L'entrée principale du site
Jacques Chirac a présenté en grande pompe, et avec de nombreuses personnalités politiques, le seul monument qu’il aura fait s’élever dans la capitale sous son mandat. Le chef de l’État était accompagné de Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, de la quatémaltèque Rigoberta Menchu, prix Nobel de la paix, du Premier ministre du territoire indien canadien, Paul Okalik, de l’ancien Président sénégalais Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie, de Stéphane Martin, président du musée et du Premier ministre Dominique de Villepin ainsi que ses deux prédécesseurs, Lionel Jospin et Jean-Pierre Raffarin.
La queue dans les jardins du musée
Cette institution, fidèle aux goûts du Président, prend le relais des «grands travaux présidentiels». Un bâtiment et une réalisation culturelle qui assurent la postérité du chef d’Etat, comme précédemment le centre Beaubourg de Pompidou, la Cité des Sciences de La Villette voulue par Giscard d’Estaing et aussi le Grand Louvre, la Bibliothèque, l'Arche de la Défense, et l'Opéra Bastille souhaités par Mitterrand.
Les lieux ont coûté 232 millions d’euros et espèrent 900 000 visiteurs par an. 9 000 curieux ont été accueillis lors de la première journée d’ouverture. Au total, 30 000 personnes ont profité des trois jours de gratuité du musée. Un succès qui s’explique par une ouverture amplement médiatisée.
Les lieux ont coûté 232 millions d’euros et espèrent 900 000 visiteurs par an. 9 000 curieux ont été accueillis lors de la première journée d’ouverture. Au total, 30 000 personnes ont profité des trois jours de gratuité du musée. Un succès qui s’explique par une ouverture amplement médiatisée.
Que se cache-t-il dans ces boîtes?
«Un lieu dédié aux cultures autres»
Le projet de ce musée a été lancé en 1996 par le Président de la République. Patronné par l’Unesco, il devait promouvoir la reconnaissance du patrimoine des civilisations non occidentales.
C’est avec «une grande joie et une grande émotion» que Chirac a présenté cet événement «d'une grande portée culturelle, politique et morale.» Lors de l’inauguration, le chef de l’Etat a promis une «incomparable expérience esthétique» ainsi «qu’une leçon d’humanité indispensable à notre temps.» Il a souhaité rendre hommage «à des peuples auxquels au fil des âges l’histoire à trop souvent fait violence.» Une démarche qui s’inscrit dans le «refus de l’ethnocentrisme, de cette prétention déraisonnable et inacceptable de l’occident à porter pour lui seul le destin de l’humanité.» Il a de plus souligné qu’il n’existe pas plus de «hiérarchie entre les arts et les cultures qu’il n’en existe entre les peuples.»
C’est avec «une grande joie et une grande émotion» que Chirac a présenté cet événement «d'une grande portée culturelle, politique et morale.» Lors de l’inauguration, le chef de l’Etat a promis une «incomparable expérience esthétique» ainsi «qu’une leçon d’humanité indispensable à notre temps.» Il a souhaité rendre hommage «à des peuples auxquels au fil des âges l’histoire à trop souvent fait violence.» Une démarche qui s’inscrit dans le «refus de l’ethnocentrisme, de cette prétention déraisonnable et inacceptable de l’occident à porter pour lui seul le destin de l’humanité.» Il a de plus souligné qu’il n’existe pas plus de «hiérarchie entre les arts et les cultures qu’il n’en existe entre les peuples.»
Plusieurs entrées sont possibles
La mise en place de cette nouvelle institution a pourtant été compliquée et pleine de péripéties. Un conflit a d’ailleurs éclaté entre les défenseurs d’une conception ethnographique de l’art et ceux qui soutenaient son aspect esthétique dès la naissance du futur musée.
Jacques Kerchache, marchand et collectionneur d’art «primitif» décédé depuis 2001, est aussi à l’origine du projet. En 1984, il demande à François Mitterrand que «les oeuvres des trois quarts de l'humanité» puissent entrer au Louvre. En 1990, il avait publier un manifeste «Pour que les chefs-d'oeuvre du monde entier naissent libres et égaux». La même année, il rencontre Jacques Chirac. Débute alors la genèse du musée. Avant l’ouverture, le célèbre ethnologue Claude Lévi-Strauss, 98 ans, s’est déplacé lui même afin d’admirer la collection. Une des salles du musée porte en hommage son nom.
