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Quand le hijab s'accommode au sport

Rédigé par pouf.badaboum@gmail.com | Lundi 9 Novembre 2009 à 02:48

           

Exclure cinq jeunes musulmanes d'un tournoi de taekwondo parce qu'elles portent le voile. La décision, prise à Longueuil par un arbitre au beau milieu de la crise des accommodements, avait renversé Elham Seyed Javad. Afin de contester la décision, la jeune Montréalaise a eu recours à une arme peu commune: le design.



Alors qu'elle était étudiante en design industriel à l'Université de Montréal, Elham Seyed Javad a mis au point pour une équipe de taekwondo musulmane un gilet muni d'une cagoule. (Photo : © Ivanoh Demers/La Presse)
Alors qu'elle était étudiante en design industriel à l'Université de Montréal, Elham Seyed Javad a mis au point pour une équipe de taekwondo musulmane un gilet muni d'une cagoule. (Photo : © Ivanoh Demers/La Presse)
« J'ai fait du sport toute ma vie. Du soccer surtout. Je ne pouvais pas concevoir qu'on puisse exclure des jeunes filles d'une compétition » note la jeune femme, elle-même musulmane, mais non voilée. « On devrait pouvoir participer, qu'importe ses opinions et ses croyances religieuses », croit la récente diplômée de l'École de design industriel de l'Université de Montréal.

Cette idée en tête, Elham Seyed Javad s'est adressée à l'équipe de taekwondo du Centre communautaire musulman de Montréal, celle-là même qui a été concernée par la controverse de 2007. Elle a observé les fillettes pratiquer le sport qui les passionne. Fait remplir des questionnaires aux jeunes athlètes et à leurs entraîneuses. Comparé les membres de l'équipe qui portaient ou non le hijab.

Dans le cadre d'un cours universitaire, elle a conçu un nouveau vêtement pour l'équipe: un gilet surmonté d'une cagoule qui permet, grâce à une ouverture au cou, d'avoir accès aux cheveux en tout temps.

Question de sécurité

Selon la conceptrice, le vêtement répond aux critiques qui affirment que le port du hijab dans l'exercice d'un sport de contact n'est pas sécuritaire. Extensible, son vêtement peut être tiré dans tous les sens, sans représenter de danger pour l'athlète ou son adversaire, assure-t-elle.

Elham Seyed Javad a baptisé son gilet-cagoule le Resport. «Re, pour réappropriation du sport», explique la brunette de 26 ans. D'ailleurs, c'est exactement ce que ses premières clientes comptent faire. Aujourd'hui, au centre Claude-Robillard, plus de deux ans après l'incident de Longueuil qui a fait couler beaucoup d'encre, trois des membres de l'équipe du Centre communautaire musulman porteront le vêtement pour une compétition de taekwondo.

Selon un des organisateurs du tournoi, elles ne se feront pas montrer la porte cette fois. « Le hijab est accepté au Championnat du monde et aux Jeux olympiques », a dit hier Danny Rajjab, joint par La Presse.

Plus qu'un voile sportif

Si elle reconnaît que son gilet-cagoule pourrait un jour être utilisé par des athlètes musulmanes du monde entier - notamment d'Iran, son pays d'origine -, Elham Seyed Javad s'empresse d'ajouter qu'il ne s'apparente pas à un signe religieux.

« Ce n'est pas un voile sportif, c'est un morceau d'équipement qui pourrait servir à beaucoup de gens, note l'inventrice. Le Resport est parfait pour les gars qui ont des dreadlocks, par exemple, et qui veulent protéger leurs cheveux quand ils pratiquent un sport. »

Denyse Roy, la professeure qui a encadré le travail d'Elham Seyed Javad, imagine aussi le Resport dans les salles d'opération des hôpitaux ou les chambres blanches des entreprises de haute technologie.

Pour le moment, il n'existe que trois prototypes de la cagoule sportive. Mais peut-être pas pour longtemps. Univalor, une entreprise qui a pour but de promouvoir les idées issues des universités montréalaises, cherche un fabricant et un manufacturier pour exploiter l'idée d'Elham Seyed Javad.

Cette dernière n'est d'ailleurs pas à court de nouveaux concepts. Elle a mis sur pied sa propre entreprise afin de commercialiser un tout nouveau produit: un objet mode pour les mamans qui allaitent en public. « C'est le but du design, faciliter la vie des gens », dit-elle en souriant.


Auteure : Laura-Julie Perreault - 07/11/2009
Source : La Presse





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