Les appels à la reconnaissance du vote blanc se multiplient, y compris au sein de la communauté musulmane.
Dimanche 6 mai 2012, 20 heures. Le visage du président de la République qui va prendre les commandes de la France pour les cinq prochaines années apparaît enfin : contre toute attente, c'est... Nicolas Sarkozy qui remporte l'élection présidentielle ! Un scénario de campagne que des millions de Français ne veulent surtout pas imaginer, tout comme une grande partie de la communauté musulmane, trop de fois attaquée par l'UMP ces dernières semaines et années.
Pourtant, l'arrivée de François Hollande à l'Elysée n'inspire pas confiance à ceux qui n'ont pas voté pour lui le 22 avril. En cause : son programme, qui ne convainc pas assez. A l’image de Mina, 25 ans, qui dit être « consciente de l'intérêt majeur d'aller voter contre Sarkozy et sa politique délétère ». « Mais en accord avec mes valeurs, j'aurai du mal à aller voter pour Hollande et sa politique libérale. Le PS ne m'a pas convaincue ces dernières années », indique-t-elle.
« Le changement, c'est maintenant » : vraiment ? Pas le moins du monde pour Sofiane, 30 ans : « Je me déplacerai pour remplir mon devoir de citoyen. J’espère très fortement la défaite de Sarkozy mais je ne pourrais adresser mon vote au PS, trop compromis avec Israël au grand dam du peuple palestinien qui souffre depuis trop longtemps. Les valeurs que le PS défend ne s’appliquent pas à tout le monde visiblement. » Quant à Laetitia, 29 ans, elle évoque la proposition de loi « anti-nounous voilées » pour justifier son anti-hollandisme. « Le changement tel qu'il le prône n'en est pas un, il s'agit d'un changement d'apparence », renchérit Mina, 25 ans. Un sentiment de rejet qu’exprime également Nabil Ennasri, président du Collectif des musulmans de France (CMF).
Pourtant, l'arrivée de François Hollande à l'Elysée n'inspire pas confiance à ceux qui n'ont pas voté pour lui le 22 avril. En cause : son programme, qui ne convainc pas assez. A l’image de Mina, 25 ans, qui dit être « consciente de l'intérêt majeur d'aller voter contre Sarkozy et sa politique délétère ». « Mais en accord avec mes valeurs, j'aurai du mal à aller voter pour Hollande et sa politique libérale. Le PS ne m'a pas convaincue ces dernières années », indique-t-elle.
« Le changement, c'est maintenant » : vraiment ? Pas le moins du monde pour Sofiane, 30 ans : « Je me déplacerai pour remplir mon devoir de citoyen. J’espère très fortement la défaite de Sarkozy mais je ne pourrais adresser mon vote au PS, trop compromis avec Israël au grand dam du peuple palestinien qui souffre depuis trop longtemps. Les valeurs que le PS défend ne s’appliquent pas à tout le monde visiblement. » Quant à Laetitia, 29 ans, elle évoque la proposition de loi « anti-nounous voilées » pour justifier son anti-hollandisme. « Le changement tel qu'il le prône n'en est pas un, il s'agit d'un changement d'apparence », renchérit Mina, 25 ans. Un sentiment de rejet qu’exprime également Nabil Ennasri, président du Collectif des musulmans de France (CMF).
Nabil Ennasri, président du Collectif des musulmans de France (CMF).
Le vote blanc, un choix par défaut et de conviction
Nabil, qui exprime ici une position des plus personnelles, n’y va pas par quatre chemins pour décrire le bilan du président sortant: « Sarkozy a fait ce qu’il y a de pire sous la Ve République et n’a jamais été à la hauteur de ses fonctions (…). Il a sa place dans les poubelles de l’Histoire politique française. » Ce n’est pas pour autant qu’il choisira PS au second tour. « Je ne serai pas de ceux qui, par anti-sarkozysme ou par conviction, voterait pour François Hollande », nous déclare-t-il.
Au premier tour du 22 avril, plus de 700 000 électeurs (1,92 %) ont laissé un vote nul ou blanc comme Nabil. Un chiffre à peine moins élevé que le résultat d’Eva Joly mais supérieur à ceux qu'ont obtenus Nicolas Dupont-Aignan ou Philippe Poutou. Bien que les observateurs ne puissent donner une signification générale à ce chiffre, les appels à la reconnaissance du vote blanc se multiplient.
Pour sa part, Nabil fait ce choix « par défaut », car il dit ne se retrouver dans aucun des programmes mais il s'avère aussi être « un choix de conviction » car « sincère » et s’en explique en mettant évidence des critères qui, pour lui, « démontrent que Hollande n’a pas grand-chose à envier à l’équipe de Sarkozy. Alors peut-être il est moins véhément sur la question de l’islamophobie aujourd’hui mais il n’est pas au pouvoir et il a tenu un certain nombre de postures sur les musulmans pas des plus enviables », faisant notamment référence au projet de loi « anti-nounous voilées ». « Quand on parle de laïcité en France tout comme on parle du communautarisme, c’est un moyen détourné, un instrument idéologique pour pouvoir faire passer des lois liberticides comme celle contre le hijab (à l’école, ndlr) en 2004 et contre le niqab en 2010 », ajoute-t-il.
Au premier tour du 22 avril, plus de 700 000 électeurs (1,92 %) ont laissé un vote nul ou blanc comme Nabil. Un chiffre à peine moins élevé que le résultat d’Eva Joly mais supérieur à ceux qu'ont obtenus Nicolas Dupont-Aignan ou Philippe Poutou. Bien que les observateurs ne puissent donner une signification générale à ce chiffre, les appels à la reconnaissance du vote blanc se multiplient.