Jacques Kerchache, marchand et collectionneur d’art «primitif» décédé depuis 2001, est aussi à l’origine du projet. En 1984, il demande à François Mitterrand que «les oeuvres des trois quarts de l'humanité» puissent entrer au Louvre. En 1990, il avait publier un manifeste «Pour que les chefs-d'oeuvre du monde entier naissent libres et égaux». La même année, il rencontre Jacques Chirac. Débute alors la genèse du musée. Avant l’ouverture, le célèbre ethnologue Claude Lévi-Strauss, 98 ans, s’est déplacé lui même afin d’admirer la collection. Une des salles du musée porte en hommage son nom.
Vue sur l'entrée du plateau et le guichet
Une architecture détonante.
L’architecte Jean Nouvel a remporté le concours pour le Musée du quai Branly en 1999. Un projet inespéré : l’occasion de construire un grand monument en plein Paris. Mais que faire pour accueillir une telle collection à deux pas de la tour Eiffel ? «Je voulais accueillir ces objets avant de les exhiber» déclare l’artiste. Pourtant ce musée se veut plus qu’un simple bâtiment, et c’est un «périple» qu’il faut parcourir pour accéder aux œuvres.
Jean Nouvel ainsi que son équipe de 25 collaborateurs, ont souhaité créer non pas une architecture mais un «territoire.» Des paysagistes, dont Gilles Clément et Patrick Blanc, des scénographes, des conservateurs, des scientifiques et des artistes ont participé à cette œuvre commune. Au total, le musée de 40 600 m2 est composé de quatre édifices. Il s’élève au coeur d’un jardin de 18 000 m2. Le bâtiment principal, posé sur pilotis, épouse sur 200 mètres la courbe de la seine située en face.
Jean Nouvel ainsi que son équipe de 25 collaborateurs, ont souhaité créer non pas une architecture mais un «territoire.» Des paysagistes, dont Gilles Clément et Patrick Blanc, des scénographes, des conservateurs, des scientifiques et des artistes ont participé à cette œuvre commune. Au total, le musée de 40 600 m2 est composé de quatre édifices. Il s’élève au coeur d’un jardin de 18 000 m2. Le bâtiment principal, posé sur pilotis, épouse sur 200 mètres la courbe de la seine située en face.
La boutique du musée
Ce musée s’explore donc avant de se visiter. Première étape : la palissade de verre de l’entrée principale. Puis le grand jardin, parsemés de quelques mares, qui demande encore à grandir. Il sera bientôt plus sauvage et verdoyant. Les façades sont tantôt tapissées de verdure, parfois hérissées de brise-soleil ou arborent des boites suspendues dont la taille et les couleurs varient. Le peintre aborigène John Mawurndjul et plusieurs de ses compatriotes ont décoré quelques plafonds.
Ce lieu se veut plus qu’un simple musée. Il est conçu de manière à ce que l’on vienne y lire, écouter et applaudir. A la fois lieu d’étonnements, d’études et de divertissements. On y trouve une bibliothèque, une iconothèque, un restaurant, une terrasse, un jardin, une médiathèque, une salle de conférence… Il se veut moderne et possède de nombreux écrans tactiles. Au final, on notera que cet ensemble d’édifices est une œuvre collective.
Ce lieu se veut plus qu’un simple musée. Il est conçu de manière à ce que l’on vienne y lire, écouter et applaudir. A la fois lieu d’étonnements, d’études et de divertissements. On y trouve une bibliothèque, une iconothèque, un restaurant, une terrasse, un jardin, une médiathèque, une salle de conférence… Il se veut moderne et possède de nombreux écrans tactiles. Au final, on notera que cet ensemble d’édifices est une œuvre collective.
