Doha - A la fin du mois dernier, les autorités yéménites affirmaient que des hommes armés affiliés à Al-Qaïda avaient pris le contrôle d’une fabrique de munitions dans le Sud-Yémen, et qu’ils l’avaient piégée après l’avoir pillée. Les habitants de la ville voisine, venus récupérer des armes , furent pris au piège. L’explosion fit plus de cent morts.
Les terroristes affirment qu’ils exécutent ce genre d’attaques pour protéger l’islam et combattre les “ennemis de Dieu”, précisant dans d’innombrables déclarations que les non-musulmans sont leur première cible. Bien sûr, nul n’a le droit de tuer qui que ce soit. Et les attentats terroristes menés par Al-Qaïda et ses séides n’ont jamais ciblé de groupes religieux, sectaires ou ethniques particuliers.
En fait, les chiffres et les statistiques prouvent que la majorité de leurs victimes sont des musulmans.
Une étude de décembre 2009 publiée par le Centre de lutte contre le terrorisme de l’Université de West Point affirme que “la grande majorité des victimes d’Al-Qaïda sont des musulmans” et que “15 % seulement des personnes tuées dans des attentats d’Al-Qaïda entre 2004 et 2008 étaient des Occidentaux”.
Ces chiffres prouvent que les terroristes ne distinguent pas entre musulmans et non-musulmans, et qu’ils considèrent tous ceux qui n’adhèrent pas à leur idéologie comme des cibles “légitimes” de leur violence.
Cette stratégie du recours à la violence a fini par aliéner Al-Qaïda du reste des musulmans ordinaires. Elle constitue un échec à tous égards, pour la simple raison qu’elle se détruit elle-même. Au-delà de toutes les déclarations faites dans le monde entier par des groupes musulmans exprimant leur refus du terrorisme et de la violence qui infligent mort et destruction sous la bannière de l’islam, Al-Qaïda et ses cohortes n’ont jamais vraiment joui de la sympathie des musulmans de base. En 2009, le Global Attitudes Project de la fondation Pew constatait que, quand on demande à des musulmans si “les attentats suicides et autres formes de violence contre des cibles civiles sont justifiées au nom de la défense de l’islam contre ses ennemis”, la majorité des sondés, dans huit sur neuf des pays à majorité musulmane, répondait que cette violence ne peut jamais se justifier au nom de l’islam.
A quoi il faut ajouter qu’Al-Qaïda traite d’apostats les musulmans qui ne suivent pas ses idées — une des accusations les plus graves qui puisse exister en islam. Depuis quelques années, l’emploi inconsidéré de ce terme n’a valu aux terroristes que l’hostilité croissante et le soutien décroissant du monde musulman.
L’idéologie d’Al-Qaïda repose sur la culture des différences entre musulmans, ou entre musulmans et gens d’autres confessions, plutôt que la recherche d’un terrain d’entente entre tous les humains et le progrès vers la paix, l’entente et le respect. Ce n’est en aucun cas une invitation à “l’unité des musulmans”, car l’idéologie d’Al-Qaïda constitue une menace plus grave à l’islam que toute autre religion.
A maintes reprises, les musulmans du monde entier ont proposé des alternatives à Al-Qaïda et à la violence pour parvenir à des objectifs politiques. Le vent du changement qui souffle actuellement sur la Tunisie, l’Egypte, le Bahreïn, la Libye, la Syrie et le Yémen rappelle que les musulmans sont capables de renverser les dictateurs, d’induire le changement politique et de revendiquer leur liberté et la démocratie par des moyens pacifiques. Au moment où les peuples continuent de se battre pour leurs droits dans cette région du monde, les terroristes auront plus de mal encore à trouver refuge dans des sociétés démocratiques : en effet, l’histoire montre que les démocraties n’engendrent pas le terrorisme comme le font les régimes autocratiques et répressifs.
La marche des sociétés arabes et musulmanes vers un changement démocratique relèguera bientôt Al-Qaïda à l’insignifiance. Nous voyons aujourd’hui que le changement réel et durable ne peut être que le fruit de soulèvements pacifiques, jamais de coups d’état militaires ou d’idéologies extrémistes prônant la violence. Al-Qaïda a toujours exploité l’oppression qui sévissait dans le monde arabe et musulman pour justifier le recours à la violence dans la poursuite de ses objectifs politiques.