Pour sa part, Nabil fait ce choix « par défaut », car il dit ne se retrouver dans aucun des programmes mais il s'avère aussi être « un choix de conviction » car « sincère » et s’en explique en mettant évidence des critères qui, pour lui, « démontrent que Hollande n’a pas grand-chose à envier à l’équipe de Sarkozy. Alors peut-être il est moins véhément sur la question de l’islamophobie aujourd’hui mais il n’est pas au pouvoir et il a tenu un certain nombre de postures sur les musulmans pas des plus enviables », faisant notamment référence au projet de loi « anti-nounous voilées ». « Quand on parle de laïcité en France tout comme on parle du communautarisme, c’est un moyen détourné, un instrument idéologique pour pouvoir faire passer des lois liberticides comme celle contre le hijab (à l’école, ndlr) en 2004 et contre le niqab en 2010 », ajoute-t-il.
Les mœurs, un critère de sélection qui élimine la gauche
Ses critères de sélection d’un candidat sont néanmoins plus larges et il ne les réduit pas à « des dispositions purement communautaires. Bien sûr, les postures du candidat sur l’islam, l’islamophobie ou la Palestine sont très importantes et tout à fait légitimes mais la question des mœurs et des valeurs familiales sont aussi importantes pour moi. Je ne me retrouve absolument pas dans le projet de société proposé par la gauche sur le mariage homosexuel en passant par l’adoption ou le Pass' contraception pour les mineurs (...) et je ne souhaite pas, de par mon vote, développer et renforcer la dépravation d’une société. C’est conservateur pour beaucoup mais, en même temps, je fais le choix de la conviction et de la cohésion personnelle motivées par une inspiration islamique et une éthique qui me fait prendre la globalité du message du candidat », explique-t-il.
Les mœurs, des arguments auxquels sont aussi sensibles les catholiques et les protestants parmi les pratiquants, qui destinent majoritairement leur vote pour Nicolas Sarkozy sans que ce choix soit décrié par la classe politique.
Mais voter blanc ne signifierait-il pas laisser plus de place à Sarkozy ? Pour Mina, tiraillé entre ce bulletin et Hollande, « le vote blanc est le reflet d'un manque, le manque d'un parti auquel on pourrait adhérer ou même s'identifier à travers les valeurs et les idées qu'il véhicule. Le vote blanc est un choix électoral mais, malheureusement, il n'a pas sa place en France ». Pour Sahbia, 18 ans, « c'est l'heure du choix et je ne vois pas l'intérêt du vote blanc pour le second tour car cela ne peut profiter qu'à un seul candidat : Sarkozy. Trop d'années que la droite est au pouvoir, il faut un changement. »
Les mœurs, des arguments auxquels sont aussi sensibles les catholiques et les protestants parmi les pratiquants, qui destinent majoritairement leur vote pour Nicolas Sarkozy sans que ce choix soit décrié par la classe politique.
Mais voter blanc ne signifierait-il pas laisser plus de place à Sarkozy ? Pour Mina, tiraillé entre ce bulletin et Hollande, « le vote blanc est le reflet d'un manque, le manque d'un parti auquel on pourrait adhérer ou même s'identifier à travers les valeurs et les idées qu'il véhicule. Le vote blanc est un choix électoral mais, malheureusement, il n'a pas sa place en France ». Pour Sahbia, 18 ans, « c'est l'heure du choix et je ne vois pas l'intérêt du vote blanc pour le second tour car cela ne peut profiter qu'à un seul candidat : Sarkozy. Trop d'années que la droite est au pouvoir, il faut un changement. »
Les législatives, un troisième tour d’importance
A ceux qui critiquent le choix du vote blanc pour le 6 mai, Nabil explique qu’il est avant tout « un choix personnel » et « une étape dans la maturation politique des musulmans » car « on met en évidence cette volonté de sortir de ce schéma politique traditionnel, réducteur et presque étouffant d’une classe politique qui confisque la parole du peuple, qui cumule les mandats. On a envie d’un nouveau souffle ». Dire qu’un tel vote favorise Sarkozy n’est pas vrai « car ce sont ceux qui votent pour lui qui le feront élire, pas ceux qui voteront blanc », réplique-t-il.
Depuis des mois, le CMF comme d’autres organisations musulmanes ont incité les musulmans à aller voter et ils continuent de le faire aujourd’hui. Quel que soit leur vote, « l’essentiel est de faire la démarche active de se rendre dans un bureau de vote », indique Nabil. Et surtout, il insiste : « La vie politique française ne s’arrête pas au second tour de l’élection présidentielle. Les législatives sont le troisième tour (…) et ce serait absurde politiquement de baisser la garder et de ne pas être autant motivé pour l’élection de ceux qui vont faire nos lois demain. »
Un travail de terrain, mené par des associations et des individus à l’échelle locale, est nécessaire pour espérer, tout du moins, être écouté. Les musulmans ont trop longtemps délaissé le champ politique mais les jeunes générations ont désormais une sérieuse volonté de contribuer à la construction des débats nationaux pour être acteurs de leur histoire et non de simples sujets − de discussion − que la classe politique peut malmener par opportunisme.
Depuis des mois, le CMF comme d’autres organisations musulmanes ont incité les musulmans à aller voter et ils continuent de le faire aujourd’hui. Quel que soit leur vote, « l’essentiel est de faire la démarche active de se rendre dans un bureau de vote », indique Nabil. Et surtout, il insiste : « La vie politique française ne s’arrête pas au second tour de l’élection présidentielle. Les législatives sont le troisième tour (…) et ce serait absurde politiquement de baisser la garder et de ne pas être autant motivé pour l’élection de ceux qui vont faire nos lois demain. »
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