La pièce maîtresse des collections
Les trésors de Branly
La sélection du musée est rigoureuse : seulement 10% des 300 000 objets de la réserve sont exposés. 3 500 pièces, regroupés dans 300 vitrines, peuvent ainsi être visionnées de manière constante sur le vaste plateau des collections permanentes. 25 000 de ces différentes œuvres proviennent de l'ancien Musée de la porte Dorée. 250 000 sont issues du Musée de l'Homme. Enfin, avant l’ouverture, le Musée Branly a acheté environ 6 000 pièces. Cependant, 10% des œuvres sont sensibles à la lumière et en rotation annuelle, d’où des lumières tamisées pour les protéger.
L’entrée se fait dans une large salle aux tons blancs avec de fines vitres rouges. A l’intérieur, se trouve une rampe d’accès lumineuse et sinueuse conduisant à la salle principale. Un cylindre transparent et traversant les étages présente la réserve des instruments de musique. Des projections vidéo ont lieu sur le sol, de méduses, fleurs, vagues et paysages. Des sons passent dont des bruits de mer ou d’autres d’inspirations africaines La fin de l’ascension débouche sur un couloir où règne la pénombre.
On arrive alors sur le plateau des expositions permanentes. L’ambiance est sombre et les tons sont ocres. Le plafond est obscur avec une multitude de lumières diffuses, rappelant un ciel étoilé. Le spectateur est de suite appelé à prendre son temps pour admirer. Première œuvre en évidence : une statue en bois, de style djennenke et venue de la falaise de Bandiagara, au Mali.
L’entrée se fait dans une large salle aux tons blancs avec de fines vitres rouges. A l’intérieur, se trouve une rampe d’accès lumineuse et sinueuse conduisant à la salle principale. Un cylindre transparent et traversant les étages présente la réserve des instruments de musique. Des projections vidéo ont lieu sur le sol, de méduses, fleurs, vagues et paysages. Des sons passent dont des bruits de mer ou d’autres d’inspirations africaines La fin de l’ascension débouche sur un couloir où règne la pénombre.
On arrive alors sur le plateau des expositions permanentes. L’ambiance est sombre et les tons sont ocres. Le plafond est obscur avec une multitude de lumières diffuses, rappelant un ciel étoilé. Le spectateur est de suite appelé à prendre son temps pour admirer. Première œuvre en évidence : une statue en bois, de style djennenke et venue de la falaise de Bandiagara, au Mali.
Qu'est-ce-que-c'est? Allez au musée !
Le plateau est divisé en quatre zones géographiques, puis regroupé en parties historiques. Se suivent alors coquillages, masques, statuettes, tapis, enluminures, amulettes, manuscrits, trônes, totems, fusils ornés, défenses d’éléphants sculptés, chapeaux de danse emplumés, pipes avec pierreries incrustées, tableaux, boucles d’oreilles, capes colorées, fer forgé, dagues, poignards et sabres, poupées rituelles, sacs de couchages en peau de phoques, poupes de pirogue, tuniques de guerriers sioux, gantelets, stèles funéraires, tablettes coraniques, reliques… Le monde entier, en dehors de l’Europe, semble figurer dans ce grand bateau.
Frappé par la beauté, l’imagination, le réalisme, l’expression de ses œuvres, le spectateur peut ensuite poursuivre l’expérience. Des panneaux explicatifs et des documentaires permettent de mieux comprendre ces objets qui impressionnent d’autant plus. Le contexte de ces pièces magnifiques et à l’histoire riche rappellent l’inestimable valeur de la collection, en dehors des ses attributs esthétiques.
Frappé par la beauté, l’imagination, le réalisme, l’expression de ses œuvres, le spectateur peut ensuite poursuivre l’expérience. Des panneaux explicatifs et des documentaires permettent de mieux comprendre ces objets qui impressionnent d’autant plus. Le contexte de ces pièces magnifiques et à l’histoire riche rappellent l’inestimable valeur de la collection, en dehors des ses attributs esthétiques.
A l'intérieur, le plateau des collections
Réactions
L’architecture du bâtiment fait quasiment l’unanimité, et la collection du musée rassemble. Selon Noémie, touriste néerlandaise : «l’architecture est apaisante et présente bien les magnifiques collections.» Simon, étudiant, apprécie la qualité des pièces exposées : «La concentration d’ouvres est impressionnante, on apprend énormément». Khalid, amateur d’art, partage cet avis mais déplore le manque de repères : «un voyage fabuleux, mais la signalétique est insuffisante.» Mathilde, retraitée, regrette que les collections ne soient pas clairement séparées : «on passe de l’une à l’autre. C’est difficile de s’y retrouver, mais la sensation de voyage est très prenante.»
