Avec 178 M€ de chiffre d’affaires en 2009, Marseille-Fos est le 1er port de France et de Méditerranée, le 4e port européen et le 3e port mondial en pétrochimie.
Vous avez participé pour la première fois à la 5e édition du World Halal Forum (WHF), qui s’est tenue en juin dernier en Malaisie. Quelles ont été vos motivations ?
Dirk Becquart : Le marché halal me fascine d’un point de vue logistique. C’est un challenge en Europe, un nouveau standard de qualité, qui demande une logistique parallèle.
Pour moi, logistiquement parlant – cela n’a rien à voir avec l’aspect religieux –, il s’agit de répondre à une nouvelle demande pour une clientèle de classe moyenne de plus en plus importante, et souhaitant s’approvisionner dans les réseaux de distribution classiques. La logistique traditionnelle est aujourd’hui en manque de créativité ; je pense que la combinaison des deux logistiques pourrait donner un nouvel élan.
Pour moi, logistiquement parlant – cela n’a rien à voir avec l’aspect religieux –, il s’agit de répondre à une nouvelle demande pour une clientèle de classe moyenne de plus en plus importante, et souhaitant s’approvisionner dans les réseaux de distribution classiques. La logistique traditionnelle est aujourd’hui en manque de créativité ; je pense que la combinaison des deux logistiques pourrait donner un nouvel élan.
Quel est l’intérêt du halal pour le port de Marseille ?
D. B. : L’intérêt pour le port est à prouver. Pour réaliser le pari, il faut concentrer les flux internationaux de marchandises halal sur quelques plateformes portuaires spécialisées. Il faut prendre en considération que, pour mettre au point un vrai service logistique halal de qualité, il faudra investir dans de nouveaux entrepôts et matériels de transport certifiés halal.
Pour garder les coûts logistiques à un niveau compétitif, il faudra le volume pour les répartir. C’est pour cette raison que nous plaidons pour une concentration sur quelques hubs bien placés logistiquement.
Pour garder les coûts logistiques à un niveau compétitif, il faudra le volume pour les répartir. C’est pour cette raison que nous plaidons pour une concentration sur quelques hubs bien placés logistiquement.
La situation géographique du Port de Marseille-Fos est en effet stratégique...
D. B. : Notre position géographique est naturellement très avantageuse. Il faut savoir qu’une quantité croissante de produits halal pour le marché européen et maghrébin sont importés de Malaisie, de Chine et du Brésil [le Brésil est devenu le plus gros exportateur de viande halal, ndlr]. Pour les navires venant de ces origines, décharger les conteneurs à Marseille-Fos fait facilement gagner cinq jours par rapport à une escale dans des ports du nord de l’Europe.
Nous sommes au cœur du monde musulman : Marseille et son Hinterland ont toujours connu une forte population musulmane (un tiers des 6 millions de musulmans vivant en France vivent dans la moitié sud de la France), et la proximité avec les pays musulmans du Maghreb et de la Méditerranée est une évidence géographique, économique et logistique.
De tout le bassin méditerranéen, nous avons la plus haute fréquence de services maritimes avec tous les pays du Maghreb, la Libye, la Turquie et l’Égypte.
Nous sommes au cœur du monde musulman : Marseille et son Hinterland ont toujours connu une forte population musulmane (un tiers des 6 millions de musulmans vivant en France vivent dans la moitié sud de la France), et la proximité avec les pays musulmans du Maghreb et de la Méditerranée est une évidence géographique, économique et logistique.
De tout le bassin méditerranéen, nous avons la plus haute fréquence de services maritimes avec tous les pays du Maghreb, la Libye, la Turquie et l’Égypte.
Le halal, une manne financière pour le port ?
D. B. : Au niveau mondial, c’est un business à 10 chiffres, mais la logistique se compte à quelques pourcents du chiffre d’affaires, et de là le portuaire pour quelques pourcents. Nous n’allons pas devenir riche sur le halal.
Ce marché est-il suffisamment sophistiqué pour répondre aux attentes qu’il engendre ?
