Saphirnews. : Quel bilan tirez-vous du troisième congrès imams et rabbins qui vient de s’achever à Paris ?
Yahya Hendi. : C’est la troisième rencontre, après celles de Bruxelles et de Séville. Nous étions environ 55 imams et rabbins venus du monde entier, mais majoritairement d’Israël et des territoires palestiniens. Pendant trois jours, nous avons discuté de la paix au moyen-orient. Pour résumer : premièrement, les trois communautés, juifs, chrétiens et musulmans doivent complètement condamner la violence au nom de la religion, que ce soit au nom du judaïsme, du christianisme ou de l’islam. La violence n’est pas le langage de Dieu, ni celui que nous voulons promouvoir. La deuxième chose est que l’année prochaine, les chrétiens seront invités au congrès. La conférence s’appellera “ Rabbins, prêtres et imams pour la paix et le dialogue ”. Troisième chose : nous avons créé un comité de suivi qui va travailler pour la préparation de la prochaine rencontre et qui va recevoir les suggestions et les idées des différents responsables religieux à travers le monde. Enfin, le comité va publier un manuel pour expliquer chaque religion, avec un guide pour apprendre à parler aux autres. Cette rencontre est un véritable succès. Contrairement aux éditions précédentes, plus théoriques, celle-ci était plus pratique.
Etait-ce votre première rencontre avec des responsables religieux français ?
Y.H. : Oui. C’est mon premier voyage en France et j’espère que ce n’est pas le dernier. J’ai été très bien reçu, j’ai apprécié rencontrer les leaders de tous bords, juifs, musulmans et chrétiens.
Comment pouvez-vous caractériser le dialogue interreligieux aux Etats-Unis actuellement ?
Y.H. : Pour moi qui étudie le dialogue interreligieux depuis vingt ans, je pense que celui-ci réussit, progresse et se développe. C’est beaucoup mieux qu’il y a un an ou même dix ans, pas seulement aux Etats-Unis mais aussi en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique, partout. Le dialogue s’est amélioré ces derniers années. Aux Etats-Unis, les catholiques, juifs et musulmans participent plus. Avant, on parlait théologie, maintenant on parle de choses concrètes, on se relève les manches ! Nous faisons des choses ensemble, comme organiser des soupes populaires par exemple. Et là, on ne parle plus de théologie mais on fait la théologie. On doit aller plus loin que le dialogue intellectuel. Ce que nous avons en commun est plus important. Nous avons les mêmes causes à défendre notamment les luttes contre la pauvreté, l’extrémisme religieux, le terrorisme, le racisme, l' accès à l'éducation... sinon le dialogue interreligieux ne sert à rien !
Comment définiriez-vous l’Islam américain ?
Y.H. : La religion est la même partout mais le contexte diffère. Les musulmans américains ont plus de liberté de paroles que dans plein d’autres endroits. Nous nous critiquons nous-mêmes, et nous critiquons aussi le monde musulman. C’est très sain de pouvoir critiquer notre culture musulmane ! On est prêt à la réformer. Les fondations de l’Islam sont les mêmes partout : le monde est l’oeuvre de Dieu, les symboles sont les mêmes, ce qui diffère c’est le culte et la pratique de la religion.
Aux Etats-Unis, le président de la plus grande organisation musulmane du pays est une femme. On ne verrait pas ça ailleurs, pas même en France. Quand Ingrid Madson a été élue (présidente, ndlr), c’était nouveau, mais nous n’avons pas été choqué. Contrairement à nous, musulmans américains, beaucoup non-musulmans étaient étonnés. Dans ce conseil, nous avons pourtant beaucoup de femmes conseillères. D’autre part, ici, chiites et sunnites travaillent ensemble. Dans ma mosquée, ils viennent ensemble même si ce n’était pas le cas il y a quelques années. Les américains musulmans sont très intégrés dans le système américain. Ils sont très actifs avec les américains des autres confessions. Nous avons deux membres du congrès qui sont musulmans, certains sont maires, conseillers municipaux. Il y a environ 7 millions de musulmans et il y a environ 2500 mosquées. Les deuxième et troisième génération s’impliquent. Le pays affiche un certain volontarisme pour faire entrer des musulmans dans les institutions politiques. Mais cela n'est pas propre aux musulmans. L'arrivée des catholiques et des juifs aux Etats-Unis a elle aussi été difficile. Le pays s’est construit sur la liberté de la religion. L’Etat laisse le choix d’être religieux ou non.
Aux Etats-Unis, le président de la plus grande organisation musulmane du pays est une femme. On ne verrait pas ça ailleurs, pas même en France. Quand Ingrid Madson a été élue (présidente, ndlr), c’était nouveau, mais nous n’avons pas été choqué. Contrairement à nous, musulmans américains, beaucoup non-musulmans étaient étonnés. Dans ce conseil, nous avons pourtant beaucoup de femmes conseillères. D’autre part, ici, chiites et sunnites travaillent ensemble. Dans ma mosquée, ils viennent ensemble même si ce n’était pas le cas il y a quelques années. Les américains musulmans sont très intégrés dans le système américain. Ils sont très actifs avec les américains des autres confessions. Nous avons deux membres du congrès qui sont musulmans, certains sont maires, conseillers municipaux. Il y a environ 7 millions de musulmans et il y a environ 2500 mosquées. Les deuxième et troisième génération s’impliquent. Le pays affiche un certain volontarisme pour faire entrer des musulmans dans les institutions politiques. Mais cela n'est pas propre aux musulmans. L'arrivée des catholiques et des juifs aux Etats-Unis a elle aussi été difficile. Le pays s’est construit sur la liberté de la religion. L’Etat laisse le choix d’être religieux ou non.
Qu’avez-vous penser de la participation des étudiants de Georgetown, et plus particulièrement les étudiants musulmans, au moment des élections présidentielles ?
Y.H. : Il y a eu une participation active oui, plus qu’avant je ne sais pas. Comme observateur, j’ai toujours vu les jeunes s’impliquer. Car autant les républicains que les démocrates parlent des choses qui les concernent. D’autre part, je respecte profondément l’identité catholique de Georgetown. Et ceci ne m'empêche pas de me sentir musulman à Georgetown. Il y a 400 étudiants musulmans et beaucoup de membres de la faculté le sont aussi.
Est-ce que les musulmans américains attendent quelque chose de ce nouveau président ?
Y.H. : Oui. D’abord nous espérons la présence de musulmans dans son administration. On a besoin d’un Obama qui défende le pluralisme et la diversité, qui soit intéressé par la paix entre les israéliens et les palestiniens, qu’il s’occupe de tous les américains. Personnellement, j’adore Barack Obama. Il a clairement dit ce qu’il voulait faire, émanciper le monde à travers la diplomatie. Il veut se sortir de l’Irak, rencontrer les leaders musulmans, s’impliquer dans l’environnement, la lutte contre la pauvreté et le SIDA... C’est quelqu’un de très intelligent, brillant et spirituel (sens laïque du terme, ndrl)
* Yahya Hendi est également le fondateur et le président de l’organisation “ Imams de l’Univers, de la dignité, des droits de l’homme et du dialogue ” et aumônier au centre médical nationale de la marine (hôpital militaire naval).
Voir aussi : Troisième congrès mondial des imams et rabbins
* Yahya Hendi est également le fondateur et le président de l’organisation “ Imams de l’Univers, de la dignité, des droits de l’homme et du dialogue ” et aumônier au centre médical nationale de la marine (hôpital militaire naval).
Voir aussi : Troisième congrès mondial des imams et rabbins