« Féminisme et islam », à l'Institut des cultures d'islam, 10 septembre, de g. à dr. : Nacira Guénif-Souilamas, Bérangère Leblanc, Myriam et Khadija Tighanimime, Nadia Bey (modératrice), Parvin Ali, Mehrézia Labidi-Maïza,Thierry Paquot.
Pour Thierry Paquot, philosophe et seul homme autour de la table, le constat est sans appel : toutes les religions sont synonymes de soumission, islam compris. « Je ne connais aucune religion qui soit libératrice, je n’en connais que d’oppression et de culpabilité. » Le ton est donné.
Mehrézia Labidi-Maïza, coordinatrice de Femmes croyantes pour la paix, ne voit pas le rapport entre soumission à Dieu et féminisme. « Il y a une petite partie du Coran qui est patriarcal, mais, pour le reste, on se soumet forcément à sa religion. J’estime avoir le droit d’être soumise à Dieu sans pour autant être un objet et ne pas pouvoir décider par moi-même. Les femmes peuvent être des théologiens ! »
« On peut étendre le discours de Thierry Paquot à toutes sociétés : elles fonctionnent toutes selon un système patriarcal. Un des enjeux de la lutte féministe, c’est aussi que les hommes se libèrent de leur masculinité. Leur valeur dépend beaucoup de leur capacité à opprimer les femmes, c’est ce que l’on attend d’eux », réagit Nacira Guénif-Souilamas, sociologue. Acquiescement général.
« D’ailleurs, c’est dit dans le Coran », rétorque Thierry Paquot, qui en saisit un exemplaire et lit : « Vos femmes sont pour vous un champ de labour : allez à votre champ… » « Mais cela parle de l’amour entre l’homme et sa femme ! », coupe Mehrézia Labidi-Maïza. « Zola utilisait la même métaphore en comparant femmes et champs. »
Nacira Guénif-Souilamas recentre le sujet : « Pourquoi enclaver le féminisme dans une partie du monde ? Le féminisme, c’est d’abord une expérience vécue, celle d’une oppression et d’une révolte. Il ne peut pas être uniquement occidental. Islam et féminisme sont compatibles, c’est évident. On ne conteste pas la religion, mais l’usage qui en a été fait. »
« Le féminisme, c’est réhabiliter le statut de la femme. On peut lire le Coran à travers un regard féminin », intervient Myriam Tighanimine, qui a fondé avec sa sœur Khadija le site Hijab & the City. « Notre blog donne la possibilité aux femmes de s’exprimer, qu’elles soient musulmanes ou pas. D’ailleurs, ajoute cette dernière. On veut absolument voir les femmes qui portent le niqab (voile intégral) comme étant soumises. Pour Hijab & the City, nous avons interviewé l’une d’elles, et à travers son témoignage nous avons découvert des choses d’elle très différentes de ce que nous imaginions. »
« Le niqab isole physiquement, mais aussi culturellement et socialement, rebondit Parvin Ali, présidente de European Muslim Women of Influence. Les femmes qui le portent ont tendance à se rapprocher uniquement de celles qui en sont aussi couvertes. À mon avis, le voile intégral n'est pas une bonne idée. Mais une loi n'est pas une solution. »
Berangère Lefranc, plasticienne, a voulu partager l’expérience de ne pas être vue. Pendant un mois, elle s’est intégralement recouvert le visage et le corps avec un vêtement confectionné par ses soins. « Cela a été une expérience très douloureuse, confie-t-elle. J’ai eu l’impression de disparaître. Je n’ai pas la prétention de savoir ce que vivent les femmes qui portent le voile intégral, mais je pense qu’il faut une conviction très forte pour le supporter. »
Pour Mehrézia Labidi-Maïza, le féminisme passe aussi par la reconnaissance des femmes dans les instances religieuses. C’est loin d’être gagné. En France, en tout cas, on est à mille lieues du cas d’Amina Wadud, cette Américaine qui dirige les prières devant des assemblées mixtes d’hommes et de femmes. « Rien, dans le Coran, ne dit qu’une femme ne peut pas être imam. Nous devons réformer l’islam, que les femmes soient visibles dans les mosquées. Les femmes sont très actives dans les associations cultuelles : elles récoltent l’argent, donnent des cours d’arabe… Elles doivent prendre leur place ! »
Parvin Ali reconnaît que la reconnaissance des femmes dans les instances dirigeantes est loin d’être aboutie. En Angleterre, certaines réunions prévues avec des mosquées ont déjà été boycottées à cause de sa présence. Mais, plus simplement, elle souligne que l’essentiel, pour l’émancipation de la femme, c’est « l’autonomie financière », et ce, qu’elle soit musulmane ou pas.
