L’immigration et l’islam sont au cœur de beaucoup de débats politiques sur le Vieux Continent. Ces sujets sont-ils devenus la principale préoccupation des populations européennes ?
A l’Ifop, des chercheurs organisent régulièrement des « groupes de travail qualitatif », réunion de plusieurs personnes représentatives de la société, pour tenter de comprendre la formation des débats et préoccupations sociales. « Lors de ces sessions, si on demande quels sont leurs sujets de préoccupations, les personnes ne répondent pas spontanément l’immigration mais plutôt des thèmes comme l’économie ou le chômage », ce qui n'est pas forcément le cas de la classe politique, explique Sarah Alby, chargée d’étude à l’Ifop.
Dans sa nouvelle enquête réalisé du 9 au 18 avril 2011 et paru le 15 février, l'Ifop a voulu comprendre « le regard des Européens sur l’islam », religion qui concerne 4 % de la population européenne, dans un contexte de surenchère politique qui lie notamment cette religion à la sécurité.
Premier enseignement de cette étude : si le nombre de personnes se sentant menacées dans leur identité par une présence musulmane est important (entre 47 % au Royaume-Uni et 42 % en France), la majorité sont indifférents à cette présence (entre 34 et 37 %) ou la considère comme un enrichissement culturel (entre 19 et 24 %). « Il est, d’ailleurs, intéressant de noter que les interrogations qui se posent ne portent plus sur l’origine géographique des personnes issues de l’immigration mais sur leur appartenance culturelle et religieuse, la terminologie "population d’origine musulmane" ayant peu à peu remplacé en France celle de "population d’origine maghrébine", aussi bien du côté des dirigeants que des citoyens. », note l'Ifop.
A l’Ifop, des chercheurs organisent régulièrement des « groupes de travail qualitatif », réunion de plusieurs personnes représentatives de la société, pour tenter de comprendre la formation des débats et préoccupations sociales. « Lors de ces sessions, si on demande quels sont leurs sujets de préoccupations, les personnes ne répondent pas spontanément l’immigration mais plutôt des thèmes comme l’économie ou le chômage », ce qui n'est pas forcément le cas de la classe politique, explique Sarah Alby, chargée d’étude à l’Ifop.
Dans sa nouvelle enquête réalisé du 9 au 18 avril 2011 et paru le 15 février, l'Ifop a voulu comprendre « le regard des Européens sur l’islam », religion qui concerne 4 % de la population européenne, dans un contexte de surenchère politique qui lie notamment cette religion à la sécurité.
Premier enseignement de cette étude : si le nombre de personnes se sentant menacées dans leur identité par une présence musulmane est important (entre 47 % au Royaume-Uni et 42 % en France), la majorité sont indifférents à cette présence (entre 34 et 37 %) ou la considère comme un enrichissement culturel (entre 19 et 24 %). « Il est, d’ailleurs, intéressant de noter que les interrogations qui se posent ne portent plus sur l’origine géographique des personnes issues de l’immigration mais sur leur appartenance culturelle et religieuse, la terminologie "population d’origine musulmane" ayant peu à peu remplacé en France celle de "population d’origine maghrébine", aussi bien du côté des dirigeants que des citoyens. », note l'Ifop.
Des peurs cristallisées sur les actions collectives
« L’étude montre que ce sont les affirmations collectives identitaires qui posent le plus de problème », détaille Sarah Alby. Une conclusion mise en lumière par deux questions posées aux interviewés. Ainsi, les Français se révèlent majoritairement hostiles à l’existence de partis ou de syndicats se référant à l’islam (74 %), ce qui est moins le cas pour les Britanniques (43 %), les Néerlandais (41 %) et les Allemands (32 %). « Une situation assez représentative de la culture française en la matière », analyse Sarah Alby.
A contrario, les Français se révèlent beaucoup moins hostiles à l’élection d’un maire d’origine musulmane. Ils sont mêmes 52 % à y être favorables et 21 % à être indifférents à la question. Ces proportions sont similaires chez nos voisins, avec 43 % de Néerlandais favorables, 44 % des Anglais et 49 % des Allemands.
A contrario, les Français se révèlent beaucoup moins hostiles à l’élection d’un maire d’origine musulmane. Ils sont mêmes 52 % à y être favorables et 21 % à être indifférents à la question. Ces proportions sont similaires chez nos voisins, avec 43 % de Néerlandais favorables, 44 % des Anglais et 49 % des Allemands.
Des modèles d’intégration différents
Les questions liées à la visibilité de l’islam dans la société sont fortement marquées par le modèle d’intégration choisi par le pays.
