C’est devenu une habitude, une routine. Le même processus qui se répète.
L’hiver arrive. On y pense. On en parle. Puis on oublie. Soudain, les médias s’emparent du sujet. Ils ont remarqué la petite note inscrite sur leur calendrier, ils savent que le sujet est vendeur. Vendeur d’émotion. Automatiquement, le monde politique s’en empare. Chacun y va de sa petite phrase, de son petit « tweet » de soutien. On s’attend au premier drame, on le craint.
L’inévitable doit arriver. Les températures chutent brutalement. Et le pire arriva. Un premier citoyen français est mort de froid. Branle-bas de combat. Tout le monde s’émeut…comme pour se donner bonne conscience. Les plus hauts responsables politiques prennent la parole. Toujours le même discours, qui a au moins le mérite d’exister. Plus de places d’hébergement et batailles de chiffres.
Une, puis deux, puis trois et bientôt dix personnes, voire plus. On adopte alors une sémantique arrangeante. On parle non pas de personnes, de Français ni d’âmes humaines, mais de SDF. Comme pour désigner autre chose, d’autres gens, comme pour les déshumaniser par un simple sigle (SDF, pour sans domicile fixe) et dissiper notre sentiment de culpabilité collective.
Mais le fait est là. Aujourd’hui, en France, des citoyens meurent de froid et le monde s’en détourne. Certes, à quelques exceptions près. Comme lors de cette polémique née à la suite de grillages installés par la mairie d’Angoulême pour empêcher les sans-abris de dormir sur les bancs publics. Qui a dit que les Français étaient insensibles à leurs concitoyens ? Ils se battent quand même pour qu’ils puissent s’allonger sur les bancs d’Angoulême. Quand même !
La société se meurt et avec elle la responsabilité individuelle et collective des individus qui la composent. Fort heureusement, quelques associations essaient tant bien que mal de venir en aide à ces oubliés à travers quelques distributions alimentaires ou de vêtements chauds. Mais que peuvent-elles faire ? Avec quels moyens ? Et avec quel soutien ?
Car la très grande majorité des Français est silencieuse, voire insouciante. Insouciante de ce qui ce passe dans sa ville, dans sa rue, dans son immeuble. Les plus avertis font preuve de quelque générosité auprès de ces associations courageuses.
Fort malheureusement, personne ne se distingue sur la question. Pas même les religieux habités pourtant par des valeurs humanistes censées les pousser à agir. Et encore moins nos coreligionnaires musulmans, pour lesquels s’ajoutent pourtant de nombreuses traditions prophétiques les invitant à porter la plus grande attention aux pauvres, aux nécessiteux et aux voisins. Ces mêmes voisins et nécessiteux que l’on regarde s’en aller sans broncher.
La question est embarrassante, car elle nous concerne tous. Elle dépasse les clivages, transcende les divisions et interpelle tout un chacun. Elle fait appel à des valeurs universelles, que l’on retrouve dans les diverses traditions religieuses ou philosophiques ou à l’intérieur des fondements de toute démocratie. Les valeurs de solidarité, de fraternité et d’humanité.
Le problème est profond et bien ancré dans la société. Il ne se réglera pas sans une réelle prise de conscience. La solution est certes politique, mais peut et doit être portée, réclamée ou du moins soulevée par un mouvement populaire de masse. Un mouvement, une voix qui dit simplement et clairement, haut et fort, que le statu quo n’est pas acceptable.
****
Younes Yousfi est directeur adjoint et cofondateur du collège-lycée Ibn Khaldoun de Marseille.
L’hiver arrive. On y pense. On en parle. Puis on oublie. Soudain, les médias s’emparent du sujet. Ils ont remarqué la petite note inscrite sur leur calendrier, ils savent que le sujet est vendeur. Vendeur d’émotion. Automatiquement, le monde politique s’en empare. Chacun y va de sa petite phrase, de son petit « tweet » de soutien. On s’attend au premier drame, on le craint.
L’inévitable doit arriver. Les températures chutent brutalement. Et le pire arriva. Un premier citoyen français est mort de froid. Branle-bas de combat. Tout le monde s’émeut…comme pour se donner bonne conscience. Les plus hauts responsables politiques prennent la parole. Toujours le même discours, qui a au moins le mérite d’exister. Plus de places d’hébergement et batailles de chiffres.
Une, puis deux, puis trois et bientôt dix personnes, voire plus. On adopte alors une sémantique arrangeante. On parle non pas de personnes, de Français ni d’âmes humaines, mais de SDF. Comme pour désigner autre chose, d’autres gens, comme pour les déshumaniser par un simple sigle (SDF, pour sans domicile fixe) et dissiper notre sentiment de culpabilité collective.
Mais le fait est là. Aujourd’hui, en France, des citoyens meurent de froid et le monde s’en détourne. Certes, à quelques exceptions près. Comme lors de cette polémique née à la suite de grillages installés par la mairie d’Angoulême pour empêcher les sans-abris de dormir sur les bancs publics. Qui a dit que les Français étaient insensibles à leurs concitoyens ? Ils se battent quand même pour qu’ils puissent s’allonger sur les bancs d’Angoulême. Quand même !
La société se meurt et avec elle la responsabilité individuelle et collective des individus qui la composent. Fort heureusement, quelques associations essaient tant bien que mal de venir en aide à ces oubliés à travers quelques distributions alimentaires ou de vêtements chauds. Mais que peuvent-elles faire ? Avec quels moyens ? Et avec quel soutien ?
Car la très grande majorité des Français est silencieuse, voire insouciante. Insouciante de ce qui ce passe dans sa ville, dans sa rue, dans son immeuble. Les plus avertis font preuve de quelque générosité auprès de ces associations courageuses.
Fort malheureusement, personne ne se distingue sur la question. Pas même les religieux habités pourtant par des valeurs humanistes censées les pousser à agir. Et encore moins nos coreligionnaires musulmans, pour lesquels s’ajoutent pourtant de nombreuses traditions prophétiques les invitant à porter la plus grande attention aux pauvres, aux nécessiteux et aux voisins. Ces mêmes voisins et nécessiteux que l’on regarde s’en aller sans broncher.
La question est embarrassante, car elle nous concerne tous. Elle dépasse les clivages, transcende les divisions et interpelle tout un chacun. Elle fait appel à des valeurs universelles, que l’on retrouve dans les diverses traditions religieuses ou philosophiques ou à l’intérieur des fondements de toute démocratie. Les valeurs de solidarité, de fraternité et d’humanité.
Le problème est profond et bien ancré dans la société. Il ne se réglera pas sans une réelle prise de conscience. La solution est certes politique, mais peut et doit être portée, réclamée ou du moins soulevée par un mouvement populaire de masse. Un mouvement, une voix qui dit simplement et clairement, haut et fort, que le statu quo n’est pas acceptable.
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Younes Yousfi est directeur adjoint et cofondateur du collège-lycée Ibn Khaldoun de Marseille.
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