Le Salon musulman du Val d'Oise a été la cible des Femen, qui ont fait irruption sur scène le 12 septembre face à deux prédicateurs.
Qui aurait imaginé que le modeste Salon musulman du Val-d’Oise, à Pontoise, dédié cette année à « la » femme musulmane, susciterait une telle couverture médiatique ? Les organisateurs se seraient bien passés de la polémique générée ces derniers jours et qui a abouti à une action ultramédiatisée des Femen.
Critiquer le Salon de « la » femme musulmane, oui, c’est permis ‒ et nous y reviendrons ‒ mais sûrement pas en surfant sur une vague d’islamophobie assimilant l’islam à une religion qui rendrait halal (licite) la violence, le sexisme et la misogynie, et ferait des femmes musulmanes (surtout voilées) d’éternelles soumises, qu’il s’agirait dès lors d’aider à s’affranchir du joug de méchants barbus.
Non, les femmes musulmanes n’ont pas besoin qu’on les libère, encore moins en ces termes. En revanche, elles ont besoin que le micro ‒ toujours monopolisé par les mêmes personnes – leur soit tendu et que la société française se décide à les écouter. Mais le mépris des Femen et de leurs soutiens parmi les féministes dites blanches envers les musulman(e)s est manifeste. Pour encore combien de temps l'islamophobie fera figure de parent pauvre de la lutte contre le racisme en France ? Le réveil est urgent.
Critiquer le Salon de « la » femme musulmane, oui, c’est possible, mais pas au détriment de la rigueur journalistique qui est censée conduire l’éthique de la profession, y compris le dimanche. Or la plupart des journaux de la presse mainstream ont repris texto la version des Femen délivrée à l'AFP concernant les propos que des prédicateurs auraient tenu au moment de l’action. « Les deux imams étaient en train de parler de la question de savoir s’il faut battre ou non sa femme », avait raconté Inna Shevshenko. Une vérification rapide aurait suffi à démontrer la supercherie de la porte-parole des Femen, très vite dévoilée après que des témoins ayant assisté à la conférence des prédicateurs ont confirmé n’avoir rien entendu qui prônerait la violence conjugale. Ce mensonge a fait le tour de la planète mais, même quand il est dénoncé, est excusé par des féministes sous prétexte que la cause vaudrait bien au moins cela. Pathétique.
Critiquer le Salon de « la » femme musulmane, oui, c’est permis ‒ et nous y reviendrons ‒ mais sûrement pas en surfant sur une vague d’islamophobie assimilant l’islam à une religion qui rendrait halal (licite) la violence, le sexisme et la misogynie, et ferait des femmes musulmanes (surtout voilées) d’éternelles soumises, qu’il s’agirait dès lors d’aider à s’affranchir du joug de méchants barbus.
Non, les femmes musulmanes n’ont pas besoin qu’on les libère, encore moins en ces termes. En revanche, elles ont besoin que le micro ‒ toujours monopolisé par les mêmes personnes – leur soit tendu et que la société française se décide à les écouter. Mais le mépris des Femen et de leurs soutiens parmi les féministes dites blanches envers les musulman(e)s est manifeste. Pour encore combien de temps l'islamophobie fera figure de parent pauvre de la lutte contre le racisme en France ? Le réveil est urgent.
Critiquer le Salon de « la » femme musulmane, oui, c’est possible, mais pas au détriment de la rigueur journalistique qui est censée conduire l’éthique de la profession, y compris le dimanche. Or la plupart des journaux de la presse mainstream ont repris texto la version des Femen délivrée à l'AFP concernant les propos que des prédicateurs auraient tenu au moment de l’action. « Les deux imams étaient en train de parler de la question de savoir s’il faut battre ou non sa femme », avait raconté Inna Shevshenko. Une vérification rapide aurait suffi à démontrer la supercherie de la porte-parole des Femen, très vite dévoilée après que des témoins ayant assisté à la conférence des prédicateurs ont confirmé n’avoir rien entendu qui prônerait la violence conjugale. Ce mensonge a fait le tour de la planète mais, même quand il est dénoncé, est excusé par des féministes sous prétexte que la cause vaudrait bien au moins cela. Pathétique.
