Au centre de la photo (col bleu), Inayat Ur Rehman, le coordonnateur de projets sur place du SIF, distribue les repas.
L'urgence humanitaire est criante : plus de 1 600 morts, 14 millions de démunis, 170 cas de choléra suspectés et 6 millions de Pakistanais menacés, dont plus de la moitié sont des enfants. Sans compter le désastre économique et social qui anéantit les espérances d'une croissance estimée à 4,5 % pour l'année 2010-2011.
Pour autant, on se pose encore la question, dans l'Hexagone, à savoir si « oui » ou « non », les Français devraient aider financièrement le Pakistan, compte tenu de l'image qu'a ce dernier dans le paysage médiatique français. Si « oui », ce serait uniquement − comble du cynisme − pour « sauver le pays de l'influence islamiste de certaines organisations humanitaires » (qui, pourtant, remarquons-le au passage, exercent de plein droit sur leur territoire).
D'aucuns préconisent pour contrecarrer ces organisations de procéder à une « opération de marketing » : « Il faut que les États-Unis et l'Occident, au-delà d'intervenir dans le Nord-Ouest du Pakistan, soient aussi visibles, via des drapeaux, des slogans. en plantant notamment des drapeaux français et européens », peut-on lire dans une interview d'Abdel-Rahman Ghandour, auteur de Jihad humanitaire, sur TF1.
Pour autant, on se pose encore la question, dans l'Hexagone, à savoir si « oui » ou « non », les Français devraient aider financièrement le Pakistan, compte tenu de l'image qu'a ce dernier dans le paysage médiatique français. Si « oui », ce serait uniquement − comble du cynisme − pour « sauver le pays de l'influence islamiste de certaines organisations humanitaires » (qui, pourtant, remarquons-le au passage, exercent de plein droit sur leur territoire).
D'aucuns préconisent pour contrecarrer ces organisations de procéder à une « opération de marketing » : « Il faut que les États-Unis et l'Occident, au-delà d'intervenir dans le Nord-Ouest du Pakistan, soient aussi visibles, via des drapeaux, des slogans. en plantant notamment des drapeaux français et européens », peut-on lire dans une interview d'Abdel-Rahman Ghandour, auteur de Jihad humanitaire, sur TF1.
Très faible mobilisation
La Commission européenne compte porter son aide au Pakistan à 70 millions d'euros, soit 30 millions de plus que prévu (229 millions avait immédiatement été débloqués pour Haïti).
Les dons effectués par le biais d'organisations caritatives sont très peu nombreux. La Croix-Rouge française n'a, par exemple, comptabilisé que 60 000 euros en une semaine depuis qu'elle a lancé l'appel aux dons, soit 30 fois moins que la somme récoltée en une semaine pour les sinistrés du séisme en Haïti.
Les humanitaires ont beau secouer l'opinion publique sur la gravité du désastre, c'est un calme outrageant qu'ils reçoivent en réponse.
Pourquoi ? « Outre les problèmes conjoncturels – les gens sont en vacances, la lassitude après la mobilisation pour Haïti –, non seulement le Pakistan n'est pas un pays touristique comme l'est Haïti, mais il n'a pas bonne presse dans les médias, qui mettent en avant tout au long de l'année les problèmes de terrorisme, d'Al Qaïda, etc. », analyse Dunia Oumazza, responsable communication du Secours Islamique (SI) France, jointe par Saphirnews.
Les dons effectués par le biais d'organisations caritatives sont très peu nombreux. La Croix-Rouge française n'a, par exemple, comptabilisé que 60 000 euros en une semaine depuis qu'elle a lancé l'appel aux dons, soit 30 fois moins que la somme récoltée en une semaine pour les sinistrés du séisme en Haïti.
Les humanitaires ont beau secouer l'opinion publique sur la gravité du désastre, c'est un calme outrageant qu'ils reçoivent en réponse.
Pourquoi ? « Outre les problèmes conjoncturels – les gens sont en vacances, la lassitude après la mobilisation pour Haïti –, non seulement le Pakistan n'est pas un pays touristique comme l'est Haïti, mais il n'a pas bonne presse dans les médias, qui mettent en avant tout au long de l'année les problèmes de terrorisme, d'Al Qaïda, etc. », analyse Dunia Oumazza, responsable communication du Secours Islamique (SI) France, jointe par Saphirnews.
Les donateurs musulmans nombreux
L' ONG est une des seules en France à observer un regain de mobilisation pour le Pakistan aussi important que pour Haïti, en récoltant quelque 200 000 euros, voire plus (la comptabilité est en cours).
Dans les locaux de l'association humanitaire, on répond aux coups de fil des donateurs, soucieux de faire du mieux qu'ils peuvent pour aider la population pakistanaise. À Marseille comme à Bordeaux, on s'organise pour des opérations de collecte de dons autour d' iftars en commun (repas de rupture du jeûne du Ramadan), par exemple. Très certainement, une part importante des Français de confession musulmane choisiront de verser leur zakât al-Fitr (aumône du Ramadan) au fonds de soutien pour le Pakistan.
