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Points de vue

La protection de la nature, une mission à dimension religieuse

Rédigé par Anouar Kbibech | Vendredi 12 Décembre 2014 à 16:50

           


La protection de la nature, une mission à dimension religieuse
En islam, la première dimension de la relation de l’Homme à la nature se traduit par le fait de considérer que tous les deux sont la création de Dieu.

En effet, la Terre est un don divin à l’Homme. Ce dernier ne doit donc ménager aucun effort pour maintenir son équilibre et la protéger contre toute dégradation. C’est ainsi que la protection de la nature et de l’environnement s’inscrit dans une dimension religieuse qui prend une place très importante parmi les préoccupations du musulman. A ce titre, l’islam nous incite à respecter la nature avec toutes ses composantes : de la terre au ciel, en passant par l’eau, les animaux ou les plantes…

L’adoration de Dieu ne s’arrête pas au fait de s’acquitter des œuvres rituelles telles que la prière, le jeûne et le pèlerinage, mais elle englobe aussi toutes les prescriptions divines qui visent à protéger la vie et la nature.

Ainsi, la préservation de l’environnement est clairement affirmée comme un acte d’adoration. « Sois bienfaisant envers les autres comme Dieu l’a été envers toi. Ne favorise pas la corruption sur Terre, car Dieu n’aime point les corrupteurs. » [Sourate 28, Verset 77]

L’autre dimension de la relation de l’Homme à la nature se traduit par le fait de considérer que la nature a été créée par Dieu pour être au service de l’Homme.

Le rôle de l’Homme consiste alors à utiliser avec justesse tous les éléments de la nature, d’une part, pour maintenir sa survie et la continuité de son espèce et, d’autre part, pour bâtir une civilisation qui fait régner la justice, la bienfaisance et la compassion avec les nécessiteux.

Le Coran dit : « Mangez et buvez, mais ne soyez pas excessifs ! Dieu n’aime pas ceux qui commettent des excès. » [Sourate 7, Verset 31]. Il proclame : « Certes, Allah commande l’équité, la bienfaisance et l’assistance aux proches. Et Il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. Il vous exhorte afin que vous vous souveniez. » [Sourate 16, Verset 90].

Tous ces versets, avec tant d’autres, caractérisent la conception que fait l’islam de l’éthique et de l’esthétique dans la relation que doit avoir l’Homme vis-à-vis de la nature. En somme, en islam, l’Homme vit en harmonie avec la nature et l’environnement. Il en fait pleine jouissance, sans excès et sans pillage ni gaspillage.

L’importance de la préservation de la nature se traduit également dans la perception des musulmans de l’agriculture et de son évolution.

Le monde agricole est très fortement ancré dans la tradition française. L’agriculture française, à travers la diversité de ses élevages et la richesse de ses productions, enrichit le « terroir français ». D’ailleurs, beaucoup de familles musulmanes s’investissent dans le monde agricole. Ceci est particulièrement le cas des familles originaires d’Afrique du Nord qui se sont installées depuis plusieurs décennies dans le sud-est et le sud-ouest de la France et qui gèrent aujourd’hui des exploitations agricoles de grande envergure. De la même manière, il y a de nombreux travailleurs saisonniers qui s’investissent dans ce secteur.

Aujourd’hui, le monde agricole est confronté à plusieurs problématiques qui peuvent nous interpeller en tant qu’être humains en général, et en tant que musulmans en particulier.

Tout d’abord, l’agriculture est un acteur majeur dans la politique de la « sécurité alimentaire » qui doit devenir une des priorités mondiales dans les décennies à venir. Ceci donne un rôle central et prépondérant à l’agriculture pour garantir l’avenir des générations futures.

Parmi les défis que doit relever l’agriculture, et plus particulièrement l’industrie alimentaire, il y a celui de « la productivité ». Cette productivité doit-elle rester une priorité principale… même au détriment du bien-être animal ? Pour un musulman, la réponse est clairement non !

Il est important de noter que, lors de l’évocation des animaux dans le Coran, c’est l’expression « communauté » qui est employée, au même titre que la « communauté » des Hommes : ils sont donc en cela semblables aux Hommes. « Il n’est bête sur la terre ni oiseau volant de ses ailes qui ne forment des communautés semblables à vous. » [Sourate 6 – Verset 38]

En la matière donc, la « faim » ne peut justifier les moyens et il est de notre devoir de respecter une éthique et d’observer un certain équilibre entre la recherche du résultat et de la productivité à outrance, d’une part, et le bien-être des animaux concernés, d’autre part. En effet, il faut bien noter que dans l’abattage rituel musulman, l’islam est très attentif à la non souffrance de l’animal. Toutes les dispositions doivent donc être prises au moment de l’abattage pour soulager l’animal.

Enfin, la notion de « transformation des produits » élargit considérablement le champ d’application de ces principes d’éthique et d’équilibre recommandés par l’islam. C’est donc toute la chaîne de production, de transformation et de distribution qui sont concernées.

La tenue de la Conférence de l’ONU Paris Climat 2015 va mettre la question de la préservation de la nature au cœur du débat scientifique et politique. Les musulmans doivent se saisir de cette occasion pour expliquer l’importance de la protection de la nature en islam et inciter les décisionnaires à saisir cette occasion pour des prises de positions courageuses qui garantissent l’avenir de l’humanité.






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