Au tour des critiques légitimes
Le Salon du Val-d’Oise est loin d’être « un salon d’intégristes », il est avant un espace de rencontres et d’échanges commerciaux dans lequel se mêlent des musulmans d’opinion diverses. Alors qu’est-ce qui ne va pas dans cet événement ? Pour un Salon « au féminin », la programmation est manifestement pauvre en femmes : sur les six intervenants invités, on ne compte qu’une femme, Nassima Prudor, sur le thème de l’égalité hommes-femmes. Le programme, qui met principalement en avant des ateliers de cuisine dirigés par la star marocaine Choumicha, reflète bien la quasi-absence de leadership au féminin parmi les musulmans en France. « Ignorer les femmes, ou comment détruire la communauté musulmane », disait en 2013 Fatima Adamou, contributrice régulière pour Saphirnews, ici.
Autre point à signaler, la cohérence idéologique des invités (à l’exception de Nassima Prudor) : les prédicateurs choisis par les organisateurs sont tous connus pour tenir un discours fortement inspiré de l’idéologie salafiste qui, sur la question des femmes, sont évidemment ultra conservateurs mais qui ont, pour la plupart, réussi à séduire un pan de la jeunesse musulmane grâce à la puissance des réseaux sociaux et d’une communication 2.0 bien rôdée.
Notons qu’aucun ne fait l’apologie de la violence envers les femmes mais il faut bien reconnaître que leurs discours au Salon ont été plus soft que ceux qui sont habituellement entendus dans leurs mosquées. Une simple analyse de contenus en ligne de leurs prêches offre à voir une infantilisation des femmes ou le refus de leur émancipation pleine et entière au nom de l’équilibre des rôles que chaque sexe devrait jouer... ou plutôt pour affirmer une domination masculine sans partage. L’on peut aussi s’apercevoir rapidement, dans de nombreux dars (sermons), combien les devoirs de la femme font l’objet de longs discours quand, en parallèle, ceux des hommes ne sont que peu relevés, le tout sur un ton culpabilisateur qui ne rend pas toujours service à des fidèles. L’exemple le plus parlant revient au port du voile qui devient une condition sine qua non pour s’assurer de ne pas tomber dans les flammes de l’Enfer. Le sens des priorités religieuses en revient bouleversé, ou quand l’apparence devient un gage de piété.
Au-delà de ce Salon, il est faux de dire que le sexisme et la misogynie n’existent pas du côté des musulmans. Mais personne n’a le monopole de la vertu. Il ne suffit pas de répéter, telle une incantation, que l’islam est une religion juste – et elle l’est dans son essence ‒ pour que ses adeptes soient tous justes… Parce que la faiblesse est inhérente à l’humanité, il reste encore énormément d’efforts à faire parmi les musulmans – comme ailleurs ‒ pour que les femmes aient la juste place qu’elles méritent, autre que celle d’une fille, d’une sœur ou d’une épouse mais celle d’une femme active et responsable, d’un leader… Mettre tous les problèmes sur le dos des hommes est aussi injuste : la condition des femmes dépend aussi d’elles-mêmes.
Autre point à signaler, la cohérence idéologique des invités (à l’exception de Nassima Prudor) : les prédicateurs choisis par les organisateurs sont tous connus pour tenir un discours fortement inspiré de l’idéologie salafiste qui, sur la question des femmes, sont évidemment ultra conservateurs mais qui ont, pour la plupart, réussi à séduire un pan de la jeunesse musulmane grâce à la puissance des réseaux sociaux et d’une communication 2.0 bien rôdée.
Notons qu’aucun ne fait l’apologie de la violence envers les femmes mais il faut bien reconnaître que leurs discours au Salon ont été plus soft que ceux qui sont habituellement entendus dans leurs mosquées. Une simple analyse de contenus en ligne de leurs prêches offre à voir une infantilisation des femmes ou le refus de leur émancipation pleine et entière au nom de l’équilibre des rôles que chaque sexe devrait jouer... ou plutôt pour affirmer une domination masculine sans partage. L’on peut aussi s’apercevoir rapidement, dans de nombreux dars (sermons), combien les devoirs de la femme font l’objet de longs discours quand, en parallèle, ceux des hommes ne sont que peu relevés, le tout sur un ton culpabilisateur qui ne rend pas toujours service à des fidèles. L’exemple le plus parlant revient au port du voile qui devient une condition sine qua non pour s’assurer de ne pas tomber dans les flammes de l’Enfer. Le sens des priorités religieuses en revient bouleversé, ou quand l’apparence devient un gage de piété.