« Il y a un fort élan de générosité », constate Dunia Oumazza. Un élan qui s'explique par une actualité sur fond de Ramadan, mais aussi « beaucoup de donateurs sont choqués du manque de médiatisation de la crise. Ils ont accès aux chaînes câblées anglo-saxonnes et à Al Jazeera, où défilent beaucoup d'images qu'on ne voit pas dans le JT de 20 heures chez nous », c'est un « triste choc des civilisations », regrette la responsable communication du SI France.
Dans les locaux de l'association humanitaire, on répond aux coups de fil des donateurs, soucieux de faire du mieux qu'ils peuvent pour aider la population pakistanaise. À Marseille comme à Bordeaux, on s'organise pour des opérations de collecte de dons autour d' iftars en commun (repas de rupture du jeûne du Ramadan), par exemple. Très certainement, une part importante des Français de confession musulmane choisiront de verser leur zakât al-Fitr (aumône du Ramadan) au fonds de soutien pour le Pakistan.
« Il y a un fort élan de générosité », constate Dunia Oumazza. Un élan qui s'explique par une actualité sur fond de Ramadan, mais aussi « beaucoup de donateurs sont choqués du manque de médiatisation de la crise. Ils ont accès aux chaînes câblées anglo-saxonnes et à Al Jazeera, où défilent beaucoup d'images qu'on ne voit pas dans le JT de 20 heures chez nous », c'est un « triste choc des civilisations », regrette la responsable communication du SI France.
« Nous avons une bonne expérience du terrain qui nous permet d'être très réactifs »
Le SI vient de recevoir le soutien du Centre de crise du ministère des Affaires étrangères, « pour des projets qui touchent à l'assainissement ». Sur place, l'ONG a déjà distribué 50 000 colis alimentaires. « Nous apportons notre aide sur place en distribuant également de l'eau potable, des kits d'hygiène, des vêtements, des abris provisoires », « de plus, nous devons faire face aux maladies hydriques, qui constituent une terrible menace », nous explique le SI.
Fort de sa présence au Pakistan depuis de nombreuses années et des partenariats noués avec des acteurs humanitaires locaux, tel Peace & Development Foundation (PDF), le Secours n'attend pas pour pourvoir acheminer son aide : « Comme on a une bonne expérience du terrain, on a la possibilité de tout acheter sur place. » Ainsi un projet de sécurité alimentaire a pu s’opérer dans les districts de Charsadda, de Nowshera, de Mardan et de Peshawar ; et un autre programme d’accès à l’eau potable et d’assainissement est en cours dans la vallée du Swat.
Les ONG redoutent une deuxième vague plus meurtrière que la précédente, dans les prochains mois, au vu de la catastrophe sanitaire du pays. Une « catastrophe » aussi, si l'on promène son regard sur les champs détruits et désormais non cultivables avant peut-être des décennies.
La situation irrite le SI : « Que la situation politique prenne le dessus sur l'urgence humanitaire, c'est scandaleux », déplore t-on.
Fort de sa présence au Pakistan depuis de nombreuses années et des partenariats noués avec des acteurs humanitaires locaux, tel Peace & Development Foundation (PDF), le Secours n'attend pas pour pourvoir acheminer son aide : « Comme on a une bonne expérience du terrain, on a la possibilité de tout acheter sur place. » Ainsi un projet de sécurité alimentaire a pu s’opérer dans les districts de Charsadda, de Nowshera, de Mardan et de Peshawar ; et un autre programme d’accès à l’eau potable et d’assainissement est en cours dans la vallée du Swat.
Les ONG redoutent une deuxième vague plus meurtrière que la précédente, dans les prochains mois, au vu de la catastrophe sanitaire du pays. Une « catastrophe » aussi, si l'on promène son regard sur les champs détruits et désormais non cultivables avant peut-être des décennies.
La situation irrite le SI : « Que la situation politique prenne le dessus sur l'urgence humanitaire, c'est scandaleux », déplore t-on.
Le Secours islamique s'affiche dans les métros parisiens
Hasard du calendrier, l'ONG française a lancé, depuis ce lundi 16 août, une vaste campagne d'affichage dans les RER et métros parisiens, avec un « coup de pouce » bienvenu de la RATP.
900 affiches et un but : faire connaître le SI au grand public. « On a déjà énormément de retours très positifs », nous confie Dunia Oumazza.
L'affiche ne passe pas inaperçue : on y voit deux enfants arborant un large sourire et, juste au-dessus, on y lit le slogan suivant : « La souffrance n’a ni origine, ni religion, ni genre. La solidarité non plus. » Un slogan percutant en ces temps difficiles.
900 affiches et un but : faire connaître le SI au grand public. « On a déjà énormément de retours très positifs », nous confie Dunia Oumazza.
L'affiche ne passe pas inaperçue : on y voit deux enfants arborant un large sourire et, juste au-dessus, on y lit le slogan suivant : « La souffrance n’a ni origine, ni religion, ni genre. La solidarité non plus. » Un slogan percutant en ces temps difficiles.