable ; ce sont aussi les recommandations ignorées, malgré leur validité, d’un enseignant appartenant au « mauvais groupe ».
Sans bien s’en rendre compte, les membres de la communauté musulmane tissent une toile d’animosité autour d’eux, ils dressent un mur invisible néfaste pour les personnes des deux côtés du mur.
Ces manipulations de mots ont conduit à de grandes discriminations et trop souvent aux plus grands crimes d’humains par d’autres êtres humains. Sans en arriver à cette extrémité, la communauté musulmane prendra garde à ne pas manipuler le mot de trop, en finissant, par exemple, par se convaincre qu’« Allah » est le Dieu des musulmans et que « Dieu » est un autre dieu pour les non-musulmans.
* Tutrice de français en Grande-Bretagne, Fatima Adamou est également researcher bénévole à l'association Christian Muslim Forum.
Le vœu de faire taire une adolescente qui crie au droit à l’éducation démontre bien son enjeu. L’éducation mène à la connaissance, élève les êtres humains, les ouvre sur le monde, sur la connaissance du Tout-Puissant. À côté de cette éducation, il existe également la voie qui mène à la haine, à la destruction d’autrui, à son déni d’existence. Le basculement de l’une à l’autre est dangereusement simple, il n’est qu’une question de mots.
Il n’est pas nécessaire qu’un mot définisse quelque chose de mauvais, de laid ou de haineux ; il suffit juste de lui associer une image très laide.
Un acte odieux perpétré par un individu de confession musulmane, et ce sont les hommes, les femmes, les enfants musulmans que l’on présente comme odieux. Un crime de terreur commis par un groupe d’individus de confession musulmane et c’est l’ensemble de la communauté musulmane qui est criminelle. Le mot « musulman » est associé à l’odieux, au crime, à la terreur.
L’utilisation du mot « kuffar » dans la communauté musulmane devient récurrente pour désigner les non-musulmans. Pluriel du mot « kafir », il signifie dans l’histoire de l’islam les mécréants, les incrédules, les négateurs. Au temps du Prophète, ceux qui étaient désignés par ce mot intriguaient, conspiraient contre les nouveaux pratiquants de la nouvelle religion qu’était alors l’islam.
Ce mot chargé d’Histoire connote une idée d’ennemi, de conspirateur, celui dont il faut se méfier. Ainsi, nommer les non-musulmans de « kuffar » revient aujourd’hui à les désigner comme des ennemis. Cette dénomination facile renvoie d’office à une division du monde en deux catégories : les musulmans, d’un côté, et les ennemis des musulmans, de l’autre.
Le danger de cette classification réside dans le nouveau sens du mot « musulman » au sein de la communauté : il ne veut plus signifier la soumission, la soumission au Tout-Puissant ; sa définition renvoie désormais un individu qui serait dénué de défauts humains, lesquels seraient uniquement attribués à la catégorie des « kuffar ». Le musulman ne serait donc ni hypocrite, ni menteur, ni tricheur, ni criminel, encore moins conspirateur !
Ce qui atteint alors la communauté, c’est l’inévitable arrogance : celle qui mène à se croire au-dessus de tout, à ignorer ses moindres erreurs, ses moindres maladresses, à ne plus voir l’être humain en la personne non musulmane.
Cela se produit graduellement dans les petits gestes du quotidien : des « bonjour » dits du bout des lèvres à un voisin dans un immeuble, que l’on ne met pas dans la catégorie des musulmans ; des sourires de plus en plus rares en dehors du cercle des musulmans reconnaissables à première vue ; l’indulgence de rigueur envers son enfant musulman qui tape sans raison un autre enfant « kuffar » dans un bac à sable ; ce sont aussi les recommandations ignorées, malgré leur validité, d’un enseignant appartenant au « mauvais groupe ».
Sans bien s’en rendre compte, les membres de la communauté musulmane tissent une toile d’animosité autour d’eux, ils dressent un mur invisible néfaste pour les personnes des deux côtés du mur.
Ces manipulations de mots ont conduit à de grandes discriminations et trop souvent aux plus grands crimes d’humains par d’autres êtres humains. Sans en arriver à cette extrémité, la communauté musulmane prendra garde à ne pas manipuler le mot de trop, en finissant, par exemple, par se convaincre qu’« Allah » est le Dieu des musulmans et que « Dieu » est un autre dieu pour les non-musulmans.
* Tutrice de français en Grande-Bretagne, Fatima Adamou est également researcher bénévole à l'association Christian Muslim Forum.