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Points de vue

Le CFCM doit boycotter le débat de l'UMP sur l'islam !

Rédigé par Abdallah Zekri | Mardi 26 Mai 2015 à 19:00

           

« A défaut de dénoncer un débat stigmatisant les musulmans, refusez d’y participer ! » Ce message, adressé aux responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM), émane d’un de ses membres bien connu, Abdallah Zekri. Le président de l’Observatoire national contre l’islamophobie s’inquiète de la teneur du débat sur l’islam qui sera organisé en juin par l’UMP, pour sa première grande réunion sous l’appellation « Les Républicains ». Tribune.



Les adhérents de l’UMP s’apprêtent à adopter les 28 et 29 mai 2015 la nouvelle appellation du parti « Les Républicains », en même temps que ses nouveaux statuts et la composition de son bureau politique.

Lors de sa visite au bureau du CFCM élargi à d’autres fédérations et mosquées le 3 mars 2015, son président, Nicolas Sarkozy, accompagné de Nathalie Kosciuzko-Morizet, Henri Guaino et Gérald Darmanin, avait annoncé l’organisation d’une convention sur l’islam courant avril 2015 à laquelle seraient invités des responsables du CFCM.

Reportée au 4 juin 2015, le format aménagé, cette convention pourrait être le premier acte politique de l’UMP devenu « Les Républicains », confirmant ainsi que rien n’a changé quant à l’obsession électoraliste de ce parti politique à l’égard de l’islam et des musulmans de France.

Du déjà vu

En effet, déjà en 2011, l’UMP au pouvoir avait lancé en grande pompe un débat sur l’islam sous couvert de la laïcité. Fortement critiqué, y compris au sein même de l’UMP, ce débat s’est transformé en une rencontre sans grand intérêt. Pour mémoire, les responsables du CFCM avaient non seulement refusé d’y participer mais ont également réussi à obtenir le soutien de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF).

Celle-ci avait publié le 29 mars 2011 une tribune très critique à l’égard de ce débat dont voici quelques extraits : « L’accélération des agendas politiques risque, à la veille de rendez-vous électoraux importants pour l’avenir de notre pays, de brouiller cette perspective et de susciter des confusions qui ne peuvent qu’être préjudiciables. »

« Faut-il dans le contexte actuel un débat sur la laïcité ? Le débat est toujours signe de santé et de vitalité. Le dialogue est toujours une nécessité. Il a un rôle majeur dans une société libre, démocratique et respectueuse de la personne humaine. Mais un parti politique, fût-il majoritaire, est-il la bonne instance pour le conduire seul ? Ce ne sont ni les débats ni les travaux qui manquent dans ce domaine ! »

« Le devoir de ceux qui sont "en responsabilité" consiste à éclairer le chemin et à élaborer des solutions conformes au bien de tous. N’ajoutons pas de la confusion dans la période trouble que nous traversons. »

Aujourd’hui, alors que notre pays est secoué par des crises politique, économique, financière et morale, un contexte international très instable, une montée des extrémismes menaçante, nos femmes et hommes politiques qui aspirent à prendre en charge les affaires publiques de notre pays préfèrent se défausser sur les questions sociétales et faire porter tous les maux de la société sur les épaules des plus faibles, dans leur incapacité à projeter nos concitoyens dans un avenir meilleur en proposant des solutions au fléau du chômage, au perte du pouvoir d’achat des Français, à l’aggravation des inégalités sociales, aux problèmes de l’école et de l’éducation, au manque d’exemplarité des responsables politiques éclaboussés par des affaires de tout genre, ou aux problèmes de l’école et de l’éducation.

L'évolution de l'UMP fait craindre le pire

Les propositions, élaborées par les députés Gérald Darmanin et Henri Guaino pour la convention du 4 juin 2015 n’ont pas été encore rendues publiques. Cependant les récentes déclarations de certains responsables de l’UMP nous font craindre, à l’approche des futures échéances électorales, le retour des débats stigmatisant les musulmans.

Invité d’Europe 1 en février, le président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, ex-chef de l’Etat, avait déclaré : « Il y a un certain nombre de pratiques sociétales dont nous ne voulons pas ». Et de donner comme exemple : « Nous ne voulons pas de femmes voilées, pas pour des raisons religieuses, pas pour des raisons d'interprétation de l'islam » mais « tout simplement » parce que « dans la République, la femme et l'homme sont à égalité » et aussi, « nous ne voulons pas de prières dans la rue ».

Par la voix d’Eric Ciotti, l’UMP a justifié son refus de voter la proposition de loi sur la neutralité religieuse dans les établissements en charge de la petite enfance, votée le 13 mai dernier, par son désir d’aller plus loin en proposant, notamment, l’interdiction du voile pour tous les usagers de la crèche à l’université, ainsi que pour les collaborateurs occasionnels du service public, dont les accompagnatrices aux sorties scolaires, ou encore sur les repas de substitution dans les cantines.

Interrogé sur le projet d’attentat contre des églises à Villejuif, Christian Estrosi, avait déclaré que « la civilisation judéo-chrétienne dont nous sommes les héritiers aujourd'hui est menacée » et de rajouter que « cet islamo-fascisme est présent en Irak, en Syrie mais aussi ailleurs et notamment en France, à travers les cinquième colonnes et leurs réseaux infiltrés dans nos caves, dans nos garages, dans les lieux clandestins ». Relancé par le journaliste, sur l'expression « cinquième colonne », il a poursuivi : « J'y vais fort, oui ! C'est une troisième guerre mondiale qui nous est déclarée, il faut en être conscients ! »

Alors, face à cela, les responsables du CFCM, à défaut du courage de pouvoir dénoncer ce énième débat sur l’islam, doivent refuser d’y participer. Il va de leur crédibilité à l’égard des citoyens français de confession musulmane.

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Abdallah Zekri est président de l’Observatoire national contre l'islamophobie et membre du bureau exécutif du Conseil français du culte musulman (CFCM).





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