Lire aussi : Une réforme des statuts du CFCM adoptée dans la difficulté
Nous, responsables de mosquées et d’institutions musulmanes, appelons à faire évoluer la représentation du culte musulman pour qu’elle soit la plus large et à l’écoute des musulmans de France. Redonner la parole et l’initiative aux acteurs du terrain pour que le CFCM puisse retrouver sa légitimité et sa capacité à défendre la dignité et l’intérêt du culte musulman n’est plus une option. C’est une nécessité et une urgence absolues.
Malheureusement, force est de constater que le projet de « réforme » que le bureau du CFCM a présenté à son assemblée générale extraordinaire du 7 avril 2019 tourne le dos à cette exigence de bon sens. La création des Conseils départementaux du culte musulman (CDCM), largement plébiscitée par tous les acteurs du terrain, n’est manifestement pas une priorité du bureau du CFCM. Ce dernier entend mettre en place, lorsque la nécessité s’avère établie, des « CDCM » informels et dirigés par « deux à trois coordonnateurs » désignés par le bureau exécutif du Conseil régional du culte musulman (CRCM).
Dans sa communication, le bureau du CFCM dit avoir inscrit l'émergence des femmes dans ses nouveaux statuts. La réalité est autre. « Les fédérations et grandes mosquées, signataires de l’accord sur la réforme du 16 décembre 2012, sont invitées à veiller à refléter la diversité dans la répartition de leurs représentants entre les femmes et les hommes », c’est tout ce que disent les nouveaux statuts.
Nous, responsables de mosquées et d’institutions musulmanes, appelons à faire évoluer la représentation du culte musulman pour qu’elle soit la plus large et à l’écoute des musulmans de France. Redonner la parole et l’initiative aux acteurs du terrain pour que le CFCM puisse retrouver sa légitimité et sa capacité à défendre la dignité et l’intérêt du culte musulman n’est plus une option. C’est une nécessité et une urgence absolues.
Malheureusement, force est de constater que le projet de « réforme » que le bureau du CFCM a présenté à son assemblée générale extraordinaire du 7 avril 2019 tourne le dos à cette exigence de bon sens. La création des Conseils départementaux du culte musulman (CDCM), largement plébiscitée par tous les acteurs du terrain, n’est manifestement pas une priorité du bureau du CFCM. Ce dernier entend mettre en place, lorsque la nécessité s’avère établie, des « CDCM » informels et dirigés par « deux à trois coordonnateurs » désignés par le bureau exécutif du Conseil régional du culte musulman (CRCM).
Dans sa communication, le bureau du CFCM dit avoir inscrit l'émergence des femmes dans ses nouveaux statuts. La réalité est autre. « Les fédérations et grandes mosquées, signataires de l’accord sur la réforme du 16 décembre 2012, sont invitées à veiller à refléter la diversité dans la répartition de leurs représentants entre les femmes et les hommes », c’est tout ce que disent les nouveaux statuts.
On pourrait s’interroger pourquoi cette disposition ne concernerait que les « signataires de l’accord sur la réforme du 16 décembre 2012 ». La réponse est très simple : le bureau actuel du CFCM a décrété que seuls ces signataires auront le pouvoir de désigner des représentants. En décembre 2012, pour permettre à certaines fédérations d’avoir leur place au sein du CFCM, quels que soit leur résultat aux élections, il a été décidé de former l’assemblée générale (90 membres) en deux parties égales. L’une élue par les représentants des mosquées (45 sur 90) et l’autre désignée par certaines fédérations présentes en 2012. Par cette disposition, ces fédérations qui se trouvent dans le confort d’une majorité artificielle entendent la garder indéfiniment et en faire une arme d’exclusion.
C’est avec cette même majorité artificielle que le bureau exécutif du CFCM entend sanctuariser deux structures, crées dans des conditions contestables, en introduisant deux articles dans les statuts du CFCM. Le premier concerne le « Conseil religieux du CFCM » dont la création a été annoncée en mai 2016. A ce jour, sa composition est inconnue et aucun conseil, ni avis, ni déclaration ne sont à mettre à son actif. La rédaction de l’article le concernant tente de cacher, en vain, cette réalité amère. Ainsi, nous pouvons lire dans les nouveaux statuts du CFCM : « Le CFCM a mis en place un Conseil religieux pour permettre au CFCM de disposer de conseils et avis… », « Le Conseil Religieux existant sera renforcé par l’élargissement à des compétences…», « Le Conseil religieux se dotera d’un comité de coordination…», « Le Conseil Religieux se dotera d’une charte et d’un règlement intérieur… ».
Le deuxième concerne l’Association de financement et de soutien au culte musulman (AFSCM). La création de cette association a été déclarée en août 2018 dans la précipitation par quelques membres du bureau du CFCM qui, par la même occasion, se sont auto-désignés pour assurer sa direction.
