Hijab. Flickr/Lion Multimedia Productions. (DR)
Alors que nous célébrons la Journée internationale des droits des femmes, nous, femmes musulmanes en Europe, devons encore nous battre pour notre droit à l'égalité au quotidien.
Dans les débats nationaux sur l'« identité », les droits des femmes sont souvent utilisés pour opposer les supposés « champion.e.s » de l'égalité entre les sexes aux « Autres », qui menaceraient ces droits difficilement acquis. C’est dans ce contexte que survient régulièrement le débat autour du voile ainsi que des règlements interdisant le port de celui-ci. Depuis les années 1960, les femmes en Europe se sont battues pour avoir le droit d'avoir le dernier mot sur leur propre corps. Le port du foulard est néanmoins perçu par certains comme un recul dans le temps.
Plusieurs partis politiques, l'extrême droite et certains citoyens insistent sur l’idée que l'islam est un problème en soi qui doit être résolu et qui opprime les femmes. Quelle serait alors la vraie liberté pour les femmes ? La liberté d'être qui nous voulons être. La liberté d'être en sécurité et non harcelées sexuellement. La liberté d'avoir les mêmes opportunités et les mêmes salaires que nos homologues masculins. La liberté de choisir ce que nous voulons porter. La liberté d'avoir accès aux soins de santé, à l'éducation et au lieu de travail, indépendamment de nos opinions et croyances.
Malheureusement, ces libertés ne sont pas encore garanties pour toutes les femmes. Les femmes continuent d'être harcelées sexuellement par les hommes, indépendamment de leur origine ethnique et économique, elles gagnent toujours moins d'argent que les hommes et la garde d’enfants et les tâches ménagères sont encore pour la plupart considérés comme étant la responsabilité des femmes. Nous luttons toujours pour nos droits au travail et le droit de faire nos propres choix.
Les femmes musulmanes ont tendance à être représentées comme opprimées, et c'est pourquoi beaucoup veulent nous « sauver ». Mais nous n'avons pas besoin d'être sauvées. Nous pouvons faire nos propres choix de vie. Par contre, nous devons encore nous battre pour notre liberté de travailler là où nous voulons,et d’être jugée uniquement sur base de nos compétences et capacités. Cependant, il semble que cette liberté fondamentale soit de nouveau en danger.
Le 14 mars, la Cour de justice de l'Union européenne décidera si l’interdiction du port du foulard dans le secteur privé est discriminatoire. Nous ne savons pas quelle sera la décision de la Cour, mais nous espérons que la Cour de Justice choisira de suivre la voie de l’inclusion, l’égalité, la non-discrimination et l'autodétermination, ces principes fondamentaux de l’Union européenne.
C'est pourquoi, plus d'un siècle après la première Journée internationale des droits des femmes, la question de la liberté et de l'égalité pour tou.te.s demeure centrale. Comment est-il possible de décider à leur place ce que les femmes peuvent ou ne peuvent pas porter ? La discussion sur le foulard est un écran de fumée qui nous empêche de remettre en question l'absence d'égalité entre les sexes dans notre société actuelle. Si nous voulons un monde meilleur, nous devons parler des vrais obstacles à l'émancipation des femmes. Quant à la façon dont nous choisissons de nous habiller, ne vous inquiétez pas pour nous, on s’en charge !