Heureusement, ça ne marche pas.
* Hussein Abdallah est journaliste et médiologue.
Les terroristes affirment qu’ils exécutent ce genre d’attaques pour protéger l’islam et combattre les “ennemis de Dieu”, précisant dans d’innombrables déclarations que les non-musulmans sont leur première cible. Bien sûr, nul n’a le droit de tuer qui que ce soit. Et les attentats terroristes menés par Al-Qaïda et ses séides n’ont jamais ciblé de groupes religieux, sectaires ou ethniques particuliers.
En fait, les chiffres et les statistiques prouvent que la majorité de leurs victimes sont des musulmans.
Une étude de décembre 2009 publiée par le Centre de lutte contre le terrorisme de l’Université de West Point affirme que “la grande majorité des victimes d’Al-Qaïda sont des musulmans” et que “15 % seulement des personnes tuées dans des attentats d’Al-Qaïda entre 2004 et 2008 étaient des Occidentaux”.
Ces chiffres prouvent que les terroristes ne distinguent pas entre musulmans et non-musulmans, et qu’ils considèrent tous ceux qui n’adhèrent pas à leur idéologie comme des cibles “légitimes” de leur violence.
Cette stratégie du recours à la violence a fini par aliéner Al-Qaïda du reste des musulmans ordinaires. Elle constitue un échec à tous égards, pour la simple raison qu’elle se détruit elle-même. Au-delà de toutes les déclarations faites dans le monde entier par des groupes musulmans exprimant leur refus du terrorisme et de la violence qui infligent mort et destruction sous la bannière de l’islam, Al-Qaïda et ses cohortes n’ont jamais vraiment joui de la sympathie des musulmans de base. En 2009, le Global Attitudes Project de la fondation Pew constatait que, quand on demande à des musulmans si “les attentats suicides et autres formes de violence contre des cibles civiles sont justifiées au nom de la défense de l’islam contre ses ennemis”, la majorité des sondés, dans huit sur neuf des pays à majorité musulmane, répondait que cette violence ne peut jamais se justifier au nom de l’islam.
A quoi il faut ajouter qu’Al-Qaïda traite d’apostats les musulmans qui ne suivent pas ses idées — une des accusations les plus graves qui puisse exister en islam. Depuis quelques années, l’emploi inconsidéré de ce terme n’a valu aux terroristes que l’hostilité croissante et le soutien décroissant du monde musulman.
L’idéologie d’Al-Qaïda repose sur la culture des différences entre musulmans, ou entre musulmans et gens d’autres confessions, plutôt que la recherche d’un terrain d’entente entre tous les humains et le progrès vers la paix, l’entente et le respect. Ce n’est en aucun cas une invitation à “l’unité des musulmans”, car l’idéologie d’Al-Qaïda constitue une menace plus grave à l’islam que toute autre religion.
A maintes reprises, les musulmans du monde entier ont proposé des alternatives à Al-Qaïda et à la violence pour parvenir à des objectifs politiques. Le vent du changement qui souffle actuellement sur la Tunisie, l’Egypte, le Bahreïn, la Libye, la Syrie et le Yémen rappelle que les musulmans sont capables de renverser les dictateurs, d’induire le changement politique et de revendiquer leur liberté et la démocratie par des moyens pacifiques. Au moment où les peuples continuent de se battre pour leurs droits dans cette région du monde, les terroristes auront plus de mal encore à trouver refuge dans des sociétés démocratiques : en effet, l’histoire montre que les démocraties n’engendrent pas le terrorisme comme le font les régimes autocratiques et répressifs.
La marche des sociétés arabes et musulmanes vers un changement démocratique relèguera bientôt Al-Qaïda à l’insignifiance. Nous voyons aujourd’hui que le changement réel et durable ne peut être que le fruit de soulèvements pacifiques, jamais de coups d’état militaires ou d’idéologies extrémistes prônant la violence. Al-Qaïda a toujours exploité l’oppression qui sévissait dans le monde arabe et musulman pour justifier le recours à la violence dans la poursuite de ses objectifs politiques.
Heureusement, ça ne marche pas.
* Hussein Abdallah est journaliste et médiologue.
En partenariat avec Common Ground (CGNews)
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