Par ailleurs, le bureau du CFCM avait évoqué et mis en avant la création, fin 2014, de l’Association pour la prévention de la violence et de la radicalisation (APVR). On aurait pu s’attendre à ce que le bureau propose, dans les nouveaux statuts du CFCM un article à son sujet. Il s’en est probablement abstenu car cette association, elle aussi, n’a aucune réalisation à mettre à son actif. Pourtant, la lutte contre l’extrémisme se réclamant de l’islam devrait figurer parmi les priorités du CFCM. Il en va de la sécurité de notre pays et de sa cohésion.
Pour être exhaustif au sujet des aménagements que propose le bureau du CFCM à l’assemblée générale du CFCM, il convient de signaler que l’article premier, visant à assouplir les conditions d’adhésion, prévoit de remplacer la participation aux élections par une signature d’une charte d’adhésion. Le but étant d’augmenter le nombre des mosquées adhérentes. En réalité, si une véritable consultation des mosquées n’est pas mise en place, cette modification serait sans aucun effet sur l’adhésion. Les mosquées n’accepteront plus de jouer le rôle de figurants.
Une modification de l’article 13 concerne les délais de convocation d’une assemblée générale dont l’objet est de modifier les statuts du CFCM. Le bureau du CFCM propose de ramener ce délai à 15 jours au lieu de 30 jours exigés par les statuts actuels. Cette modification, due probablement à la difficulté de convoquer dans les délais son assemblée générale du 7 avril 2019 (qui est, de fait, est non conforme aux statuts du CFCM en vigueur), serait de nature à minimiser le rôle de l’assemblée générale.
C’est avec cette même majorité artificielle que le bureau exécutif du CFCM entend sanctuariser deux structures, crées dans des conditions contestables, en introduisant deux articles dans les statuts du CFCM. Le premier concerne le « Conseil religieux du CFCM » dont la création a été annoncée en mai 2016. A ce jour, sa composition est inconnue et aucun conseil, ni avis, ni déclaration ne sont à mettre à son actif. La rédaction de l’article le concernant tente de cacher, en vain, cette réalité amère. Ainsi, nous pouvons lire dans les nouveaux statuts du CFCM : « Le CFCM a mis en place un Conseil religieux pour permettre au CFCM de disposer de conseils et avis… », « Le Conseil Religieux existant sera renforcé par l’élargissement à des compétences…», « Le Conseil religieux se dotera d’un comité de coordination…», « Le Conseil Religieux se dotera d’une charte et d’un règlement intérieur… ».
Le deuxième concerne l’Association de financement et de soutien au culte musulman (AFSCM). La création de cette association a été déclarée en août 2018 dans la précipitation par quelques membres du bureau du CFCM qui, par la même occasion, se sont auto-désignés pour assurer sa direction.
Par ailleurs, le bureau du CFCM avait évoqué et mis en avant la création, fin 2014, de l’Association pour la prévention de la violence et de la radicalisation (APVR). On aurait pu s’attendre à ce que le bureau propose, dans les nouveaux statuts du CFCM un article à son sujet. Il s’en est probablement abstenu car cette association, elle aussi, n’a aucune réalisation à mettre à son actif. Pourtant, la lutte contre l’extrémisme se réclamant de l’islam devrait figurer parmi les priorités du CFCM. Il en va de la sécurité de notre pays et de sa cohésion.
Pour être exhaustif au sujet des aménagements que propose le bureau du CFCM à l’assemblée générale du CFCM, il convient de signaler que l’article premier, visant à assouplir les conditions d’adhésion, prévoit de remplacer la participation aux élections par une signature d’une charte d’adhésion. Le but étant d’augmenter le nombre des mosquées adhérentes. En réalité, si une véritable consultation des mosquées n’est pas mise en place, cette modification serait sans aucun effet sur l’adhésion. Les mosquées n’accepteront plus de jouer le rôle de figurants.
Une modification de l’article 13 concerne les délais de convocation d’une assemblée générale dont l’objet est de modifier les statuts du CFCM. Le bureau du CFCM propose de ramener ce délai à 15 jours au lieu de 30 jours exigés par les statuts actuels. Cette modification, due probablement à la difficulté de convoquer dans les délais son assemblée générale du 7 avril 2019 (qui est, de fait, est non conforme aux statuts du CFCM en vigueur), serait de nature à minimiser le rôle de l’assemblée générale.
Un projet réduit à de tels aménagements taillés sur mesure ne peut constituer une réforme en soi. Par certaines de ses dérives, il donne l’image d’une représentation confisquée et aggrave la défiance des musulmans de France à son égard.
Le bureau du CFCM ne s’est donné ni le temps ni les moyens pour mener une réflexion sérieuse sur sa réforme. Son annonce de création d’une plateforme pour recueillir les propositions et avis des musulmans de France est restée sans suite. A noter que le CFCM aurait pu utiliser son site officiel à cette fin. Malheureusement, depuis septembre 2016, le CFCM ne dispose plus de site dont le nom de domaine a fini dans une vente aux enchères ! Et ce, à cause de la négligence de ses responsables.
