Connectez-vous S'inscrire

Points de vue

Les mythes de la propagande israélienne – Mythe n° 2 : « Les civils de Gaza, boucliers humains du Hamas »

Rédigé par Alain Gabon | Mardi 5 Août 2014 à 14:00

           


Twitt de Benjamin Netanyahu du 12 juillet 2014, typique de la propagande israélienne : « Nous déployons un système de défense antimissiles pour protéger nos citoyens, tandis qu'ils utilisent leur population pour protéger leurs missiles. »
Twitt de Benjamin Netanyahu du 12 juillet 2014, typique de la propagande israélienne : « Nous déployons un système de défense antimissiles pour protéger nos citoyens, tandis qu'ils utilisent leur population pour protéger leurs missiles. »
De nombreux mythes historiques ou plus conjoncturels propagés par Israël sur lui-même ont depuis longtemps été démolis, qui plus est souvent par ses propres historiens juifs israéliens parmi les plus prestigieux. Ainsi, du mythe originel de la « Palestine, terre sans peuple pour un peuple sans terre », auquel se sont intoxiquées des générations entières d’Israéliens et qu’il faudrait aujourd’hui être bien ignorant pour avaler.

À l’heure où Israël, dont le mépris pour le droit international, la paix et la vie humaine se révèle à nouveau chaque jour dans ses tueries délibérées d’enfants et de familles entières comme celles des abris-écoles onusiennes, les agents propagandistes de cet État polluent à nouveau nos médias pour y réciter comme des robots les « éléments de langage » qu’Israël met dans leurs bouches. Ainsi, de celui-ci, sans doute actuellement le plus systématique.

De l'art de faire diversion sur ses propres tueries

Un des principaux leitmotivs des pro-Israéliens consiste à déclarer que le Hamas « utilise la population de Gaza comme boucliers humains », ce qui, à leurs yeux, excuserait le massacre d’innocents par Israël. Sophisme cru typique de ce genre de pseudo-arguments : « Israël, certes, est le belligérant qui tue la totalité des civils à quelques exceptions près, mais Hamas se cache parmi eux, donc en fait c’est Hamas qui les tue. »

Pulvérisons six fois ce grossier alibi utilisé par Israël pour faire diversion sur ses propres tueries.

1. D’abord, l’armée israélienne elle-même utilise fréquemment des civils palestiniens comme boucliers humains en zone de combat, y compris des enfants, et ce de façon directe (plutôt que métaphorique), comme on peut le voir sur de nombreuses vidéos (par exemple, ici ou ici). Des soldats israéliens ont d’ailleurs eux-mêmes admis ce fait dans leurs interviews pour le rapport « Breaking the Silence », l’ONG israélienne de soldats vétérans. Il serait difficile de trouver meilleurs informants, d’autant plus que ces jeunes soldats courageux, écœurés par les crimes de guerre qu’Israël leur fait commettre, accomplissent un véritable suicide social et professionnel en osant dire publiquement ces vérités.

2. Ensuite, si l’utilisation par le Hamas de deux écoles des Nations unies (abandonnées) comme caches d’armes a été avérée, Israël n’a jamais été capable d’apporter le moindre début du commencement d’une preuve que les centaines d’autres lieux civils bombardés, hôpitaux, mosquées, bâtiments administratifs, résidentiels ou autres, abritaient la moindre « cache d’armes » ou des combattants du Hamas. Ces accusations sont de plus régulièrement démenties par le personnel ou les habitants de ces lieux.

3. Mieux, le 23 juillet, Tsahal a publié des cartes censées montrer les sites militaires du Hamas situés à proximité (mais pas à l’intérieur) d’écoles, d’hôpitaux, de mosquées et d’immeubles d’habitation. En somme, sous le prétexte jamais vérifié dans 90 % des cas que des « caches d’armes » seraient « à proximité » d’un site, on bombarde le site lui-même.

4. De plus, chose qu’Israël feint d’ignorer, en droit international mais aussi dans le respect de la vie humaine le plus élémentaire, le fait que des combattants opèrent parmi des civils n’autorise et ne justifie en rien de tuer ces civils en toute connaissance de cause, et ce même dans les cas où des « réserves d’armes » ou des combattants se trouveraient bel et bien dans des bâtiments publics.

Ainsi, même dans de tels cas, Israël (ou tout autre belligérant) a l’obligation légale de distinguer civils et cibles militaires, d’éviter les victimes civiles, et de ne pas détruire des zones entières si elle sait qu’elles sont peuplées d’innocents, ce qui est toujours le cas.

C’est pourquoi Human Rights Watch a décrété dans son rapport du 15 juillet qu’en attaquant délibérément des zones densément peuplées et des cibles civiles Israël violait les règles de l’engagement militaire, commettant donc des crimes de guerre.

5. L’argument des « boucliers humains » peut d’ailleurs facilement être retourné contre Israël, à moins, bien sûr, que la totalité de ses soldats, officiers, sites, casernes et infrastructures militaires ne se trouve miraculeusement que dans des zones désertiques, loin de populations civiles, et jamais dans des villes ni à proximité de civils. Auquel cas l’on est alors fondé d’accuser Israël de « mixer » ses forces militaires avec des populations civiles ou de les placer en zones urbaines densément peuplées, les utilisant, lui aussi, comme « boucliers humains ».

6. Finalement, en plus des points 1 et 5 ci-dessus, Israël utilise bien des boucliers humains, et par centaines de milliers : à savoir les 650 000 colons juifs, populations civiles que l’État hébreu et Tsahal arment, poussent cyniquement devant eux comme des pions, et utilisent comme armes pour accomplir leur politique de colonisation et de vol de terre.

En les autorisant et en les encourageant de plus à violer le droit international et à se faire ainsi hors-la-loi, en les poussant à aller s’installer illégalement sur des terres qui n’appartiennent pas à cet État, Israël met consciemment et cyniquement ces milliers de familles en danger.

En matière de « boucliers humains », Israël est donc bien pire que le Hamas, puisqu’elle utilise de cette façon à la fois ses propres citoyens et les Palestiniens, en plus de tuer elle-même les prétendus « boucliers humains » du Hamas.

Nos prochains articles exploreront et démentiront le mythe d’Israël « État démocratique et libéral » et l’idée absurde selon laquelle Gaza n’est plus sous occupation.

****
Alain Gabon, professeur des universités aux États-Unis, dirige le programme de français à Virginia Wesleyan College (université affiliée à l’Église méthodiste de John Wesley), où il est maître de conférences. Il est l’auteur de nombreuses présentations et articles sur la France contemporaine et la culture française.





SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !