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Religions

Non au terrorisme : les lignes directrices du prêche du vendredi post-attentats

Rédigé par Conseil français du culte musulman (CFCM) | Jeudi 19 Novembre 2015 à 14:46

           

« Nous ne devons jamais nous lasser de réaffirmer notre rejet catégorique et sans ambiguïté de toute forme de violence ou de terrorisme. » Les mosquées de France se préparent à consacrer leur prêche du vendredi 20 novembre aux attentats de Paris. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a adressé aux responsables de mosquées, au travers des CRCM, un sermon auquel ils sont invités à s'inspirer. Saphirnews le reproduit ici avec l'appel solennel qui conclut le prêche.



Non au terrorisme : les lignes directrices du prêche du vendredi post-attentats
Ce que dit le texte solennel du CFCM, appelé à être lu dans les mosquées de France à l'issue du sermon

Après les Louanges d'Allah et la Prière sur Son Messager (Paix et bénédiction sur lui)

Nous avons tous suivi avec horreur et désolation la vague d’attentats meurtriers qui ont ébranlé notre pays vendredi 13 novembre. En tant que citoyens français de confession musulmane, nous sommes tous concernés par ce drame.

D'une part, parce qu'à l'instar de tous les citoyens français, nous sommes des cibles potentielles de ce genre de tueries aveugles. D'autre part, parce que ces actes criminels ont été perpétrés par des enfants de France qui se prévalent de l'islam et qui se considèrent comme des martyrs engagés dans une entreprise djihadiste.

Il est évident que l’ensemble des musulmans de France dénonce sans équivoque ces attentats tragiques et se démarque de l'idéologie qui nourrit les auteurs de ces actes inqualifiables.

Il est légitime de se demander si – en tant que musulmans – nous devions, encore une fois, nous justifier devant nos compatriotes, comme si nous étions des « présumés coupables ».Mais devant les amalgames et les confusions qui risquent de nous faire subir une nouvelle vague de stigmatisations et d'actes islamophobes, nous ne devons jamais nous lasser de dire et redire haut et fort que l'islam authentique est à des années-lumière de l'idéologie de haine de ces criminels terroristes.

Nous ne devons jamais nous lasser de réaffirmer notre rejet catégorique et sans ambiguïté de toute forme de violence ou de terrorisme, qui sont la négation même des valeurs de paix et de fraternité que porte l'islam.

Ces groupuscules terroristes qui ont semé la terreur dans le monde ne sont que l'incarnation actuelle d'une idéologie ancestrale d'un groupe de dissidents qui ont combattu les compagnons du Prophète (PBSL). Il s'agit des « khawarij » des temps modernes.

Le Prophète (PBSL) n'a pas manqué dans une prophétie de décrire le profil de ces radicaux lorsqu'il dit : « Sortira à la fin du temps de jeunes gens, aux ambitions sottes, ils lisent le Coran et ne dépassera pas leur gosiers, ils disent la meilleure des paroles, ils sortiront de la religion comme la flèche sort de sa cible. » (hadîth authentique rapporté par at-Tirmidhî).

Si ces organisations ont malheureusement réussi parfois à embrigader et à recruter des jeunes de différents horizons pour servir leur projet chaotique, c'est parce qu'ils ont, entre autres, instrumentalisé des Textes religieux après leur avoir attribué une interprétation dévoyée.

Le contexte géopolitique bien difficile par lequel passe le monde, la fragilité sociale et psychologique de certains jeunes et les nouveaux moyens de communication sont les fertilisants d'un terreau qui a donné vie à cette gangrène des temps modernes.

Sur le plan religieux, les musulmans doivent assumer leurs responsabilités.

En effet, pour éviter ce genre de dérives, les Textes scripturaires doivent être appréhendés et expliqués par des référents religieux connus et reconnus, doués de science et de sagesse.

Le Coran lui-même l'annonce : « C'est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre : il s'y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d'autres versets qui peuvent prêter à des interprétations diverses. Les gens, donc, qui ont au cœur une inclination vers l'égarement, mettent l'accent sur les versets équivoques cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation dévoyée. Alors que nul n'en connaît l'interprétation, à part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science disent: «Nous y croyons : tout est de la part de notre Seigneur !» Mais, seuls les doués d'intelligence s'en rappellent. » (sourate 3, v. 7).

Allah proclame aussi : « (...) Demandez donc aux érudits du Livre, si vous ne savez pas » (sourate 21, v. 7)

Ces organisations se fondent assez souvent sur des récits parlant des signes avant-coureurs de la fin du monde pour esquisser un scénario futuriste dans lequel elles s'attribuent le rôle des sauveurs de l'islam et de l'humanité. Elles vivent ainsi dans un monde imaginaire parallèle qui convoite les esprits fragiles.

Ces récits sont pour certains, classés comme faibles par les spécialistes des sciences du hadith. Pour d'autres, ces récits sont très loin de la réalité actuelle du monde.

Concernant la caractérisation de ces groupuscules, on ne peut qu’être interpellé par un récit qui, bien que sa chaîne de transmission soit faible, donne une description révélatrice de la réalité de ces imposteurs.

Al Hâfidh Na'îm Ibnou Hammâd, un des maîtres d'Al-Bukhârî, rapporte qu'Alî Ibn AbîTâlib dit : « Quand vous verrez des drapeaux noirs, ne bougez pas de votre place, ne déplacez pas vos mains ni vos pieds. Après, apparaîtra une communauté d'immatures, à qui on n'accorde aucune importance. Leurs cœurs sont comme des morceaux de métal. Ils se présentent comme les représentants de l'Etat. Ils n'acceptent ni discussion ni alliance. Ils appellent à la vérité, mais ne sont pas eux-mêmes des gens de vérité. Leurs prénoms sont des prénoms d'emprunt et leur noms se rapportent à des villages (ou des villes). Leurs cheveux sont longs et lâchés comme ceux des femmes. Ils sont proches les uns des autres, jusqu'au moment où naîtra des conflits internes parmi eux. Ensuite, Allah donnera la vérité à qui Il voudra. »

Les savants (oulémas) musulmans sont unanimes pour dire que le jihad se décline en plusieurs catégories dont les plus notables sont :

• Le jihad contre soi-même à travers l’éducation, l’épuration de l’âme ;

• Le jihad par la pensée à travers l’effort intellectuel de manière à servir les intérêts de l’humanité ;

• Le jihad par l’écriture, à travers la publication d’ouvrages utiles, la réalisation d’articles éclairants et contrant les fausses accusations à l’encontre de l’Islam et des musulmans ;

• Le jihad par l’argent, à travers la dépense généreuse en faveur du bien et la contribution au développement socio-économique.

L’islam n’autorise le jihad par les armes qu’en cas d’extrême nécessité, en cas de légitime défense lorsque les musulmans sont attaqués par leurs ennemis et que toutes les voies pacifiques échouent.

L'islam accorde une place considérable à la sacralité de la vie. Les versets coraniques et les hadith authentiques sont sans équivoque quant au bannissement de tout acte qui attente à la vie des innocents. Allah le Très-Haut dit : « (...) Quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. » (sourate 5, v. 32).

Il ne suffit pas à une personne de se proclamer « moudjahid » pour qu'elle le soit. Il ne suffit pas à un groupuscule de se déclarer « Etat islamique » pour qu'il le soit.





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