Arnaud Dubois (interprété par Éric Judor) devient Mohamed Bouchouch, un patronyme qu’il pense être passe-partout pour recueillir les faveurs de Sabrina. Mais Mohamed Bouchouch, c’est aussi le nom d’un grand caïd de la cocaïne à Marseille... (Photo : © 2013 Arnaud Borrel)
Voilà une bonne comédie populaire qui étripe à cœur joie les stéréotypes à l’heure où la France s’est un temps crispée sur l’« identité nationale », « le jeune musulman à la casquette à l’envers » et « le vol de pain au chocolat en plein ramadan ».
Mohamed Dubois, premier long métrage d’Ernesto Ona, joue sur la fibre de l’identité personnelle. Comment s’assumer fils de riche en ayant une tête d’Arabe ?
Convaincu d’être le fils illégitime de Gérard (Jackie Berroyer), un riche banquier, Arnaud Dubois (Éric Judor) donne sa démission de chef de la sécurité au sein de la banque paternelle. Lui qui aspirait à devenir le responsable commercial de la banque Berthier a l’étrange sentiment que son propre père fait de la discrimination au faciès…
Qu’importe, à 33 ans, il se décide à quitter le cocon familial pour aller à la rencontre de la vraie vie. « Mais pourquoi ne t’installes-tu pas dans l’appartement de l’avenue Foch ? », lui tance sa mère, bourgeoise à souhait, qu’il soupçonne d’avoir eu pour amant Saïd, le prof de tennis (d’où sa « tête d’Arabe »). Non, il ira dans une cité, hébergé par ses nouveaux potes.
Il y a Mustafa, cuisinier qui a fait ses classes dans les plus grands restaurants parisiens et se retrouve devant les fourneaux d’un kebab. Il rêve d’ouvrir le premier restaurant gastronomique halal de la place de Paris mais se heurte au refus des banques de le financer. Il y a Rachid (Wahid Bouzidi), le propriétaire du fast-food. Il y a Hassan (Mhamed Arezki), le copain plutôt magouilleur qui doit 10 000 € à Djalil, le caïd du quartier (Farid Elourdi) pas commode du tout, qui enquête sur ce nouveau venu sorti de nulle part : Mohamed Bouchouch.
Car c’est sous ce nouveau patronyme de Mohamed Bouchouch que notre Arnaud Dubois national va tenter de s’adapter à sa nouvelle vie de serveur dans un kebab de cité, et surtout de séduire Sabrina (Sabrina Ouazani), convaincu que la seule chance de pouvoir l’approcher est de se faire passer pour un « Arabe ». Pas de chance : la belle Sabrina (profession : gardien de la paix ; loisir : boxeuse ; filiation : sœur de Mustafa) n’a d’yeux que pour les « Gaulois ».
Et nous voilà embarqués pour une heure trente de comédie, truffée de quiproquos et de rebondissements, où Éric Judor, délesté de son acolyte de toujours (Ramzy), joue ici l’amoureux transi, le « bon Français de la haute société » qui, par un effet de miroir (n’exige-t-on pas aux enfants d’immigrés de la 2e, la 3e, voire la 4e génération de s’intégrer ?), cherchera à masquer à tout prix son origine sociale et à se faire passer pour le « parfait Arabe ».
On rit souvent, non pas d’un humour fin tout britannique mais d’un humour à la Éric Judor : primesautier, potache, qui met à bas les clichés.
On en sait gré au réalisateur d’avoir pensé à sous-titrer (jusqu’à l’hilarité) les mots et expressions arabes pour les analphabètes que nous sommes : sait-on jamais si d’autres Arnaud Dubois se trouvent parmi les spectateurs et ne comprennent rien à l’arabe !
Le film Mohamed Dubois – qu’on ira agréablement voir avec sa bande d'ami(e)s ou sa famille – jouit d’un rythme soutenu et d’un dialogue bien ciselé (écrit par Ernesto Ona et Ichem Saïbi, avec la touche d’Éric Judor). Un film où l’on sympathise facilement avec tous ces personnages (des « Arabes » !), mais aussi pour dérider les plus crispés sur l’identité nationale, pour déciller celles et ceux qui ne voient pas que la France d’aujourd’hui est traversée par cette heureuse dynamique, bon enfant et plurielle.
