Depuis quelques années, un tourisme particulier fait de plus en plus d’adeptes : le tourisme médical. Près de 3 millions de personnes aux quatre coins de la planète se font soigner ou opérer chaque année en dehors de leur pays de résidence. Pour l’année 2012, le chiffre d'affaires de ce tourisme devrait atteindre 100 milliards de dollars (75 milliards d'euros), contre 79 milliards en 2010 et 130 milliards d'ici à 2015, selon le cabinet de conseil KPMG.
La France, à travers les hôpitaux publics de Paris, a décidé de se lancer sérieusement dans ce marché florissant, à un moment où les patients français n’hésitent plus à traverser les frontières pour profiter de soins de santé aux tarifs plus bas.
La France, à travers les hôpitaux publics de Paris, a décidé de se lancer sérieusement dans ce marché florissant, à un moment où les patients français n’hésitent plus à traverser les frontières pour profiter de soins de santé aux tarifs plus bas.
Les riches patients du Golfe pour résorber la dette des hôpitaux parisiens
Le tourisme médical représente une manne financière très intéressante pour les hôpitaux publics de l’Hexagone en proie à un profond déficit. Leur déficit cumulé s'est ainsi élevé à 487 millions d'euros en 2011 (544 millions en 2010), selon la Fédération hospitalière française.
L’été dernier, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a décidé de se lancer dans le tourisme médical en signant un accord avec Globemed, une société implantée dans une dizaine de pays du Moyen-Orient, afin de permettre d’accueillir au mieux les patients de ces régions dans les hôpitaux publics parisiens.
Ces établissements reçoivent déjà chaque année près de 7 500 patients étrangers, mais les 2 300 qui payent de leur poche les opérations sont facturés au tarif de la Sécurité sociale, un prix largement inférieur au coût moyen mondial.
Ces malades, souvent originaires du Maghreb et du Proche-Orient et venus se faire soigner en France pour bénéficier de techniques médicales dernier cri, ont pourtant les moyens financiers.
Dorénavant, l’AP-HP compte bien leur demander plus. Ainsi, l’accord signé avec Globemed permet d’organiser leur venue mais surtout de leur appliquer des tarifs plus élevés. Avec ce dispositif, les hôpitaux parisiens espèrent réaliser plusieurs millions d’euros de marge et résorber une partie de leur déficit.
L’AP-HP n'a aucun scrupule à faire payer plus des patients aux poches pleines. « Il est anormal que la Sécurité sociale française sponsorise les soins de gens aisés issus de pays qui n’ont pas de problèmes financiers », juge ainsi Stéphane Fériaut, le directeur du développement de l’AP dans le Journal du dimanche, en août 2012.
L’été dernier, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a décidé de se lancer dans le tourisme médical en signant un accord avec Globemed, une société implantée dans une dizaine de pays du Moyen-Orient, afin de permettre d’accueillir au mieux les patients de ces régions dans les hôpitaux publics parisiens.
Ces établissements reçoivent déjà chaque année près de 7 500 patients étrangers, mais les 2 300 qui payent de leur poche les opérations sont facturés au tarif de la Sécurité sociale, un prix largement inférieur au coût moyen mondial.
Ces malades, souvent originaires du Maghreb et du Proche-Orient et venus se faire soigner en France pour bénéficier de techniques médicales dernier cri, ont pourtant les moyens financiers.
Dorénavant, l’AP-HP compte bien leur demander plus. Ainsi, l’accord signé avec Globemed permet d’organiser leur venue mais surtout de leur appliquer des tarifs plus élevés. Avec ce dispositif, les hôpitaux parisiens espèrent réaliser plusieurs millions d’euros de marge et résorber une partie de leur déficit.
L’AP-HP n'a aucun scrupule à faire payer plus des patients aux poches pleines. « Il est anormal que la Sécurité sociale française sponsorise les soins de gens aisés issus de pays qui n’ont pas de problèmes financiers », juge ainsi Stéphane Fériaut, le directeur du développement de l’AP dans le Journal du dimanche, en août 2012.
Une concurrence mondiale
A la recherche d’argent, les hôpitaux en viendront-ils à privilégier ces patients fortunés aux autres ? Non, selon les coordinateurs du projet. « La proportion de patients étrangers payants ne devra jamais dépasser 1 % du total des malades », indique M. Feriaut.
« Les patients français ne seront pas lésés. Ils seront prioritaires et surtout ne se rendront compte de rien. On se contente de réformer notre fonctionnement. On ne fera pas des urgences avec les patients étrangers mais seulement des interventions ou des soins programmés à l’avance », explique par ailleurs Zohra Bensalem-Djenadi, la coordinatrice du projet à l’AP-HP.
Ce système, avantageux pour les finances des hôpitaux parisiens, pourrait être élargi à l’Asie, à la Russie et aux anciennes républiques soviétiques. Mais avant de séduire ces patients de contrées diverses, Paris devra encore améliorer la qualité d’accueil des établissements hospitaliers pour satisfaire leurs exigences. C’est peut être cela qui fera la différence avec leurs « concurrents », qui sont très nombreux.
Jusqu’à présent, les riches patients du Golfe se tournaient vers les hôpitaux américains, allemands ou anglais, qui s’appuient sur des services sur mesure. A Berlin, on propose des virées shopping ou des visites de musée aux patients étrangers et à leurs familles. La Turquie a même lancé un programme de démolition de vieux hôpitaux pour les remplacer par des établissements destinés en priorité aux étrangers.
« Les patients français ne seront pas lésés. Ils seront prioritaires et surtout ne se rendront compte de rien. On se contente de réformer notre fonctionnement. On ne fera pas des urgences avec les patients étrangers mais seulement des interventions ou des soins programmés à l’avance », explique par ailleurs Zohra Bensalem-Djenadi, la coordinatrice du projet à l’AP-HP.
