La troisième instance de dialogue s'est réunie lundi 12 décembre à Place Beauvau. De g. à dr. : le président du CFCM Anouar Kbibech, le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux, le président de la Fondation pour l'islam de France Jean-Pierre Chevènement et le vice-président du CFCM Ahmet Ogras.
« Une nouvelle étape dans l'islam de France. » C’est ainsi que Bernard Cazeneuve présente la troisième instance dialogue avec l’islam de France, organisée Place Beauvau lundi 12 décembre. L’occasion d'une mise au point générale, neuf mois après la précédente réunion centrée sur la prévention de la radicalisation.
Celui qui est désormais le locataire de Matignon après près de trois ans au ministère de l’Intérieur a ouvert une journée qui a vu le lancement officiel de la Fondation pour l’islam de France.
Celui qui est désormais le locataire de Matignon après près de trois ans au ministère de l’Intérieur a ouvert une journée qui a vu le lancement officiel de la Fondation pour l’islam de France.
Face aux risques de violences dirigées contre les musulmans, « l'Etat doit se montrer déterminé », a-t-il fait savoir devant la centaine de personnalités présentes, assurant qu’« il n'est pas supportable que des femmes se fassent agresser parce qu'elle porte un voile ». La forte baisse des actes antimusulmans constatée au cours de l’année 2016, est « le résultat de la volonté de l'Etat » selon le Premier ministre, mettant ces résultats, entre autres, sur le compte du dispositif de sécurisation des lieux de culte mis en place par les pouvoirs publics depuis 2015.
« L’Etat a pour mission de protéger les musulmans de France », poursuit-il, jugeant « insupportable » les accusations d’« islamophobie d’Etat » dont se fait l’écho de nombreuses associations. « Nous avons aussi un devoir de lucidité », indique-t-il par la suite au cours d’un discours empreint de fermeté, signifiant son refus du « discours sectaire d'enfermement communautariste qui fait beaucoup de mal à l'islam républicain ». « Il n’y a pas de fondamentalisme pacifique, pas de salafisme anodin, il n'y a pas d'intégrisme modéré », lâche-t-il.
« L’Etat a pour mission de protéger les musulmans de France », poursuit-il, jugeant « insupportable » les accusations d’« islamophobie d’Etat » dont se fait l’écho de nombreuses associations. « Nous avons aussi un devoir de lucidité », indique-t-il par la suite au cours d’un discours empreint de fermeté, signifiant son refus du « discours sectaire d'enfermement communautariste qui fait beaucoup de mal à l'islam républicain ». « Il n’y a pas de fondamentalisme pacifique, pas de salafisme anodin, il n'y a pas d'intégrisme modéré », lâche-t-il.
La Fondation, « un pont entre l’islam et la République »
La fondation lancée, le compteur est ainsi remis à zéro, 11 ans après la création d’une structure similaire désormais dissoute sans jamais avoir concrètement fonctionné. Jean-Pierre Chevènement fait part de projets sont sur la table de la fondation, du financement à la publication de thèses, à la construction de bibliothèques ou à l’inscription aux DU pour les cadres religieux. Un plan d’action sera véritablement discuté lors de la prochaine réunion du conseil d’administration en janvier.
Côté financier, pour supporter le fonctionnement (environ 500 000 € par an) et les projets, la fondation est dotée cette année d’une subvention de l’Etat (1,4 millions d’euros). Pour financer la recherche en islamologie, un crédit de 1 million d’euros par an fourni par la fondation Aga Khan, du nom du chef spirituel des ismaéliens, vient compléter le fonds.
S’agissant du fonds de garantie, il s’élève à 1,6 million d’euros, constitués du reliquat de la précédente fondation (948 000 € donnés par Dassault) et des dotations de la SNCF et d’ADP (chacune 276 000 €) et du bailleur social SNI (110 000 €). Un fonds qui restera intact. « La fondation ne va pas remplacer l’action des pouvoirs publics » comme l’école, insiste son président Jean-Pierre Chevènement, qui présente l’institution comme « un pont entre l’islam et la République ».
Côté financier, pour supporter le fonctionnement (environ 500 000 € par an) et les projets, la fondation est dotée cette année d’une subvention de l’Etat (1,4 millions d’euros). Pour financer la recherche en islamologie, un crédit de 1 million d’euros par an fourni par la fondation Aga Khan, du nom du chef spirituel des ismaéliens, vient compléter le fonds.
S’agissant du fonds de garantie, il s’élève à 1,6 million d’euros, constitués du reliquat de la précédente fondation (948 000 € donnés par Dassault) et des dotations de la SNCF et d’ADP (chacune 276 000 €) et du bailleur social SNI (110 000 €). Un fonds qui restera intact. « La fondation ne va pas remplacer l’action des pouvoirs publics » comme l’école, insiste son président Jean-Pierre Chevènement, qui présente l’institution comme « un pont entre l’islam et la République ».
L’association cultuelle, un difficile chantier
Du côté de l’association cultuelle, c’est encore le flou. Sa mise en place est « l’affaire des musulmans », des mots de Jean-Pierre Chevènement, il n’empêche que l’Etat a plus qu'un œil dessus. Tout l'enjeu sera de trouver un équilibre « entre représentation et efficacité », en tenant compte du poids historique des fédérations, selon une source proche du dossier. Une quarantaine de membres devraient compter dans le conseil d'administration de cette structure qui aurait pour objectif le financement de la construction et la rénovation de lieux de culte et le développement de formations théologiques en France.
