Présentation de l’éditeur
Dans cet ouvrage, le philosophe Abdennour Bidar, s'efforce de clarifier le rapport entre laïcité et religion dans la France d'aujourd'hui. Il y expose sa vision engagée de la question de la laïcité. Pour lui, on peut être croyant et vivre dans un Etat laïque.
Il tente de « développer une conception raisonnée ou équilibrée de la laïcité », en se tenant éloigné de « deux conceptions de la laïcité qui la dévoient, la faussent et l’instrumentalisent à la fois. (…) La première conception (…) signifierait et exigerait l’expulsion de toute expression religieuse hors des espaces sociaux. (…) Soit une agressivité tournée vers la religion en général, et l’islam en particulier. (…) La deuxième (…) signifierait "neutralité" (…) Depuis la loi de séparation du 9 décembre 1905, l’Etat laïque, ne reconnaissant, ne salariant ni ne subventionnant aucun culte, n’aurait donc plus son mot à dire dès lors que les religieux entendraient se manifester dans l’espace public ». Or l’Etat doit garantir que quelles que soient les convictions existentielles (croyances, agnosticisme, athéisme) d’une personne, elle ne bénéficie d’aucun privilège ni ne souffre aucune discrimination.
Il dénonce la vision stéréotypée d’une laïcité en concurrence idéologique avec les croyances religieuses et la présente plutôt comme un outil qui permet à toutes les religions et à toutes les convictions d’avoir un droit de s’exprimer dans la Cité, d’une façon qui les rend compatibles entre elles.
L’urgence pour lui aujourd’hui, c’est de « faire en sorte qu’à l’intérieur d’un cadre laïque, sous cette clé de voute qu’est la laïcité, nous visions ensemble une liberté, une égalité et surtout une fraternité qui auraient l’immense valeur d’être à la fois des vertus éthiques, sociales, spirituelles ».
Il tente de « développer une conception raisonnée ou équilibrée de la laïcité », en se tenant éloigné de « deux conceptions de la laïcité qui la dévoient, la faussent et l’instrumentalisent à la fois. (…) La première conception (…) signifierait et exigerait l’expulsion de toute expression religieuse hors des espaces sociaux. (…) Soit une agressivité tournée vers la religion en général, et l’islam en particulier. (…) La deuxième (…) signifierait "neutralité" (…) Depuis la loi de séparation du 9 décembre 1905, l’Etat laïque, ne reconnaissant, ne salariant ni ne subventionnant aucun culte, n’aurait donc plus son mot à dire dès lors que les religieux entendraient se manifester dans l’espace public ». Or l’Etat doit garantir que quelles que soient les convictions existentielles (croyances, agnosticisme, athéisme) d’une personne, elle ne bénéficie d’aucun privilège ni ne souffre aucune discrimination.
Il dénonce la vision stéréotypée d’une laïcité en concurrence idéologique avec les croyances religieuses et la présente plutôt comme un outil qui permet à toutes les religions et à toutes les convictions d’avoir un droit de s’exprimer dans la Cité, d’une façon qui les rend compatibles entre elles.
L’urgence pour lui aujourd’hui, c’est de « faire en sorte qu’à l’intérieur d’un cadre laïque, sous cette clé de voute qu’est la laïcité, nous visions ensemble une liberté, une égalité et surtout une fraternité qui auraient l’immense valeur d’être à la fois des vertus éthiques, sociales, spirituelles ».
L’auteur
Abdennour Bidar est docteur en philosophie, agrégé, normalien, membre de l'Observatoire national de la laïcité et chargé de mission sur la pédagogie de la laïcité au ministère de l'Education nationale. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Plaidoyer pour la fraternité (Albin Michel, 2015) et Lettre ouverte au monde musulman (Les Liens qui libèrent, 2015).
Extrait du l'ouvrage
Loin d'être liberticide, la loi garantit l'égalité de jouissance d'un même droit pour tous. Ce fait est malheureusement souvent ignoré. Prenons l'exemple de la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation totale du visage dans l’espace public, autrement dit la loi relative au voile intégral. Le motif de cette loi n’était d’ailleurs pas lié à la laïcité mais au maintien de l’ordre public : il fallait pouvoir identifier la personne.
Certaines associations dites des droits de l’homme, dont le très actif Collectif contre l’islamophobie – lobby communautariste ayant tout à fait le droit d’exister -, ont immédiatement crié à la loi liberticide. En réalité, cette loi renvoie simplement à ce que j’appellerais « la règle de bon sens d’une éthique universelle », c’est-à-dire la possibilité d’identifier quelqu’un dans l’espace public.
En somme, c’est le fait d’avoir une relation humaine, « de visage à visage », aurait dit Emmanuel Levinas. Mais il faut croire qu’aujourd’hui, le bon sens n’existe plus chez ceux qui hurlent aussitôt à l’insupportable atteinte à la liberté individuelle, à la discrimination et à stigmatisation « anti-islam ». Cette question concerne en réalité la notion d’éthique, d’intérêt général et, pour le dire simplement, de sécurité.
Personnellement, et en tant que philosophe, ce n’est pas tellement la question de la sécurité qui me touche ou me parle le plus. La perte de notre bon sens commun, qui fait que nous désignons comme liberticide une loi permettant simplement de se rencontrer « visage à visage » dans l’espace public, me préoccupe davantage.
Au nom d’une certaine conception de la liberté, et d’une conception complètement dégénérée de la loi, certains nous disent : « Vous êtes vraiment fascistes, vous, les Français ! » Je leur répond : Excusez-moi, mais en tant que spécialiste de l’islam, je me permets d’affirmer que ce voile intégral n’a rien à voir avec l’islam, qu’il en est une pathologie fondamentaliste dont certaines subjectivités sont captives.
Certaines associations dites des droits de l’homme, dont le très actif Collectif contre l’islamophobie – lobby communautariste ayant tout à fait le droit d’exister -, ont immédiatement crié à la loi liberticide. En réalité, cette loi renvoie simplement à ce que j’appellerais « la règle de bon sens d’une éthique universelle », c’est-à-dire la possibilité d’identifier quelqu’un dans l’espace public.
En somme, c’est le fait d’avoir une relation humaine, « de visage à visage », aurait dit Emmanuel Levinas. Mais il faut croire qu’aujourd’hui, le bon sens n’existe plus chez ceux qui hurlent aussitôt à l’insupportable atteinte à la liberté individuelle, à la discrimination et à stigmatisation « anti-islam ». Cette question concerne en réalité la notion d’éthique, d’intérêt général et, pour le dire simplement, de sécurité.
Personnellement, et en tant que philosophe, ce n’est pas tellement la question de la sécurité qui me touche ou me parle le plus. La perte de notre bon sens commun, qui fait que nous désignons comme liberticide une loi permettant simplement de se rencontrer « visage à visage » dans l’espace public, me préoccupe davantage.
Au nom d’une certaine conception de la liberté, et d’une conception complètement dégénérée de la loi, certains nous disent : « Vous êtes vraiment fascistes, vous, les Français ! » Je leur répond : Excusez-moi, mais en tant que spécialiste de l’islam, je me permets d’affirmer que ce voile intégral n’a rien à voir avec l’islam, qu’il en est une pathologie fondamentaliste dont certaines subjectivités sont captives.
Abdennour Bidar, Laïcité et religion dans la France d'aujourd'hui, Editions Privat, mai 2016, 128 p., 9,80 €.