Un épisode de plus, et beaucoup de musulmans semblent sonnés et résignés. L’épisode de « l’Etat » dit « islamique », qui brandit le drapeau du « gouvernorat » pieux et la pureté du « jihad ». Difficile de nier la parenté que, musulmans d’ici, nous aurions malgré nous, avec ce groupuscule. De celui-ci, nous ne connaissons ni l’histoire ni la genèse ! Nous sommes sommés de raser les murs, parce que notre religion serait celle de ces coupeurs de têtes en Irak.
Notre religion ne reconnaît aucun péché originel ? Des amis qui nous veulent du bien se chargent de nous en trouver, un péché, des péchés originels, essentiels.
Que faire devant cette situation pour le moins difficile ? Renoncer à l’une des notions les plus profondes de l’islam : le jihad, cité dans le Coran, la Sunna et dans toutes nos références ? C’est ce que semblent choisir certains parmi les nôtres, dans la communauté, qui se précipitent pour dénoncer le « jihad » sans nuances, sans précisions, tout en en adoptant la signification désormais consacrée par les médias, illustrée et préférée par des politiques.
Quelle indignité ! Parler à partir de la référence musulmane et en dévoyer les principes aussi légèrement et aussi opportunément. Epouser la même méprise de milices fanatisées et de jeunes embrigadés à distance, la même manipulation indigne que ces groupuscules veulent faire de l’islam pour parvenir à des fins bassement terrestres, et envelopper dans des draps de spiritualité un enthousiasme vengeur, ou une ignorance arrogante…
Ainsi se doit-on de rappeler que les musulmans ne faisant l’objet d’aucune instrumentalisation politique ni financière savent pertinemment que le jihad signifie l’« effort » et qu’il est, avant toute autre considération, spirituel.
Serait-il audible par les indignés de la paix abreuvés d’une littérature belliciste que les versets coraniques traitant de la guerre ne peuvent être sortis de leur contexte, et que le principe en islam est la promotion de la paix ? Que le jihad a été cité dans les références de l’islam pour qualifier :
La bonté envers les parents : « Fais le jihad, envers eux (tes parents) », dixit le Prophète à un jeune qui vint lui signifier vouloir prendre part au combat.
L’argumentation coranique selon le verset : « Accomplis, par le Coran, un jihad en face d’eux. »
La promotion de la justice même devant le despotisme : « Le meilleur du jihad est une parole de vérité devant un roi injuste. »
L’observance des recommandations divines : « Le moudjahid est celui qui déploie des efforts contre lui-même pour obéir au Seigneur. »
Ce n’est certainement pas en abdiquant face aux assujettissements conceptuels, rabâchés par des adeptes de l’à-peu-près et des locuteurs résolument érigés en ennemis de l’islam, que nous ferons face. Mais par une formation solide, une argumentation fondée, un retour aux fondements de l’islam et à ses savants...
Notre religion ne reconnaît aucun péché originel ? Des amis qui nous veulent du bien se chargent de nous en trouver, un péché, des péchés originels, essentiels.
Que faire devant cette situation pour le moins difficile ? Renoncer à l’une des notions les plus profondes de l’islam : le jihad, cité dans le Coran, la Sunna et dans toutes nos références ? C’est ce que semblent choisir certains parmi les nôtres, dans la communauté, qui se précipitent pour dénoncer le « jihad » sans nuances, sans précisions, tout en en adoptant la signification désormais consacrée par les médias, illustrée et préférée par des politiques.
Quelle indignité ! Parler à partir de la référence musulmane et en dévoyer les principes aussi légèrement et aussi opportunément. Epouser la même méprise de milices fanatisées et de jeunes embrigadés à distance, la même manipulation indigne que ces groupuscules veulent faire de l’islam pour parvenir à des fins bassement terrestres, et envelopper dans des draps de spiritualité un enthousiasme vengeur, ou une ignorance arrogante…
Ainsi se doit-on de rappeler que les musulmans ne faisant l’objet d’aucune instrumentalisation politique ni financière savent pertinemment que le jihad signifie l’« effort » et qu’il est, avant toute autre considération, spirituel.
Serait-il audible par les indignés de la paix abreuvés d’une littérature belliciste que les versets coraniques traitant de la guerre ne peuvent être sortis de leur contexte, et que le principe en islam est la promotion de la paix ? Que le jihad a été cité dans les références de l’islam pour qualifier :
La bonté envers les parents : « Fais le jihad, envers eux (tes parents) », dixit le Prophète à un jeune qui vint lui signifier vouloir prendre part au combat.
