La notion de Nya, l’intention, est essentielle en Islam. Elle valide et justifie toute action, et à contrario l’annule ou la rend dérisoire. Mettre le foulard, le voile - Hijab est plus approprié - ne vaut que si le cœur est ouvert à Dieu. Si ce n’est qu’une mode, un acte politique ou prosélyte, il vaut mieux s’en passer. Dieu seul en reconnaît la légitimité. Alors ceux qui forceraient nos jeunes filles ne méritent que mépris. Par contre si leur Foi pousse nos sœurs musulmanes à porter ce symbole de pureté et de pudeur avec fierté, notre combat devient juste et notre Jihad incontournable.
Pourquoi ces manifestations ?
Le pavé parisien se remplit du sourire des étudiantes, de la douceur des femmes avec poussettes et bien sûr d’encadrement comme dans toutes manifestations bien tenues. Des slogans intelligents ou amusants fleurissent sur les pancartes et les banderoles. Les jeunes filles témoignent autant de leur attachement aux signes extérieurs de leur religion que de leur fidélité aux valeurs de la république avec des voiles tricolores et des cartes d’identités françaises au bout de leurs ongles bien faits. La République leur doit une reconnaissance loyale et claire. La liberté religieuse est un des fondements des Droits de l’Homme, alors protégeons celles qui ont choisi d’être en phase avec leur Dieu et prévoyons des sanctions contre ceux qui voudraient forcer celles qui ne sont pas encore prêtes.
Que ces rassemblements soient organisés par Mohamed Latrèche du Parti des Musulmans de France, tolérés par le CFCM, consentis par l’UOIF ou mille autres associations n’a aucune importance. Ce qui compte avant tout c’est qu’il y ait quelques milliers de jeunes de la place de la République à la place de la Nation. Et là méfions-nous ! Pour une fois la Police a gonflé les chiffres. Se sert-on de nous, veut-on nous diaboliser par cette manipulation et ainsi faire le jeu de la répression et des séides du Front National. C’est la première fois que des Musulmans se réunissent, font front commun pour eux- mêmes, pas pour la Palestine ou d’autres combats tout aussi méritoires.
Qu’est donc le Hijab ?
Dans la langue arabe, le mot Hijab signifie « ce qui empêche ». Toute chose qui sert à cacher est un Hijab qui évite de voir ou de faire, c’est donc comme une « barrière ». Dans un sens moral c’est ce qui met un frein entre le Bien et le Mal. Alors pourquoi s’en priver ? Puisqu’il est au moins un soutien. Plus communément, le Hijab est devenu un vêtement qui couvre une partie du corps de la femme pour préserver sa pudeur. Une recommandation essentielle.
Une autre notion islamique intéresse ce qui reste découvert. « Toute religion a sa moralité. Celle de l’Islam est la pudeur ». Cette décence relève de la responsabilité de chacun ainsi que de la morale, seuls traits de distinction entre l’homme et l’animal. Nos enfants nous observent et puisent en nous leurs modèles. Enfin une dernière et essentielle référence est le « Mahram », la personne avec laquelle le mariage n’est jamais autorisé. Le verset 23 de la sourate 4 du Coran nous indique par exemple, le père, les frères, les époux de la mère comme des « Mahram » pour une Musulmane. …Rien de plus facile à comprendre car de telles précautions existent dans toutes les religions. Les Musulmans ne sont pas si différents mais ils appliquent d’une manière plus systématique ces principes de relations familiales. Par contre, en présence de ses « Mahrams » la Musulmane peut se découvrir davantage tout en restant modeste mais pas timide. « Le timide doute de sa propre valeur, tandis que le modeste ne fait pas étalage de ses qualités » (Docteur Hassan Amdouni).