Au-delà de ce Salon, il est faux de dire que le sexisme et la misogynie n’existent pas du côté des musulmans. Mais personne n’a le monopole de la vertu. Il ne suffit pas de répéter, telle une incantation, que l’islam est une religion juste – et elle l’est dans son essence ‒ pour que ses adeptes soient tous justes… Parce que la faiblesse est inhérente à l’humanité, il reste encore énormément d’efforts à faire parmi les musulmans – comme ailleurs ‒ pour que les femmes aient la juste place qu’elles méritent, autre que celle d’une fille, d’une sœur ou d’une épouse mais celle d’une femme active et responsable, d’un leader… Mettre tous les problèmes sur le dos des hommes est aussi injuste : la condition des femmes dépend aussi d’elles-mêmes.
Quand le sextrémisme tue le féminisme
Émettre une telle opinion ne se fait pas sans risques : d’aucuns iront dire que celles et ceux qui portent ces idées servent la cause des fachos, d’autant que l’action contre-productive des Femen contribue à rendre la critique publique plus difficile qu’elle ne l’est déjà parmi les musulmans. Ce n’est guère l’exhibition de seins qui favorisera le dialogue. Les premières victimes de leur « sextrémisme » sont au final ces nombreux femmes (et hommes) musulman(e)s qui œuvrent jour après jour pour une évolution positive des mentalités dans leurs communautés autour de la question de l’égalité hommes-femmes, de l’éducation, du leadership et du vivre-ensemble.
Qu’on se le dise : que des musulmans critiquent sur le fond un salon féminin au masculin et surtout des discours de prédicateurs stars ne fait pas d’eux des alliés objectifs des islamophobes.
Au bout du compte, avec un maternalisme qui insupporte et un rejet obsessionnel de la religion, ces dites féministes ne font que reproduire ce qu'elles dénoncent : à partir d’une grille de lecture néocoloniale qui exclut du champ des luttes les femmes qui ne leur ressemblent pas, elles ne veulent pas voir les musulmanes ‒ premières victimes de l’islamophobie, rappelle-t-on ‒ soumises à Dieu ou, le croient-elles, aux musulmans mais plutôt soumises à elles, à leurs diktats, à leurs idées car ces dernières seraient naturellement progressistes et forcément civilisatrices. Les femmes n’adhérant pas à l’idéologie de ces prétendues féministes n'ont, à leurs yeux, rien compris et demeurent subordonnées à une religion rétrograde. Les musulmanes, qui cristallisent tant de passions en France, sont appelées à être actrices de leur vie et à dire stop aux fossoyeurs des libertés de toutes sortes.
Qu’on se le dise : que des musulmans critiquent sur le fond un salon féminin au masculin et surtout des discours de prédicateurs stars ne fait pas d’eux des alliés objectifs des islamophobes.
Au bout du compte, avec un maternalisme qui insupporte et un rejet obsessionnel de la religion, ces dites féministes ne font que reproduire ce qu'elles dénoncent : à partir d’une grille de lecture néocoloniale qui exclut du champ des luttes les femmes qui ne leur ressemblent pas, elles ne veulent pas voir les musulmanes ‒ premières victimes de l’islamophobie, rappelle-t-on ‒ soumises à Dieu ou, le croient-elles, aux musulmans mais plutôt soumises à elles, à leurs diktats, à leurs idées car ces dernières seraient naturellement progressistes et forcément civilisatrices. Les femmes n’adhérant pas à l’idéologie de ces prétendues féministes n'ont, à leurs yeux, rien compris et demeurent subordonnées à une religion rétrograde. Les musulmanes, qui cristallisent tant de passions en France, sont appelées à être actrices de leur vie et à dire stop aux fossoyeurs des libertés de toutes sortes.
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