L’argumentation coranique selon le verset : « Accomplis, par le Coran, un jihad en face d’eux. »
La promotion de la justice même devant le despotisme : « Le meilleur du jihad est une parole de vérité devant un roi injuste. »
L’observance des recommandations divines : « Le moudjahid est celui qui déploie des efforts contre lui-même pour obéir au Seigneur. »
Ce n’est certainement pas en abdiquant face aux assujettissements conceptuels, rabâchés par des adeptes de l’à-peu-près et des locuteurs résolument érigés en ennemis de l’islam, que nous ferons face. Mais par une formation solide, une argumentation fondée, un retour aux fondements de l’islam et à ses savants...
Le devoir de promotion de nos références
C’est ainsi que des jeunes proies faciles aux lavages de cerveau seront à l’abri, et que beaucoup de musulmans que fait souffrir cet étalage médiatique qui salit leur religion seront apaisés.
Oui, le jihad est spirituel, englobe tout effort qui va dans ce sens : il n'a d’ailleurs de sens qu’en partant d’une purification de l’âme continue et d’une pratique religieuse tout autant apaisée qu’authentique.
Oui, il peut être synonyme de combat armé, mais celui-ci ne peut être mené que dans des circonstances précises. Il n’est l’apanage que des Etats souverains avec des armées constituées, ou de peuples assiégés, meurtris, qui résistent. Il ne peut être l’initiative de bandes sans références. Mais il ne peut jamais être synonyme de violences barbares, d’exécutions sommaires filmées, de massacres gratuits qui font fi de la religion des victimes, mais qui érigent celle-ci en argument pour abonder dans le sens d’une guerre des identités, fratricide entre les humains.
Dans une zone surveillée par des Etats-Unis qui avaient envahi l’Irak « pour son bien », nous ne pouvons que nous étonner devant cette fulgurante prolifération d’un groupe surarmé et redoutablement libéré de toute considération morale, bien que l’on puisse comprendre que certains jeunes qui s’y sont ralliés l’ont fait par naïveté, et se sont retrouvés otages et chair à canon.
Qualifier ces horreurs de jihad, c’est insulter l’islam et les musulmans. Et notre réaction à ces dévoiements doit être un vrai jjihad : celui de rappeler les références et de rester serein face aux provocations. Ce n’est pas parce qu’une poignée de fanatiques s’attribuent le qualificatif « islamique » que l’islam serait coupable.
En tant que musulmans, notre devoir de vigilance est grand face aux apprentis religieux, qui refusent d’apprendre et tentent de s’installer comme des références, sans savoir, sans modestie et sans travail sur eux-mêmes. Les maux de la modernité n’ont pas de frontières, et l’on peut sans problème brandir le Coran d’une main et le contredire allègrement et violemment de l’autre. La lecture de l’islam ne doit pas être l’échappatoire d’individus qui se fuient et refusent le vrai jihad : celui de la purification, de la formation et de la construction.
****
Hassan Safoui est secrétaire général du Comité 15 mars et Libertés.
Oui, le jihad est spirituel, englobe tout effort qui va dans ce sens : il n'a d’ailleurs de sens qu’en partant d’une purification de l’âme continue et d’une pratique religieuse tout autant apaisée qu’authentique.
Oui, il peut être synonyme de combat armé, mais celui-ci ne peut être mené que dans des circonstances précises. Il n’est l’apanage que des Etats souverains avec des armées constituées, ou de peuples assiégés, meurtris, qui résistent. Il ne peut être l’initiative de bandes sans références. Mais il ne peut jamais être synonyme de violences barbares, d’exécutions sommaires filmées, de massacres gratuits qui font fi de la religion des victimes, mais qui érigent celle-ci en argument pour abonder dans le sens d’une guerre des identités, fratricide entre les humains.
Dans une zone surveillée par des Etats-Unis qui avaient envahi l’Irak « pour son bien », nous ne pouvons que nous étonner devant cette fulgurante prolifération d’un groupe surarmé et redoutablement libéré de toute considération morale, bien que l’on puisse comprendre que certains jeunes qui s’y sont ralliés l’ont fait par naïveté, et se sont retrouvés otages et chair à canon.
Qualifier ces horreurs de jihad, c’est insulter l’islam et les musulmans. Et notre réaction à ces dévoiements doit être un vrai jjihad : celui de rappeler les références et de rester serein face aux provocations. Ce n’est pas parce qu’une poignée de fanatiques s’attribuent le qualificatif « islamique » que l’islam serait coupable.
En tant que musulmans, notre devoir de vigilance est grand face aux apprentis religieux, qui refusent d’apprendre et tentent de s’installer comme des références, sans savoir, sans modestie et sans travail sur eux-mêmes. Les maux de la modernité n’ont pas de frontières, et l’on peut sans problème brandir le Coran d’une main et le contredire allègrement et violemment de l’autre. La lecture de l’islam ne doit pas être l’échappatoire d’individus qui se fuient et refusent le vrai jihad : celui de la purification, de la formation et de la construction.
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Hassan Safoui est secrétaire général du Comité 15 mars et Libertés.
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