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Points de vue

Les religions au secours de la République ?

Rédigé par Frédéric Pascal | Vendredi 30 Janvier 2015 à 06:00

           


Les religions au secours de la République ? (1). Cette question, titre du colloque qui se tiendra au Centre spirituel du Hautmont (Mouvaux, 59), les 6 et 7 février, était déjà provocatrice avant les attentats qui ont secoué Paris début janvier. Elle l’est peut-être encore davantage aujourd’hui. Et pourtant, elle n’a jamais été aussi urgente.

110 ans après le vote de la loi de séparation entre l’Église et l’État, la France a beaucoup changé. Comment la laïcité peut-elle encore fonctionner aujourd’hui alors même que sa définition n’est pas claire pour nos concitoyens ? « L’État ne reconnaît aucun culte », nous dit la loi de 1905. Mais qu’il ne les reconnaisse pas veut-il dire pour autant qu’il les ignore ? Et si les religions avaient aussi des choses à enseigner à notre République pour qu'elle devienne plus libre, plus égalitaire et plus fraternelle ?

Notre colloque sur la laïcité et le vivre-ensemble trouve sa genèse dans le FaithbookTour, le tour du monde des initiatives interreligieuses, que mon épouse, Anne-Laure, et moi-même avons effectué en 2011 et 2012. 25 ans après la rencontre d'Assise, nous sommes partis pendant neuf mois à la rencontre d’hommes et de femmes de traditions religieuses différentes qui choisissent d’œuvrer ensemble au bien commun. Loin de nous l’idée de dresser un tableau iréniste de la douzaine de pays traversés. Nous avons vécu à plusieurs reprises, en Irak notamment, l’échec du dialogue. Mais nous avons surtout été témoins de « ce qui se passe quand ça se passe bien ».

Toutes ces initiatives interreligieuses portent des fruits parce qu'elles sont fondées sur la reconnaissance mutuelle entre les membres et le concret des actions menées. La reconnaissance mutuelle dépasse la tolérance et vit la différence comme essence de l’action commune. Reconnaître à l’autre le droit d’exister est certes nécessaire, mais insuffisant. C’est le sens du slogan de Coexister, le mouvement interreligieux des jeunes en France : « Diversité dans la foi, unité dans l’action. » Or, pour beaucoup de nos concitoyens, ignorer leur foi, c'est ignorer ce qui est le cœur de leur vie.

Pour réussir le dialogue interreligieux, il faut d'abord agir concrètement : colonies de vacances, bibliothèques, actions sportives, projets agricoles, écoles, universités… Les acteurs de l’interreligieux ne sont pas dans le débat d’idées, mais construisent ensemble des réponses communes aux défis qui leur sont proposés. L’interreligieux n’est alors pas une fin en soi, mais un moyen pour vivre ensemble.

Quelle laïcité voulons-nous vivre en 2015 ? Quelles initiatives concrètes nous permettent de vivre ensemble ? Ce sont les deux questions que nous nous poserons pendant deux jours au Centre spirituel du Hautmont. C'est pourquoi notre colloque a pour sous-titre : « Partager nos expériences pour vivre ensemble ».

Différents témoins viendront parler de leurs actions qui sont autant de réponses. Coexister en est une première ; il faut souligner le travail que font les jeunes de cette association en intervenant notamment dans de nombreux lycées. Le Conseil extramunicipal pour la laïcité et le vivre-ensemble (Celve), de Tourcoing en est une autre. Le Celve « vise à la construction d’une société pluraliste, respectueuse de la diversité des origines, des trajectoires, des croyances et des pensées de l’ensemble de la population tourquennoise ».

A l’image de ces deux projets, la crédibilité des initiatives pour vivre ensemble réside dans sa capacité à répondre concrètement aux défis de notre époque. Ce qui nous menace en France n’est pas le choc des civilisations, mais un « choc des ignorances » (2).

Alors comment sortir enfin de l’analphabétisme religieux ? C'est ici en France et maintenant en 2015 que nous devons apprendre à vivre ensemble. Croyants et incroyants, c'est de cette énergie et de ce courage dont notre pays a besoin aujourd'hui.

Notes
1. Le titre de ce colloque tire son origine dans le titre du livre d’Abd al Malik, L’islam au secours de la République, dans lequel le rappeur cherche à démontrer que l’islam peut régénérer les principes de la République, loin de poser des problèmes de violence ou de mettre en question la laïcité.
2. Les mots sont de Tareq Oubrou, imam de Bordeaux.


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Frédéric Pascal, organisateur du colloque « Les religions au secours de la République ? Partager nos expérience pour vivre ensemble » au Centre spirituel du Hautmont (Mouvaux, 59).





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