D. B. : Non, pour l’instant nous voyons un marché très fragmenté et encore situé à un niveau artisanal, tant sur le commerce que sur la logistique. Mais nous avons de solides partenaires malaisiens et brésiliens qui veulent professionnaliser la chaîne logistique certifiée par des institutions de certification halal réputées.
Lors de la 5e édition du World Halal Forum, vous avez créé la sensation en représentant la France. Regrettez-vous que les acteurs français n’aient pas été plus présents, contrairement à leurs voisins européens ?
D. B. : Les absents en toujours tort… Mais je n’ai pas vu plus de Français absents que de Belges ou de Hollandais. Probablement que le Forum, dû à sa localisation, était plutôt dirigé vers des participants du monde arabe et asiatique, un auditoire de très haut niveau académique, passionnant et passionné par les opportunités et les contraintes de la mondialisation du halal.
Vous avez d’ailleurs proposé, à la surprise générale, d’organiser le prochain WHF en Europe, à Marseille, pourquoi ?
D. B. : Il faut agir dans la vie. Il y a certainement un grand intérêt pour le halal. Mais beaucoup de sociétés hésitent encore, pour diverses raisons.
En tant que directeur du développement, je trouve important que le rôle du port de Marseille soit d’incuber et d’orchestrer l’organisation d’activités qui peuvent bénéficier à nos sociétés portuaires.
Nous venons de recevoir, à Marseille, une grande délégation d’entrepreneurs et de logisticiens malaisiens, sous la direction du président du Port Keelang [principal port de Malaisie, ndlr], pour préparer le WHF Europe de 2011. Et nous avons déjà plusieurs sociétés et délégations commerciales françaises et étrangères qui nous ont confirmé leur soutien [telles SDV (groupe Bolloré) ou SeaFrigo, ndlr].
En tant que directeur du développement, je trouve important que le rôle du port de Marseille soit d’incuber et d’orchestrer l’organisation d’activités qui peuvent bénéficier à nos sociétés portuaires.
Nous venons de recevoir, à Marseille, une grande délégation d’entrepreneurs et de logisticiens malaisiens, sous la direction du président du Port Keelang [principal port de Malaisie, ndlr], pour préparer le WHF Europe de 2011. Et nous avons déjà plusieurs sociétés et délégations commerciales françaises et étrangères qui nous ont confirmé leur soutien [telles SDV (groupe Bolloré) ou SeaFrigo, ndlr].
Comment voyez-vous l’avenir du halal en France ?
D. B. : Je vois le halal plutôt comme une garantie de qualité, un mode de vie des nouvelles générations multiculturelles, plutôt indépendant de l’aspect religieux, et plutôt suivi par tradition, par une génération dont le pouvoir d’achat est très significatif.
Le halal va se généraliser dans les grandes surfaces, et donc être soumis au merchandising comme tout produits de grande consommation. Je suis aussi un consommateur ; j’achète halal.
Le halal va se généraliser dans les grandes surfaces, et donc être soumis au merchandising comme tout produits de grande consommation. Je suis aussi un consommateur ; j’achète halal.
Dirk Becquart : « Le port de Marseille-Fos est au cœur du monde musulman et méditerranéen. »
CHIFFRES CLÉS
Le Grand Port maritime de Marseille-Fos, c’est :
• 83 millions de tonnes traitées en 2009
• 41 300 emplois, dont 1 500 agents du port de Marseille
• 400 ports dans le monde desservis depuis Marseille-Fos
• 11 200 escales de navires (30 escales par jour en moyenne)
Le Grand Port maritime de Marseille-Fos, c’est :
• 83 millions de tonnes traitées en 2009
• 41 300 emplois, dont 1 500 agents du port de Marseille
• 400 ports dans le monde desservis depuis Marseille-Fos
• 11 200 escales de navires (30 escales par jour en moyenne)
Première parution de cet article dans Salamnews n° 19 - septembre 2010 - édition régionale Marseille
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