D’autres trouvent quelques détails à critiquer, comme Thibault, parisien curieux, qui considère que les «instruments de musique sont négligés, mais l’idée du cylindre transparent est bonne !» La luminosité du labyrinthique plateau permanent divise aussi. Josiane est mécontente : «l’éclairage est mauvais, les vitres sont trop sombres et des reflets gênent l’observation.» Mais Pierre, professeur d’arts plastiques, apprécie «cette lumière tamisée qui créé une atmosphère agréable» Il ajoute que «l’ambiance est saisissante, la séparation avec l’extérieur est marquée. J’ai parfois le sentiment de communiquer avec les objets.»
D’autres trouvent quelques détails à critiquer, comme Thibault, parisien curieux, qui considère que les «instruments de musique sont négligés, mais l’idée du cylindre transparent est bonne !» La luminosité du labyrinthique plateau permanent divise aussi. Josiane est mécontente : «l’éclairage est mauvais, les vitres sont trop sombres et des reflets gênent l’observation.» Mais Pierre, professeur d’arts plastiques, apprécie «cette lumière tamisée qui créé une atmosphère agréable» Il ajoute que «l’ambiance est saisissante, la séparation avec l’extérieur est marquée. J’ai parfois le sentiment de communiquer avec les objets.»
C'est un instrument de musique ! (Congo)
Lucien, chômeur, trouve que la «finition a été rapide». Il reviendra pour voir «le jardin terminé.» On sent par moments que le musée a été fini dans la précipitation, avec six mois de retard. La salle des expositions temporaires et le jardin sont encore en travaux. On aperçoit parfois quelques ratés sur les murs, avec des peintures abîmées. Les enthousiastes sont nombreux. Jean, l’un des responsables de la sécurité du musée, adore «ce coté mystérieux voir magique.», il progresse «de surprises en surprises» et ajoute qu’il a la chance de pouvoir «observer ces œuvres gratuitement.»
La circulation peut parfois s’avérer difficile. Certains couloirs sont étroits et les cubes n’acceptent pas plus de 10 personnes. A l’extérieur, l’attente est parfois longue car la salle des expositions accueille «juste» 1 400 personnes simultanément. Cependant, les œuvres attendues sont là. La progression se veut autant ethnographique qu’esthétique.
La circulation peut parfois s’avérer difficile. Certains couloirs sont étroits et les cubes n’acceptent pas plus de 10 personnes. A l’extérieur, l’attente est parfois longue car la salle des expositions accueille «juste» 1 400 personnes simultanément. Cependant, les œuvres attendues sont là. La progression se veut autant ethnographique qu’esthétique.
La façade tapissée de verdure
Les panneaux explicatifs se trouvent sur les côtés. Selon, Jean-Pierre Mohen, directeur des collections, les différents «objets doivent être vus comme des actions de la société qui les a produits». Ainsi, le contexte est restitué. Des écrans tactiles présentent des films documentaires. De nombreuses interviews sont disponibles ainsi que des historiques. Plusieurs visiteurs ont déploré un étiquetage insuffisant. La signalétique est en retard, son installation n’est pas terminée. Au final, elle sera être trilingue (français, anglais, espagnol).
Cependant, si le visiteur s’interroge sur les modes d’acquisition de ces trésors, la réponse quant à la provenance de ces œuvres n’est que très légèrement abordée. Il ne faut pas oublier que la majeure partie des pièces exposées peut être le fait de pillages qui se poursuivent depuis deux siècles. Un pillage dont le trafic est actuellement estimé entre 2 et 4,5 milliards d’euros par an.
Cependant, si le visiteur s’interroge sur les modes d’acquisition de ces trésors, la réponse quant à la provenance de ces œuvres n’est que très légèrement abordée. Il ne faut pas oublier que la majeure partie des pièces exposées peut être le fait de pillages qui se poursuivent depuis deux siècles. Un pillage dont le trafic est actuellement estimé entre 2 et 4,5 milliards d’euros par an.