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Société

Les prisons françaises en alerte

Rédigé par Pauline Compan | Mardi 9 Août 2011 à 07:57

           

73 320 personnes placées sous écrou au 1er juillet dernier. Cela représente une augmentation de 6,4 % en un an. 64 726 personnes sont actuellement incarcérées, les autres font l’objet d’un aménagement de peine. Triste record : les détenus n’ont jamais été aussi nombreux dans les prisons françaises. En conséquence la situation dans les prisons devient intenable. Les bâtiments sont surpeuplés, la densité entrainant une dégradation des conditions de détention.



Les prisons françaises en alerte
367 détenus pour 180 places à Béthune (un taux d’occupation de 203,9 %), 882 détenus pour 588 places à Villepinte (150 %), et les exemples peuvent se multiplier ; 37 établissements pénitentiaires ont un taux d’occupation supérieur à 150 % en France.

La sonnette d’alarme a été tiré par l’Observatoire International des Prisons (OIP), des syndicats de magistrats mais aussi par un procureur de Dunkerque. Philippe Muller a, en effet, demandé le 25 juillet dernier la suspension de l’ « exécution des écrous » dans sa juridiction, en raison d’un grave problème d’encombrement. La décision valait jusqu’au 5 septembre et excluait les peines pour violences ou agression sexuelle. Une décision, par la suite, annulée, « sur ordre de la hiérarchie ».

Une stratégie politique

Car la surpopulation carcérale est bien une conséquence du durcissement de la politique judiciaire. L’affaire dite « de Pornic » au mois de janvier dernier, a accéléré le processus. Le gouvernement avait alors pointé du doigt le manque de suivi judiciaire de Tony Meilhon, l’assassin de Laëtitia. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, avait ouvertement mis en cause les magistrats et notamment les juges dans cette affaire.

Depuis la pression s’accentue sur le personnel judiciaire, notamment les juges, cibles préférées du président. En juin dernier, le rapport Ciotti (du nom du député UMP Eric Ciotti), remettait un rapport choc à Nicolas Sarkozy : 80 000 peines de prisons attendraient d’être appliquées en France. Parmi les recommandations du rapport : la suppression des aménagements de peine et des crédits automatiques de réduction de peine. Mais surtout, le parquet, autrement dit l’Etat, pourrait être en charge de l’exécution des peines et verrait ses moyens renforcés : un pouvoir enlevé aux juges.

Des conditions de détention inhumaines

« Les prisons aujourd’hui sont des porcheries.» Mounir Diari est un ancien détenu. Très concerné par son expérience, il a créé la jeune association « J’veux m’en sortir » qui milite pour le respect des droits fondamentaux des personnes incarcérées. Pour lui, les outils permettant de réduire la population dans les prisons existent, comme les bracelets électroniques, le sursis avec mise en l’épreuve ou les travaux d’intérêts généraux (TIG).

Mais la prison, il faut tout tenter pour l’éviter car « elle rend les gens inhumains ». Mounir Diari milite pour une plus grande mobilisation sur la prévention et l’augmentation des moyens des associations intervenant dans les prisons. Les problèmes chroniques des établissements pénitenciers sont toujours les mêmes : manque d’hygiène, entassement, suivi médical défaillant, alimentation non-adaptée,… Une situation à laquelle, il faut ajouter les décès et les suicides. La France détient d’ailleurs un autre triste record, celui du taux moyen de suicides en prison, il est de 20 suicides pour 10 000 détenus.

« Les condamnations de l'Etat par les tribunaux administratifs pour des « conditions de détention n'assurant pas le respect de la dignité inhérente à la personne humaine » se multiplient », relève l’Observatoire International des Prisons. Le 4 août dernier sur RMC, François Besse, membre de l’OIP avait alerté l’opinion « quelle que soit l’indignité des conditions de détention, on incarcère à tout va. On est de plus en plus dans une situation explosive ; on ne sait pas où ça va s’arrêter ».

L'association j'veux m'en sortir, offre l'adhésion à tous les détenus de France.





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