L'Ifop fait d'ailleurs une distinction claire dans son enquête entre le Royaume-Uni et les Pays-Bas « qui ont longtemps promu un modèle multiculturaliste débouchant sur un communautarisme récemment remis en cause », la France, « qui a maintenu une politique républicaine de cohésion nationale reposant sur un modèle d’assimilation qui ne cesse de montrer ses limites et ses échecs », et l'Allemagne, qui s'interroge encore sur son modèle d'intégration.
Les réponses à la question concernant les causes perçues de la mauvaise intégration des personnes d’origine musulmane reflètent « un constat d’échec global des politiques et d’une impasse : comment réussir l’intégration ? ».
Ainsi, les répondants de quatre pays européens choisissent principalement de remettre ce défaut d’intégration sur « le refus de s’intégrer » supposé de cette catégorie de population. Questionner sur un deuxième choix, les répondants font alors apparaître « les trop fortes différences culturelles ».
Les Britanniques évoquent également très souvent la ghettoïsation (58 %) comme une des causes principales, le résultat d’une politique symbole du modèle communautaire multiculturel en Europe. Si les Français évoquent également cette raison à 37 %, ils sont aussi 20 % - le chiffre le plus important de la catégorie - à évoquer des raisons économiques pour expliquer les difficultés d’intégration.
L'Ifop fait d'ailleurs une distinction claire dans son enquête entre le Royaume-Uni et les Pays-Bas « qui ont longtemps promu un modèle multiculturaliste débouchant sur un communautarisme récemment remis en cause », la France, « qui a maintenu une politique républicaine de cohésion nationale reposant sur un modèle d’assimilation qui ne cesse de montrer ses limites et ses échecs », et l'Allemagne, qui s'interroge encore sur son modèle d'intégration.
Les réponses à la question concernant les causes perçues de la mauvaise intégration des personnes d’origine musulmane reflètent « un constat d’échec global des politiques et d’une impasse : comment réussir l’intégration ? ».
Ainsi, les répondants de quatre pays européens choisissent principalement de remettre ce défaut d’intégration sur « le refus de s’intégrer » supposé de cette catégorie de population. Questionner sur un deuxième choix, les répondants font alors apparaître « les trop fortes différences culturelles ».
Les Britanniques évoquent également très souvent la ghettoïsation (58 %) comme une des causes principales, le résultat d’une politique symbole du modèle communautaire multiculturel en Europe. Si les Français évoquent également cette raison à 37 %, ils sont aussi 20 % - le chiffre le plus important de la catégorie - à évoquer des raisons économiques pour expliquer les difficultés d’intégration.
La visibilité : un problème très français
Une courte majorité d’Européens va avoir tendance à considérer que la visibilité donnée à l’islam est trop importante. Une tendance alimentée par les médias et le débat politique mais, sur cette question aussi, les cultures des pays vont révéler quelques différences.
En France, l’effet de la loi de 2004 se fait bien sentir. 90 % des répondants se déclarent opposés au port du foulard à l’école tandis que les pourcentages tournent plutôt autour de 65 % dans les autres pays. De même, 59 % des Français s’opposent au voile dans la rue alors qu’ils sont 42 % en Allemagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.
En revanche, l’édification de mosquées catalyse moins de tensions. 54 % des personnes y sont favorables ou indifférentes en France tandis qu'aux Pays-Bas ils sont 51 % à s'y opposer. « L’islam suscite donc une certaine inquiétude dans les pays européens investigués, parce que sa pratique apparaît en contradiction avec des sociétés de plus en plus sécularisées », conclut l'Ifop.
Toutefois, le regard des Européens à l'égard de l'islam n'est pas complètement noir, laissant une chance aux musulmans de poursuivre leur intégration tout en appelant les gouvernements à se préoccuper de la crise, du chômage ou encore des discriminations qui minent l'Europe.
En France, l’effet de la loi de 2004 se fait bien sentir. 90 % des répondants se déclarent opposés au port du foulard à l’école tandis que les pourcentages tournent plutôt autour de 65 % dans les autres pays. De même, 59 % des Français s’opposent au voile dans la rue alors qu’ils sont 42 % en Allemagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.
En revanche, l’édification de mosquées catalyse moins de tensions. 54 % des personnes y sont favorables ou indifférentes en France tandis qu'aux Pays-Bas ils sont 51 % à s'y opposer. « L’islam suscite donc une certaine inquiétude dans les pays européens investigués, parce que sa pratique apparaît en contradiction avec des sociétés de plus en plus sécularisées », conclut l'Ifop.
Toutefois, le regard des Européens à l'égard de l'islam n'est pas complètement noir, laissant une chance aux musulmans de poursuivre leur intégration tout en appelant les gouvernements à se préoccuper de la crise, du chômage ou encore des discriminations qui minent l'Europe.