Le meeting contre l'islamophobie et la guerre sécuritaire s'est tenu avec succès le 6 mars à Saint-Denis. © Saphirnews
Malgré tout le cœur qu'aura mis l’essayiste Caroline Fourest et consorts pour discréditer le meeting contre l’islamophobie et les dérives sécuritaires, pas moins de 600 personnes – 800 selon ses initiateurs – se sont rendues à l’événement qui s’est déroulé à la Bourse du Travail de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), deux mois après les attentats commis en janvier au siège de Charlie Hebdo et à l’Hyper Casher. « Pour un phénomène (l’islamophobie) qui n'existe pas, il y avait beaucoup de monde pour le dénoncer ! », nous déclare, ravie, Houria Bouteldja, la porte-parole du Parti des Indigènes de la République (PIR), après le meeting.
Durant la longue soirée, devant un public attentif, une série de témoignages de responsables associatifs a été égrenée, à commencer par celui du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui a rappelé, par la voix de son président Samy Debah, la progression terriblement inquiétante des actes antimusulmans depuis les événements de janvier. Avec lui, plusieurs victimes suivies par l’association ont raconté leurs douloureuses expériences, dont un père convoqué par la police avec son fils de 9 ans pour « apologie du terrorisme ».
Durant la longue soirée, devant un public attentif, une série de témoignages de responsables associatifs a été égrenée, à commencer par celui du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui a rappelé, par la voix de son président Samy Debah, la progression terriblement inquiétante des actes antimusulmans depuis les événements de janvier. Avec lui, plusieurs victimes suivies par l’association ont raconté leurs douloureuses expériences, dont un père convoqué par la police avec son fils de 9 ans pour « apologie du terrorisme ».
En finir avec la « chasse aux sorcières »
Sous des applaudissements nourris du public, les témoignages se sont succédé. Après Anissa Fathi pour Mamans Toutes Egales (MTE), qui a appelé le public à se mobiliser contre la circulaire Chatel, ce fut au tour de Hanane Karimi de témoigner des discriminations vécues par les femmes voilées dans la sphère éducative, en marquant l’assistance d'une empreinte émotive. « Je me sens persécutée », a déclaré en larmes la doctorante en sociologie, atterrée par la proposition d'interdiction du voile dans les universités servie dix ans après la loi de 2004. Face à la « chasse aux sorcières », elle dénonce « le racisme politique genré » et les violences « qui ont perdu l'apparence de la violence » mais qui prennent « l’effet d'une mort sociale des femmes musulmanes ».
« Le peuple France n’est pas islamophobe mais c’est l’Etat français qui est malveillant envers son peuple », a lancé pour sa part Abdel-Rahmène Azzouzi, un élu de gauche qui a démissionné avec fracas en février du conseil municipal d’Angers pour dénoncer l’islamophobie en France. Il prévient : adopter la loi anti-voile à l’université est une « ligne rouge » à ne pas franchir. Pour le moment, cette initiative liberticide n’est « absolument pas d’actualité » pour le Premier ministre Manuel Valls. Mais les inquiétudes ne se sont pas pour autant envolées.
« Le peuple France n’est pas islamophobe mais c’est l’Etat français qui est malveillant envers son peuple », a lancé pour sa part Abdel-Rahmène Azzouzi, un élu de gauche qui a démissionné avec fracas en février du conseil municipal d’Angers pour dénoncer l’islamophobie en France. Il prévient : adopter la loi anti-voile à l’université est une « ligne rouge » à ne pas franchir. Pour le moment, cette initiative liberticide n’est « absolument pas d’actualité » pour le Premier ministre Manuel Valls. Mais les inquiétudes ne se sont pas pour autant envolées.