Ne va-t-on pas voir se reproduire les mêmes erreurs du passé ? La tâche s’annonce en tous cas bien difficile, tout autant que celui de trouver des sources pérennes de financement. Des taxes su les marchés du halal et du pèlerinage sont évoqués de longue date mais ils ne sauraient être suffisants face aux besoins cultuels, ceci même en partant du principe que des accords puissent être trouvés entre les acteurs concernés pour le versement d'une obole.
Mais « les musulmans voient tout cela de loin », exprime Rania Hanafi, qui a co-rapporté l’atelier sur l’association cultuelle, plaidant pour la meilleure articulation possible entre Paris et la province, entre grandes métropoles et villes de campagne afin d’instaurer une confiance avec ladite base des musulmans.
Ne va-t-on pas voir se reproduire les mêmes erreurs du passé ? La tâche s’annonce en tous cas bien difficile, tout autant que celui de trouver des sources pérennes de financement. Des taxes su les marchés du halal et du pèlerinage sont évoqués de longue date mais ils ne sauraient être suffisants face aux besoins cultuels, ceci même en partant du principe que des accords puissent être trouvés entre les acteurs concernés pour le versement d'une obole.
Mais « les musulmans voient tout cela de loin », exprime Rania Hanafi, qui a co-rapporté l’atelier sur l’association cultuelle, plaidant pour la meilleure articulation possible entre Paris et la province, entre grandes métropoles et villes de campagne afin d’instaurer une confiance avec ladite base des musulmans.
En parallèle, le Conseil français du culte musulman (CFCM), conforté dans son rôle d’interlocuteur privilégié de l'Etat, avance dans son projet de charte des imams qui vise à délivrer des recommandations aux lieux de culte. Une initiative en cours de finalisation en décembre, a promis Anouar Kbibech.
« Nous avons tous ici un devoir de réussite », insiste Bruno Le Roux pour clore la journée. « Une bonne insertion de l’islam dans la société française ne peut que conforter le pacte républicain », indique le ministre chargé des Cultes. Avec l’instance, « il se passe quelque chose d’irréversible et de bénéfique pour la société française. »
Sauf surprise, cette instance de dialogue, organisée cinq mois avant l'élection présidentielle, est le dernier du quinquennat de François Hollande. Les acteurs impliqués dans ce processus lancé en mars 2015 n'auront qu'à espérer que le travail entamé - en particulier à travers la fondation - saura se poursuivre dans les meilleures conditions, quel que soit l'équipe gouvernementale qui prendra la relève.
« Nous avons tous ici un devoir de réussite », insiste Bruno Le Roux pour clore la journée. « Une bonne insertion de l’islam dans la société française ne peut que conforter le pacte républicain », indique le ministre chargé des Cultes. Avec l’instance, « il se passe quelque chose d’irréversible et de bénéfique pour la société française. »
Sauf surprise, cette instance de dialogue, organisée cinq mois avant l'élection présidentielle, est le dernier du quinquennat de François Hollande. Les acteurs impliqués dans ce processus lancé en mars 2015 n'auront qu'à espérer que le travail entamé - en particulier à travers la fondation - saura se poursuivre dans les meilleures conditions, quel que soit l'équipe gouvernementale qui prendra la relève.
Grande Mosquée de Paris : une opération séduction qui tombe à l'eau
Dalil Boubakeur a particulièrement été choyé au cours de la troisième instance de dialogue. Ce dernier a en effet été remercié « personnellement », tour à tour par Bernard Cazeneuve, Jean-Pierre Chevènement et Bruno Le Roux qui a même annoncé une visite prochaine auprès du recteur de la Grande Mosquée de Paris. Le ministère de l'Intérieur lui a d'ailleurs fait une place au programme puisqu’il devait fait une allocution après la fin des ateliers.
Autant d'hommages appuyés qui font suite à son mécontentement public exprimé le 24 novembre. S’estimant lésé dans la nouvelle organisation du culte musulman en raison du peu de place qui est lui accordé, il a menacé de ne pas se rendre à l’instance de dialogue. Finalement, Dalil Boubakeur a fait acte de présence. Il a cependant choisi de s’en aller en fin de matinée du ministère sans y revenir pour prononcer son allocution.
Dalil Boubakeur a particulièrement été choyé au cours de la troisième instance de dialogue. Ce dernier a en effet été remercié « personnellement », tour à tour par Bernard Cazeneuve, Jean-Pierre Chevènement et Bruno Le Roux qui a même annoncé une visite prochaine auprès du recteur de la Grande Mosquée de Paris. Le ministère de l'Intérieur lui a d'ailleurs fait une place au programme puisqu’il devait fait une allocution après la fin des ateliers.
Autant d'hommages appuyés qui font suite à son mécontentement public exprimé le 24 novembre. S’estimant lésé dans la nouvelle organisation du culte musulman en raison du peu de place qui est lui accordé, il a menacé de ne pas se rendre à l’instance de dialogue. Finalement, Dalil Boubakeur a fait acte de présence. Il a cependant choisi de s’en aller en fin de matinée du ministère sans y revenir pour prononcer son allocution.
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