Ce système, avantageux pour les finances des hôpitaux parisiens, pourrait être élargi à l’Asie, à la Russie et aux anciennes républiques soviétiques. Mais avant de séduire ces patients de contrées diverses, Paris devra encore améliorer la qualité d’accueil des établissements hospitaliers pour satisfaire leurs exigences. C’est peut être cela qui fera la différence avec leurs « concurrents », qui sont très nombreux.
Jusqu’à présent, les riches patients du Golfe se tournaient vers les hôpitaux américains, allemands ou anglais, qui s’appuient sur des services sur mesure. A Berlin, on propose des virées shopping ou des visites de musée aux patients étrangers et à leurs familles. La Turquie a même lancé un programme de démolition de vieux hôpitaux pour les remplacer par des établissements destinés en priorité aux étrangers.
Des patients à la recherche d’économie
SI la France tente d’attirer toujours plus de patients riches, d’autres pays connaissent l’afflux de plus en plus massif de patients occidentaux, en quête de soins à des tarifs à coup sûr moins élevés que dans leur contrée d'origine, à commencer par les patients français. En effet, même si la couverture sociale française reste un modèle, sans mutuelle, certains frais de santé atteignent des sommes astronomiques. Les chirurgies esthétiques et réparatrices sont très faiblement prises en charge.
C’est aussi le cas des frais de chirurgie dentaire. 24 424 dossiers de soins et prothèses dentaires ont été dispensés dans 153 pays, révèle ainsi le rapport 2011 du Centre national des soins à l'étranger (CNSE), organisme de la Sécurité sociale qui s'occupe du remboursement de ces soins.
Les chiffres repris par la Confédération nationale des syndicats dentaire (CNSD) sur son site montrent que 10,5 millions d'euros ont ainsi été dépensés pour des soins « low cost » en Hongrie, en Espagne et au Portugal mais aussi au Maroc. Ils ne représentent que « l'équivalent de l'activité d'une quarantaine de cabinets dentaires français », minimise la CNSE, qui parle d’un « phénomène anecdotique ».
C’est aussi le cas des frais de chirurgie dentaire. 24 424 dossiers de soins et prothèses dentaires ont été dispensés dans 153 pays, révèle ainsi le rapport 2011 du Centre national des soins à l'étranger (CNSE), organisme de la Sécurité sociale qui s'occupe du remboursement de ces soins.
Les chiffres repris par la Confédération nationale des syndicats dentaire (CNSD) sur son site montrent que 10,5 millions d'euros ont ainsi été dépensés pour des soins « low cost » en Hongrie, en Espagne et au Portugal mais aussi au Maroc. Ils ne représentent que « l'équivalent de l'activité d'une quarantaine de cabinets dentaires français », minimise la CNSE, qui parle d’un « phénomène anecdotique ».
Avantage aux pays à l’économie émergente
Les touristes médicaux sont toutefois de plus en plus nombreux et voyagent pour des opérations médicales diverses, allant de petites chirurgies à des greffes d'organes. Une bonne nouvelle pour des pays à l’économie émergente comme la Turquie qui attirent beaucoup d’hommes en quête d’implants capillaires.
A l’île Maurice, le tourisme médical a enregistré une croissance d’environ 70 % en 2012. Plus de 20 000 patients étrangers se sont rendus sur l’île, l’an passé, pour se faire soigner. Ce secteur doit cette croissance à des tarifs médicaux 30 à 40 % plus compétitifs que l’Europe et 10 à 20 % moins chers qu’en Afrique du Nord, selon le groupe de conseil en marketing Everest.
L’Inde et la Thaïlande sont aussi des figures incontestées du tourisme médical. Avec des prix défiant la concurrence et des délais d’attente très courts, ces Etats, qui disposent de personnels médicaux qualifiés, n’ont aucun mal à attirer des clients. La Thaïlande a ainsi accueilli près de 1,2 million de patients étrangers en 2011. Un chiffre qui augmente chaque année d'environ 20 %. La chirurgie esthétique aurait généré 512 millions d’euros à ce seul pays en 2011.
Pour autant, ce secteur en pleine expansion, profitable aux pays à l’économie émergente, pose plusieurs questions, notamment en ce qui concerne les greffes d’organes, dont les informations sur les donneurs et les circonstances de prélèvement restent floues. Le tourisme médical gagnerait indéniablement à apporter des réponses à ces questions éthiques.
A l’île Maurice, le tourisme médical a enregistré une croissance d’environ 70 % en 2012. Plus de 20 000 patients étrangers se sont rendus sur l’île, l’an passé, pour se faire soigner. Ce secteur doit cette croissance à des tarifs médicaux 30 à 40 % plus compétitifs que l’Europe et 10 à 20 % moins chers qu’en Afrique du Nord, selon le groupe de conseil en marketing Everest.
L’Inde et la Thaïlande sont aussi des figures incontestées du tourisme médical. Avec des prix défiant la concurrence et des délais d’attente très courts, ces Etats, qui disposent de personnels médicaux qualifiés, n’ont aucun mal à attirer des clients. La Thaïlande a ainsi accueilli près de 1,2 million de patients étrangers en 2011. Un chiffre qui augmente chaque année d'environ 20 %. La chirurgie esthétique aurait généré 512 millions d’euros à ce seul pays en 2011.
Pour autant, ce secteur en pleine expansion, profitable aux pays à l’économie émergente, pose plusieurs questions, notamment en ce qui concerne les greffes d’organes, dont les informations sur les donneurs et les circonstances de prélèvement restent floues. Le tourisme médical gagnerait indéniablement à apporter des réponses à ces questions éthiques.