« L’émancipation des femmes ne passe pas forcément par des considérations théologiques », relève toutefois Myriam Thiganimime. « Elle passe avant tout par les petits événements de tous les jours... parfois futiles… », tient-elle à rappeler.
Mehrézia Labidi-Maïza, coordinatrice de Femmes croyantes pour la paix, ne voit pas le rapport entre soumission à Dieu et féminisme. « Il y a une petite partie du Coran qui est patriarcal, mais, pour le reste, on se soumet forcément à sa religion. J’estime avoir le droit d’être soumise à Dieu sans pour autant être un objet et ne pas pouvoir décider par moi-même. Les femmes peuvent être des théologiens ! »
« On peut étendre le discours de Thierry Paquot à toutes sociétés : elles fonctionnent toutes selon un système patriarcal. Un des enjeux de la lutte féministe, c’est aussi que les hommes se libèrent de leur masculinité. Leur valeur dépend beaucoup de leur capacité à opprimer les femmes, c’est ce que l’on attend d’eux », réagit Nacira Guénif-Souilamas, sociologue. Acquiescement général.
« D’ailleurs, c’est dit dans le Coran », rétorque Thierry Paquot, qui en saisit un exemplaire et lit : « Vos femmes sont pour vous un champ de labour : allez à votre champ… » « Mais cela parle de l’amour entre l’homme et sa femme ! », coupe Mehrézia Labidi-Maïza. « Zola utilisait la même métaphore en comparant femmes et champs. »
Nacira Guénif-Souilamas recentre le sujet : « Pourquoi enclaver le féminisme dans une partie du monde ? Le féminisme, c’est d’abord une expérience vécue, celle d’une oppression et d’une révolte. Il ne peut pas être uniquement occidental. Islam et féminisme sont compatibles, c’est évident. On ne conteste pas la religion, mais l’usage qui en a été fait. »
« Le féminisme, c’est réhabiliter le statut de la femme. On peut lire le Coran à travers un regard féminin », intervient Myriam Tighanimine, qui a fondé avec sa sœur Khadija le site Hijab & the City. « Notre blog donne la possibilité aux femmes de s’exprimer, qu’elles soient musulmanes ou pas. D’ailleurs, ajoute cette dernière. On veut absolument voir les femmes qui portent le niqab (voile intégral) comme étant soumises. Pour Hijab & the City, nous avons interviewé l’une d’elles, et à travers son témoignage nous avons découvert des choses d’elle très différentes de ce que nous imaginions. »
« Le niqab isole physiquement, mais aussi culturellement et socialement, rebondit Parvin Ali, présidente de European Muslim Women of Influence. Les femmes qui le portent ont tendance à se rapprocher uniquement de celles qui en sont aussi couvertes. À mon avis, le voile intégral n'est pas une bonne idée. Mais une loi n'est pas une solution. »
Berangère Lefranc, plasticienne, a voulu partager l’expérience de ne pas être vue. Pendant un mois, elle s’est intégralement recouvert le visage et le corps avec un vêtement confectionné par ses soins. « Cela a été une expérience très douloureuse, confie-t-elle. J’ai eu l’impression de disparaître. Je n’ai pas la prétention de savoir ce que vivent les femmes qui portent le voile intégral, mais je pense qu’il faut une conviction très forte pour le supporter. »
Pour Mehrézia Labidi-Maïza, le féminisme passe aussi par la reconnaissance des femmes dans les instances religieuses. C’est loin d’être gagné. En France, en tout cas, on est à mille lieues du cas d’Amina Wadud, cette Américaine qui dirige les prières devant des assemblées mixtes d’hommes et de femmes. « Rien, dans le Coran, ne dit qu’une femme ne peut pas être imam. Nous devons réformer l’islam, que les femmes soient visibles dans les mosquées. Les femmes sont très actives dans les associations cultuelles : elles récoltent l’argent, donnent des cours d’arabe… Elles doivent prendre leur place ! »
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