Finalement, aucune consultation auprès des musulmans et des mosquées de France sur la réforme du CFCM n’a été mise en place. Les propositions faites par les 3 000 participants aux assises départementales organisées par les préfectures entre juillet et septembre 2018, notamment sur la départementalisation de l’instance représentative du culte musulman, n’ont malheureusement pas été prises en compte.
C’est pour toutes ces raisons que nous, membres fondateurs du CFCM, élus du Conseil d’Administration du CFCM, présidents et anciens présidents de CRCM, collectifs départementaux de mosquées, présidents d’associations gestionnaires de mosquées, citoyens musulmans soucieux de transformer le CFCM en une institution digne de nos attentes, signons aujourd’hui cette tribune pour dire notre inquiétude et notre opposition au projet du bureau actuel du CFCM.
Nous appelons à :
- L’abandon de ce projet et l’annulation des décisions de l’AGE du CFCM du 7 avril 2019. D’autant plus que cette dernière est entachée de nombreux vices de forme.
- La réunion d’une assemblée générale du CFCM pour mettre en place une coordination transitoire dont la mission est de mener à bien une vraie réforme du CFCM, en phase avec les attentes de l’immense majorité des musulmans de France. Cette coordination permettra aux mosquées de chaque département de se concerter et d’élire leurs représentants aux niveaux régional et national. Ces représentants, légitimés par les acteurs locaux, procéderont à la mise en place des instances régionales et nationales d’un CFCM renouvelé que nous appelons de nos vœux.
Signataires : Union des mosquées de France, Fédération nationale des musulmans de France, Grande Mosquée De Lyon, Grande Mosquée Mohammed VI de Saint Etienne, Grande Mosquée d’Evry-Courcouronnes, Grande Mosquée de Strasbourg
Avec : Union des mosquées de la région Corse, Union des mosquées de la Région Provence Alpes Côte d’Azur, Union des mosquées de la région Occitanie, Union des mosquées de la Région Nouvelle Aquitaine, Union des mosquées de la région des Pays de Loire, Union des mosquées de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Union des mosquées de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Union des mosquées de la Région Centre Val de Loire, Union des mosquées de la Région Grand Est, Union des mosquées de la Région Ile-de-France, Union des mosquées de la Région de Normandie, Union des mosquées de la Région Bretagne, Union des mosquées de la Région Hauts-de-France
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Aux vœux du CFCM, Christophe Castaner plaide pour des « représentants puissants » du culte musulman
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Organisation du culte musulman : Ne pas se tromper de combat ! (1/3)
Organisation du culte musulman : quelques propositions pour la réorganisation du culte musulman (2/3)
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Finalement, aucune consultation auprès des musulmans et des mosquées de France sur la réforme du CFCM n’a été mise en place. Les propositions faites par les 3 000 participants aux assises départementales organisées par les préfectures entre juillet et septembre 2018, notamment sur la départementalisation de l’instance représentative du culte musulman, n’ont malheureusement pas été prises en compte.
C’est pour toutes ces raisons que nous, membres fondateurs du CFCM, élus du Conseil d’Administration du CFCM, présidents et anciens présidents de CRCM, collectifs départementaux de mosquées, présidents d’associations gestionnaires de mosquées, citoyens musulmans soucieux de transformer le CFCM en une institution digne de nos attentes, signons aujourd’hui cette tribune pour dire notre inquiétude et notre opposition au projet du bureau actuel du CFCM.
Nous appelons à :
- L’abandon de ce projet et l’annulation des décisions de l’AGE du CFCM du 7 avril 2019. D’autant plus que cette dernière est entachée de nombreux vices de forme.
- La réunion d’une assemblée générale du CFCM pour mettre en place une coordination transitoire dont la mission est de mener à bien une vraie réforme du CFCM, en phase avec les attentes de l’immense majorité des musulmans de France. Cette coordination permettra aux mosquées de chaque département de se concerter et d’élire leurs représentants aux niveaux régional et national. Ces représentants, légitimés par les acteurs locaux, procéderont à la mise en place des instances régionales et nationales d’un CFCM renouvelé que nous appelons de nos vœux.
Signataires : Union des mosquées de France, Fédération nationale des musulmans de France, Grande Mosquée De Lyon, Grande Mosquée Mohammed VI de Saint Etienne, Grande Mosquée d’Evry-Courcouronnes, Grande Mosquée de Strasbourg
Avec : Union des mosquées de la région Corse, Union des mosquées de la Région Provence Alpes Côte d’Azur, Union des mosquées de la région Occitanie, Union des mosquées de la Région Nouvelle Aquitaine, Union des mosquées de la région des Pays de Loire, Union des mosquées de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Union des mosquées de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Union des mosquées de la Région Centre Val de Loire, Union des mosquées de la Région Grand Est, Union des mosquées de la Région Ile-de-France, Union des mosquées de la Région de Normandie, Union des mosquées de la Région Bretagne, Union des mosquées de la Région Hauts-de-France
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