Dérives sécuritaires et islamophobie, un lien direct
Pour Laurence Blisson, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, dérive sécuritaire et islamophobie vont de pair car l’une entretient l’autre et vice-versa. S’insurgeant contre ce « terreau de la haine entretenu depuis des années » en France, il est temps pour elle de « questionner les pratiques politiques qui font les nouvelles formes de stigmatisation » qui ciblent particulièrement les musulmans, de même que « les dispositifs de répression attaquant les libertés fondamentales ». Il faut « ne pas se tromper de combat » et ne pas seulement « attendre la pénalisation (des actes islamophobes) car ce n’est pas cela qui changera la société. Or ce qu'on veut, c'est le changement de la société », lance Laurence Blisson.
Avant elle, Omar Slaouti, du collectif Ali Ziri, du nom d’un chibani mort en 2009 en région parisienne des suites d’une interpellation musclée, a embrayé sur les violences policières qui aboutissent parfois à des crimes « ouvertement racistes ». « Il n'y a pas de problème musulman en France. Pas de problème noir. Pas de problème rom. Il y a un problème français ! », a conclu Sihame Assbague, porte-parole du collectif Stop contrôle au faciès.
Avant elle, Omar Slaouti, du collectif Ali Ziri, du nom d’un chibani mort en 2009 en région parisienne des suites d’une interpellation musclée, a embrayé sur les violences policières qui aboutissent parfois à des crimes « ouvertement racistes ». « Il n'y a pas de problème musulman en France. Pas de problème noir. Pas de problème rom. Il y a un problème français ! », a conclu Sihame Assbague, porte-parole du collectif Stop contrôle au faciès.
Encourager les débats de fond
Les polémiques ont été vives les jours précédant le meeting, jusqu’à pousser la direction des Verts à s’en désolidariser. Elles ont « paradoxalement été vécues de manière positive » parce que, outre « la publicité » générée autour de l’événement, elles ont « enclenché dans beaucoup d’organisations de vrais débats » sur la question de l’islamophobie, souligne Alain Gresh, un des initiateurs du meeting, auprès de Saphirnews. « Les organisations de gauche traditionnelle ont tendance à évacuer le problème, à prendre des positions sans débats de fond. Pour la première fois, on a un débat de fond qui, paradoxalement, n’a pas porté sur la nécessité de combattre l’islamophobie – parce qu’il y avait consensus – mais plutôt avec qui on se bat. »
Dénoncer la présence de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) – qui n’a pas pris la parole au meeting – ou encore celle du PIR « est évidemment un prétexte. Un front est forcément constitué de gens qui ne sont pas d’accord. Si tout le monde était d’accord, on serait dans la même organisation ! », lance le journaliste.
La diversité des signataires du meeting est une fierté pour ses initiateurs. « C'est une première en France : un tel arc de cercle qui va de l'UOIF au PC, en passant par le CCIF, MTE, le PIR, Attac et SUD, est en soi un événement exceptionnel qui prouve que la lutte contre l'islamophobie progresse et que les organisations sont de plus en plus convaincues. C’est la raison, mis à part les Verts (…), qui explique qu'elles n'ont pas cédé aux pressions, pourtant nombreuses », analyse pour sa part Houria Bouteldja. Le prochain rendez-vous pour ces organisations est fixé au 21 mars pour une manifestation à Paris contre le racisme et pour l'égalité.
Dénoncer la présence de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) – qui n’a pas pris la parole au meeting – ou encore celle du PIR « est évidemment un prétexte. Un front est forcément constitué de gens qui ne sont pas d’accord. Si tout le monde était d’accord, on serait dans la même organisation ! », lance le journaliste.
La diversité des signataires du meeting est une fierté pour ses initiateurs. « C'est une première en France : un tel arc de cercle qui va de l'UOIF au PC, en passant par le CCIF, MTE, le PIR, Attac et SUD, est en soi un événement exceptionnel qui prouve que la lutte contre l'islamophobie progresse et que les organisations sont de plus en plus convaincues. C’est la raison, mis à part les Verts (…), qui explique qu'elles n'ont pas cédé aux pressions, pourtant nombreuses », analyse pour sa part Houria Bouteldja. Le prochain rendez-vous pour ces organisations est fixé au 21 mars pour une manifestation à Paris contre le racisme et pour l'égalité.
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