Le réalisateur Mohamed Hamidi a particulièrement soigné son casting pour son film « Né quelque part ». Autour de Tewfik Jallab, qui incarne le rôle principal, on trouve notamment Jamel Debbouze, Fatsah Bouyahmed, Abdelkader Secteur, Malik Benthala. (Photo : © Mars Distribution)
Agrégé d’économie, enseignant à Sciences Po, cofondateur du Bondy Blog, codirecteur des spectacles de Jamel Debbouze, Mohamed Hamidi a fini par réaliser un premier film qui transpire sa propre histoire. Habitué des stand-up (il a coécrit et mis en scène « Malik se la raconte », de Malik Benthala, « Vie de chien », d’Abdelkader Secteur), il ne cesse d’alterner dans son Né quelque part les scènes (un peu) dramatiques et l’humour algérien.
Son histoire ? Farid Hadji (Tewfik Jallab), jeune homme de 28 ans, qui finit ses études de droit, n’a jamais mis les pieds en Algérie. Il se voit envoyé en terre natale par son père, hospitalisé après une crise cardiaque d’avoir reçu de mauvaises nouvelles du village.
Mission du voyage : défendre les droits de son père pour ne pas se faire exproprier du terrain sur lequel son père a bâti « pierre après pierre » sa maison pour l’équivalent d’environ 20 000 €.
La maison, symbole de toute la fratrie immigrée, de la réussite sociale en France, de ferment familial, trace de ce qu’aura pu léguer le père à ses enfants après des années de labeur passées en France : « Je vous ai construit six chambres, une par enfant. » La maison, un legs symbolique à la nouvelle génération en France, qui, bien souvent, ne retournera au pays pour la première fois qu’au moment où il lui faudra enterrer le patriarche dans la terre des ancêtres.
Au village de Né quelque part, un autre Farid Hadji (Djamel Debbouze), fils-du-frère-du-père-de-Farid-le-Français, surnommé « le roublard », chômeur comme l’est 33 % de la jeunesse algérienne, trafique de l’essence entre le Maroc et l’Algérie. Homonyme, il finira par piquer les papiers de son cousin pour tenter sa chance au pays de ses rêves : la France. Farid Hadji, le beau-gosse-étudiant-en-droit-ayant-une-copine-blonde-elle-aussi-à-la-fac-de-droit, reste donc, malgré lui, en Algérie.
Au café de Secteur, épicentre du village, se retrouvent, comme lui, les galériens de l’Algérie, tous chômeurs, ceux qui commentent le foot, ceux qui jouent aux cartes, ceux qui ne disent rien… Les scènes de café sont souvent les plus savoureuses, on y goûte l’humour typiquement algérien qui nous fait oublier la crise et le réalisateur Mohamed Hamidi y dresse sa série de portraits : Fateh le réceptionniste (Fatsah Bouyahmed), le cafetier Secteur (Abdelkader Secteur), le Bill Gates local, le mécanicien qui tente dix fois d’obtenir le visa pour rejoindre sa fiancée dans le nord de la France…
Son histoire ? Farid Hadji (Tewfik Jallab), jeune homme de 28 ans, qui finit ses études de droit, n’a jamais mis les pieds en Algérie. Il se voit envoyé en terre natale par son père, hospitalisé après une crise cardiaque d’avoir reçu de mauvaises nouvelles du village.
Mission du voyage : défendre les droits de son père pour ne pas se faire exproprier du terrain sur lequel son père a bâti « pierre après pierre » sa maison pour l’équivalent d’environ 20 000 €.
La maison, symbole de toute la fratrie immigrée, de la réussite sociale en France, de ferment familial, trace de ce qu’aura pu léguer le père à ses enfants après des années de labeur passées en France : « Je vous ai construit six chambres, une par enfant. » La maison, un legs symbolique à la nouvelle génération en France, qui, bien souvent, ne retournera au pays pour la première fois qu’au moment où il lui faudra enterrer le patriarche dans la terre des ancêtres.
Au village de Né quelque part, un autre Farid Hadji (Djamel Debbouze), fils-du-frère-du-père-de-Farid-le-Français, surnommé « le roublard », chômeur comme l’est 33 % de la jeunesse algérienne, trafique de l’essence entre le Maroc et l’Algérie. Homonyme, il finira par piquer les papiers de son cousin pour tenter sa chance au pays de ses rêves : la France. Farid Hadji, le beau-gosse-étudiant-en-droit-ayant-une-copine-blonde-elle-aussi-à-la-fac-de-droit, reste donc, malgré lui, en Algérie.
Au café de Secteur, épicentre du village, se retrouvent, comme lui, les galériens de l’Algérie, tous chômeurs, ceux qui commentent le foot, ceux qui jouent aux cartes, ceux qui ne disent rien… Les scènes de café sont souvent les plus savoureuses, on y goûte l’humour typiquement algérien qui nous fait oublier la crise et le réalisateur Mohamed Hamidi y dresse sa série de portraits : Fateh le réceptionniste (Fatsah Bouyahmed), le cafetier Secteur (Abdelkader Secteur), le Bill Gates local, le mécanicien qui tente dix fois d’obtenir le visa pour rejoindre sa fiancée dans le nord de la France…
Le regretté Mohamed Majd (à g.), qui interprète ici le vieux Hadj, est aujourd'hui décédé. Il a notamment tourné dans les films d'Ismael Ferroukhi, de Rachid Bouchareb et de Radu Mihaileanu. (Photo : © Mars Distribution)
Contraint de rester, Farid va appliquer ses connaissances en droit pour rallier les voisins de son père à déposer un recours administratif pour empêcher l’État de détruire leurs maisons afin d’y faire passer un gazéoduc destiné à l’Espagne. « L’Algérie est riche mais elle n’a pas d’argent. » Les voisins, au départ résignés, se décideront enfin à défendre leurs droits, grâce à l’entremise et le pouvoir de conviction de l’imam local, un ancien ouvrier « qui a fait l’usine avec ton père », confie l’imam à Farid.
