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Religions

Nantes : d’une pierre, deux coups

Rédigé par Zakaria Saadi et Leila Belghiti | Vendredi 15 Mai 2009 à 09:00

           

Franc succès pour la première Rencontre annuelle des musulmans de l’Ouest (RAMO), qui a rassemblé près de 1 600 visiteurs dimanche à la Cité internationale des congrès de Nantes. Une journée qui restera gravée dans la mémoire des musulmans de la région, qui ont célébré, le même jour, la pose de la première pierre de leur futur centre islamique.



Inauguration des travaux du centre islamique Assalam, à Nantes, le 10 mai 2009.
Inauguration des travaux du centre islamique Assalam, à Nantes, le 10 mai 2009.
Ce fut au tour des musulmans de l’Ouest de tenter l’expérience d’une rencontre annuelle régionale : « Une vraie journée-test très attendue par le public, qui, en venant nombreux, a montré son attachement à l’organisation de ces grands rendez-vous régionaux », s’est réjoui Mustapha El Amrani, administrateur de l’Association islamique de l’ouest de la France (AIOF) et coordinateur de la rencontre. Ainsi, pour Safia, étudiante à Nantes : « Il n’y a aucun grand rendez-vous de ce type dans la région. Je ne pouvais pas manquer cette journée malgré les examens qui approchent. »

La thématique consensuelle et désormais classique du vivre-ensemble était l’occasion pour l’AIOF, proche de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), de rappeler le nécessaire rapport d’échanges et d’écoute entre tous les citoyens. Le dialogue interreligieux était également au rendez-vous, avec la présence de représentants catholiques.

Stands, conférences et chants formaient à eux trois le cocktail prévu pour les visiteurs, venus principalement de Nantes, mais aussi des régions avoisinantes. La RAMO a atteint son pic de fréquentation vers 13 heures : Tariq Ramadan, qui était l’un des intervenants les plus attendus de cette rencontre, a fait salle comble. Insistant sur la nécessité de « la connaissance mutuelle dans le respect de la différence », il a appelé l’auditoire à faire preuve d’« ouverture » et d’« humilité ».

Yohann, 26 ans, accompagne un ami. Il est venu écouter l’intellectuel genevois, dont il a lu certaines œuvres. « Le contenu des conférences a été très instructif. Pour une première, j’ai trouvé l’organisation très bien faite. »

Dans la galerie d’expositions, le public s’est montré particulièrement sensible aux actions des ONG. Parmi la quarantaine de stands exposés se trouvaient des associations étudiantes, humanitaires ou culturelles, et des vente de livres et de « vêtements islamiques ». Pour la famille A., venue au complet, « c’est l’occasion de passer une journée ensemble et d’allier l’utile à l’agréable ». Un espace enfants proposait aux plus jeunes des ateliers éducatifs et ludiques, tout au long de l’après-midi.

Pose de la première pierre du futur centre islamique, en présence de Lhaj Thami Breze (à g.), président de l'UOIF, et de Pascal Bolo (à dr.), adjoint au maire de Nantes.
Pose de la première pierre du futur centre islamique, en présence de Lhaj Thami Breze (à g.), président de l'UOIF, et de Pascal Bolo (à dr.), adjoint au maire de Nantes.

Escapade historique

En marge de la journée, à 16 heures, c’est un autre événement, tout aussi historique que symbolique, qu’a vécu la ville de Nantes : la pose de la première pierre de la future mosquée Assalam, un terrain de 3 000 m2, sur le site en friche, bordant les rives de Loire.

Pascal Bolo, adjoint à la municipalité de Nantes, a déclaré son soutien au projet « comme (la ville) l’a déjà fait pour d’autres projets de ce type ». « Notre république est laïque, elle ne reconnaît officiellement et ne finance aucun culte. Pour autant, elle respecte les croyances et garantit la liberté de culte », a-t-il rappelé. « (... ) Il fallait donc, à la faveur du grand projet de ville, pouvoir bénéficier de la maîtrise d’ouvrage publique, pour la construction d'un centre cultuel financé par les croyants et d’un centre culturel qui sera un lieu d'ouverture », a expliqué l’adjoint au maire chargé des finances. Et de conclure : « Je me fie au bon présage que constitue le nom du futur centre islamique Assalam. »

Un événement que n’aura pas manqué le président de l’UOIF, Lhaj Thami Breze, qui a salué le « sérieux » et la « détermination » des responsables de l’AIOF, et qui les a encouragés à « la récolte de dons à travers toute la France ».

Des dons, il en faudra. Et la RAMO tombe bien : l’occasion de sensibiliser les fidèles et d’en récolter un maximum. Estimé à 4,4 millions d’euros, l’AIOF compte sur la générosité de ses fidèles. Disposant pour le moment de 1,5 million d’euros, l’association a juste de quoi démarrer le gros œuvre. Créée dans les années 1970 par des immigrés, l’association habitait jusqu’à présent quai Malakoff, dans une ancienne chapelle convertie en salle de prière, « devenue trop exiguë », selon Ahmed Loukili, responsable technique du projet.
Avant de retourner à la RAMO, Abdelkhalek Chadli, président de l’AIOF, est ému : « Cela fait dix ans qu’on attendait cela. » Les travaux devraient durer de 15 à 18 mois.





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