La leçon de notre mère Aïcha
Souvenons-nous : notre mère Aïcha, épouse du Prophète, paix et bénédictions sur lui, avait souhaité être enterrée entre son noble Epoux et son propre père (Abou Bakr), tous les deux inhumés à Médine. Lorsque le Calife Omar, proche compagnon de du Prophète, fut poignardé par un zoroastrien, il demanda à son fils de reposer, lui aussi, près de ses deux amis. Aïcha accepta cette demande du Calife et fit monter un mur entre sa chambre et les trois tombes. Il nous est rapporté que, depuis que le Calife Omar reposait dans cette partie de la demeure de la mère Aïcha, elle n’y entrait que recouverte de son Hijab. Car il n’était pas du nombre ses « Mahram ».
L’Islam demande à la Musulmane de mettre en évidence sa personnalité, sa valeur humaine avant son propre corps. Lorsqu’on veut assumer sa Foi, on doit faire quelques sacrifices et supporter les conséquences de son adhésion avec courage. Un Musulman est fier de sa religion et porte volontiers des vêtements qui l’attestent. Le corps féminin est riche de caractéristiques sensuelles apparentes. Ce n’est pas par misogynie que l’Islam appelle à se couvrir mais plutôt parce qu’il souhaite préserver les femmes elles-mêmes des vulgaires et des idées perverses que leurs atouts physiques pourraient éventuellement éveiller chez certains hommes. Au verset 59 de la Sourate « Les Coalisés » (33), le Coran ordonne : « Prophète ! dis à tes épouses, à tes filles et aux épouses des croyants de ramener sur elles leur voile. Ainsi elles seront plus facilement reconnaissables et ne seront pas offensées ». Notre religion veut éviter à la femme d’être « objetisée », dégradée. La façon islamique de concevoir la vie ne change pas d’une époque à l’autre et nos femmes ne sont pas des girouettes. Il n’est pas question de diminuer leur rôle dans la société. Au contraire, il s’agit d’une véritable émancipation, celle de l’être de la femme plutôt que de son corps de femme. « Les femmes sont les jumelles de l’homme ». Le meilleur des comportements est celui du juste milieu, nous enseigne un verset coranique. L’Islam est la religion de la propreté, c’est un signe de beauté externe, une image de la propreté de l’âme. La beauté ne peut aller de pair avec la vulgarité, le rejet de la pudeur ou la saleté. La femme est considérée en Islam comme un repère de beauté, une référence de tendresse et un emblème d’amour. Ce sont là les dominantes de ses rapports avec les hommes. « Qu’on ne se jette pas sur une femme comme une bête ! Qu’il y ait entre eux un messager ! Le baiser et la parole ».
Aujourd’hui l’exploitation de la femme est quotidienne et nous sommes d’accord avec les féministes pour ne pas associer la femme à tout et n’importe quoi. Il faut plaindre ces pauvres filles, ces « top models » qui, pour une poignée de dollars, bradent le corps et la beauté que Dieu leur a offerts. L’érotisme est, paraît-il, en pleine évolution. Il tend désormais vers « le quasi-nudisme » comme vers une libération. Mais dans les mains et pour les poches de qui ? L’homme n’est rien sans la femme, et elle n’est rien sans lui. Alors protégeons nos jeunes sœurs musulmanes contre tout ce qui pourrait les abîmer. C’est notre devoir, notre obligation de croyants. Une fois encore avec Amdouni « le hijab œuvre à la fois contre une déstabilisation de l’ordre social et contre le ravalement de la femme au niveau de l’objet ».
Terminons sur Hijab en condamnant avec force les attitudes de certains pays qui vont jusqu’à cacher complètement le corps de la femme. Car elles ne s’appuient sur aucune Loi révélée. Ce n’est pas là ce que Dieu veut pour nos compagnes. De quel droit les maintenir asservies dans des maisons fermées, avec des voiles noirs et sinistres, comme si elles constituaient un déshonneur, comme si d’avance on doutait de leur moralité ? Non ! nos femmes, nos sœurs sont libres et dignes. Il nous faut les aider et les encourager à affirmer leur Foi dans la paix d’un pays libre et souverain, notre pays la France.
M. Youssef Chems est Islamologue-Ecrivain
Il est l’auteur de Nass et de Hadj Amor -Editions E-Dite-