Mohamed Dubois, premier long métrage d’Ernesto Ona, joue sur la fibre de l’identité personnelle. Comment s’assumer fils de riche en ayant une tête d’Arabe ?
Convaincu d’être le fils illégitime de Gérard (Jackie Berroyer), un riche banquier, Arnaud Dubois (Éric Judor) donne sa démission de chef de la sécurité au sein de la banque paternelle. Lui qui aspirait à devenir le responsable commercial de la banque Berthier a l’étrange sentiment que son propre père fait de la discrimination au faciès…
Qu’importe, à 33 ans, il se décide à quitter le cocon familial pour aller à la rencontre de la vraie vie. « Mais pourquoi ne t’installes-tu pas dans l’appartement de l’avenue Foch ? », lui tance sa mère, bourgeoise à souhait, qu’il soupçonne d’avoir eu pour amant Saïd, le prof de tennis (d’où sa « tête d’Arabe »). Non, il ira dans une cité, hébergé par ses nouveaux potes.
Il y a Mustafa, cuisinier qui a fait ses classes dans les plus grands restaurants parisiens et se retrouve devant les fourneaux d’un kebab. Il rêve d’ouvrir le premier restaurant gastronomique halal de la place de Paris mais se heurte au refus des banques de le financer. Il y a Rachid (Wahid Bouzidi), le propriétaire du fast-food. Il y a Hassan (Mhamed Arezki), le copain plutôt magouilleur qui doit 10 000 € à Djalil, le caïd du quartier (Farid Elourdi) pas commode du tout, qui enquête sur ce nouveau venu sorti de nulle part : Mohamed Bouchouch.
Car c’est sous ce nouveau patronyme de Mohamed Bouchouch que notre Arnaud Dubois national va tenter de s’adapter à sa nouvelle vie de serveur dans un kebab de cité, et surtout de séduire Sabrina (Sabrina Ouazani), convaincu que la seule chance de pouvoir l’approcher est de se faire passer pour un « Arabe ». Pas de chance : la belle Sabrina (profession : gardien de la paix ; loisir : boxeuse ; filiation : sœur de Mustafa) n’a d’yeux que pour les « Gaulois ».
Et nous voilà embarqués pour une heure trente de comédie, truffée de quiproquos et de rebondissements, où Éric Judor, délesté de son acolyte de toujours (Ramzy), joue ici l’amoureux transi, le « bon Français de la haute société » qui, par un effet de miroir (n’exige-t-on pas aux enfants d’immigrés de la 2e, la 3e, voire la 4e génération de s’intégrer ?), cherchera à masquer à tout prix son origine sociale et à se faire passer pour le « parfait Arabe ».
On rit souvent, non pas d’un humour fin tout britannique mais d’un humour à la Éric Judor : primesautier, potache, qui met à bas les clichés.
On en sait gré au réalisateur d’avoir pensé à sous-titrer (jusqu’à l’hilarité) les mots et expressions arabes pour les analphabètes que nous sommes : sait-on jamais si d’autres Arnaud Dubois se trouvent parmi les spectateurs et ne comprennent rien à l’arabe !
Le film Mohamed Dubois – qu’on ira agréablement voir avec sa bande d'ami(e)s ou sa famille – jouit d’un rythme soutenu et d’un dialogue bien ciselé (écrit par Ernesto Ona et Ichem Saïbi, avec la touche d’Éric Judor). Un film où l’on sympathise facilement avec tous ces personnages (des « Arabes » !), mais aussi pour dérider les plus crispés sur l’identité nationale, pour déciller celles et ceux qui ne voient pas que la France d’aujourd’hui est traversée par cette heureuse dynamique, bon enfant et plurielle.
Mohamed Dubois, d’Ernesto Ona, avec Éric Judor, Sabrina Ouazani, Youssef Hadji, Mhamed Arezki, Wahid Bouzidi, Marie Kremer, Farid Elouardi, Baya Belal, Biyouna, Hania Amar… En salles le 1er mai 2013.
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