Et il y a la belle Samira, la petite-fille de Hadj, le vieux voisin auprès de qui Farid recueille des bribes de sa propre histoire familiale. (Hadj est d’autant plus attachant qu’il est incarné par Mohamed Majd, un grand acteur marocain que l’on avait vu jouer, notamment, dans Indigènes et La Source des femmes, et qui est décédé cet hiver).
Né quelque part, sans être politique, distille la situation de la jeunesse algérienne, née de part et d’autre de la Méditerranée : celle qui se dit d’origine algérienne mais n’en connaît rien ; celle qui vit en Algérie mais ne rêve que de la quitter.
Mais le réalisateur Mohamed Hamidi n’oublie pas de dessiner de très beaux portraits d’anciens : ceux qui sont partis parce qu’il fallait bien désigner un membre de la famille qui s’exile pour faire vivre tous les autres restés au pays ; ceux qui n’ont pas eu le « courage » de partir, mais le regrettent des années plus tard, parce que dans l’incapacité d’offrir à présent un avenir meilleur à leurs enfants ; et ceux qui sont seulement évoqués mais en disent long sur l’attachement à la terre natale, à la mère patrie. Tel ce moujahidine, à qui l’on a donné une terre à la fin de la guerre et n’a pas voulu partir : son fils, le Bill Gates local, renoncera, lui aussi, à embarquer sur une flottille de fortune pour gagner clandestinement les côtes françaises. Un renoncement, sans doute par fidélité à son père, par fidélité à sa terre.
La symbolique de la maison, l’attachement à la terre, les déchirements de l’exil, le retour aux origines, la transmission de l’histoire familiale… font de Né quelque part, premier long métrage de Mohamed Hamidi, un film attachant grâce à sa galerie de portraits qui gravitent autour du personnage principal. Car même s’il est ancré en Algérie et centré autour de la figure du (des) jeune(s) Farid, Né quelque part parle autant aux anciennes qu’aux jeunes générations touchées par l’immigration, et pas seulement maghrébine.
Les mélomanes apprécieront, pour leur part, la bande son égrenant des morceaux du rappeur Lotfi Double Canon, de Cheikha Rimitti et d’Ibrahim Maalouf.
Et il y a la belle Samira, la petite-fille de Hadj, le vieux voisin auprès de qui Farid recueille des bribes de sa propre histoire familiale. (Hadj est d’autant plus attachant qu’il est incarné par Mohamed Majd, un grand acteur marocain que l’on avait vu jouer, notamment, dans Indigènes et La Source des femmes, et qui est décédé cet hiver).
Né quelque part, sans être politique, distille la situation de la jeunesse algérienne, née de part et d’autre de la Méditerranée : celle qui se dit d’origine algérienne mais n’en connaît rien ; celle qui vit en Algérie mais ne rêve que de la quitter.
Mais le réalisateur Mohamed Hamidi n’oublie pas de dessiner de très beaux portraits d’anciens : ceux qui sont partis parce qu’il fallait bien désigner un membre de la famille qui s’exile pour faire vivre tous les autres restés au pays ; ceux qui n’ont pas eu le « courage » de partir, mais le regrettent des années plus tard, parce que dans l’incapacité d’offrir à présent un avenir meilleur à leurs enfants ; et ceux qui sont seulement évoqués mais en disent long sur l’attachement à la terre natale, à la mère patrie. Tel ce moujahidine, à qui l’on a donné une terre à la fin de la guerre et n’a pas voulu partir : son fils, le Bill Gates local, renoncera, lui aussi, à embarquer sur une flottille de fortune pour gagner clandestinement les côtes françaises. Un renoncement, sans doute par fidélité à son père, par fidélité à sa terre.
La symbolique de la maison, l’attachement à la terre, les déchirements de l’exil, le retour aux origines, la transmission de l’histoire familiale… font de Né quelque part, premier long métrage de Mohamed Hamidi, un film attachant grâce à sa galerie de portraits qui gravitent autour du personnage principal. Car même s’il est ancré en Algérie et centré autour de la figure du (des) jeune(s) Farid, Né quelque part parle autant aux anciennes qu’aux jeunes générations touchées par l’immigration, et pas seulement maghrébine.
Les mélomanes apprécieront, pour leur part, la bande son égrenant des morceaux du rappeur Lotfi Double Canon, de Cheikha Rimitti et d’Ibrahim Maalouf.
Né quelque part, de Mohamed Hamidi, avec Tewfik Jallab, Jamel Debbouze, Fatsah Bouyahmed, Abdelkader Secteur, Malik Benthala, Fehd Benchemsi, Mourad Zaoui, Miloud Khetib, Mohamed Majd, Julie de Bona, Zined Obeid. En salles le 19 juin.