Signataires :
Julie Pascoët (Réseau européen contre le racisme - ENAR)
Sandra Doevendans (Al Nisa, Hollandse Liefde, Pays-Bas)
Hajar El Jahidi (Forum européen des femmes musulmanes - EFOMW)
Kim Lecoyer (KARAMAH EU - Muslim Women Lawyers for Human Rights)
Assia Oulkadi (Forum of European Muslim Youth and Student Organisations - FEMYSO)
Layla Azzouzi (Collectif contre l’islamophobie en Belgique – CCIB, Belgique)
Samira Azabar (Boeh! - Baas over Eigen Hoofd, Belgique)
Kitty Roggeman (Boeh! - Baas over Eigen Hoofd, Belgique)
Maryam H'madoun (Boeh! - Baas Over Eigen Hoofd, Belgique)
Saila Ouald-Chaib (Centre pour les droits de l’homme, Université de Gand, Belgique)
Kahina Rabahi (Collectif contre l’islamophobie en France – CCIF, France)
Marianne Vorthoren (Stichting Platform Islamitische Organisaties Rijnmond – SPIOR, Pays Bas)
Fatima Doubakil (Muslim Human Rights Committee, Suède)
Dans les débats nationaux sur l'« identité », les droits des femmes sont souvent utilisés pour opposer les supposés « champion.e.s » de l'égalité entre les sexes aux « Autres », qui menaceraient ces droits difficilement acquis. C’est dans ce contexte que survient régulièrement le débat autour du voile ainsi que des règlements interdisant le port de celui-ci. Depuis les années 1960, les femmes en Europe se sont battues pour avoir le droit d'avoir le dernier mot sur leur propre corps. Le port du foulard est néanmoins perçu par certains comme un recul dans le temps.
Plusieurs partis politiques, l'extrême droite et certains citoyens insistent sur l’idée que l'islam est un problème en soi qui doit être résolu et qui opprime les femmes. Quelle serait alors la vraie liberté pour les femmes ? La liberté d'être qui nous voulons être. La liberté d'être en sécurité et non harcelées sexuellement. La liberté d'avoir les mêmes opportunités et les mêmes salaires que nos homologues masculins. La liberté de choisir ce que nous voulons porter. La liberté d'avoir accès aux soins de santé, à l'éducation et au lieu de travail, indépendamment de nos opinions et croyances.
Malheureusement, ces libertés ne sont pas encore garanties pour toutes les femmes. Les femmes continuent d'être harcelées sexuellement par les hommes, indépendamment de leur origine ethnique et économique, elles gagnent toujours moins d'argent que les hommes et la garde d’enfants et les tâches ménagères sont encore pour la plupart considérés comme étant la responsabilité des femmes. Nous luttons toujours pour nos droits au travail et le droit de faire nos propres choix.
Les femmes musulmanes ont tendance à être représentées comme opprimées, et c'est pourquoi beaucoup veulent nous « sauver ». Mais nous n'avons pas besoin d'être sauvées. Nous pouvons faire nos propres choix de vie. Par contre, nous devons encore nous battre pour notre liberté de travailler là où nous voulons,et d’être jugée uniquement sur base de nos compétences et capacités. Cependant, il semble que cette liberté fondamentale soit de nouveau en danger.
Le 14 mars, la Cour de justice de l'Union européenne décidera si l’interdiction du port du foulard dans le secteur privé est discriminatoire. Nous ne savons pas quelle sera la décision de la Cour, mais nous espérons que la Cour de Justice choisira de suivre la voie de l’inclusion, l’égalité, la non-discrimination et l'autodétermination, ces principes fondamentaux de l’Union européenne.
C'est pourquoi, plus d'un siècle après la première Journée internationale des droits des femmes, la question de la liberté et de l'égalité pour tou.te.s demeure centrale. Comment est-il possible de décider à leur place ce que les femmes peuvent ou ne peuvent pas porter ? La discussion sur le foulard est un écran de fumée qui nous empêche de remettre en question l'absence d'égalité entre les sexes dans notre société actuelle. Si nous voulons un monde meilleur, nous devons parler des vrais obstacles à l'émancipation des femmes. Quant à la façon dont nous choisissons de nous habiller, ne vous inquiétez pas pour nous, on s’en charge !
Signataires :
Julie Pascoët (Réseau européen contre le racisme - ENAR)
Sandra Doevendans (Al Nisa, Hollandse Liefde, Pays-Bas)
Hajar El Jahidi (Forum européen des femmes musulmanes - EFOMW)
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