J’ai été triplement touché par ces événements. Dans un premier temps, je suis touché en tant que citoyen français, puisque les attentats de 2015 ont ôté la vie à mes concitoyens. Face à cette horreur inqualifiable, je tiens à réitérer ma solidarité et ma compassion envers les proches des victimes. Moi-même et l’organisation que je représente avions fermement condamné ces actes barbares qui nous ont choqués et profondément affligés. En assassinant nos concitoyens, ces criminels ont tenté de porter atteinte aux valeurs de notre pays que sont la liberté, l’égalité et la fraternité, et qui constituent le socle de notre nation.
En tant que musulman, je suis blessé de voir des jeunes commettre ces actes au nom de l’islam qui est une religion de paix. Ces criminels ont bafoué notre religion qui considère que la vie est sacrée.
Malheureusement, l’islam et les musulmans sont seulement médiatisés autour de ces évènements horribles et, notamment, lors des campagnes électorales, et toutes les belles choses qui constituent notre religion sont occultées : l’amour, la paix, les valeurs de solidarité, de respect, de dignité, de partage, d’entraide.
Les amalgames sont tenaces et nous déplorons l’instrumentalisation de certains politiques qui n’hésitent pas à stigmatiser l’islam et les musulmans. Ces discours sont dangereux et irresponsables.
En tant qu’humanitaire qui combat les injustices, et qui œuvre pour un monde plus solidaire, je déplore fortement le malaise social actuel, pour ne pas dire la fracture sociale, et la manière dont ce phénomène est géré (ou occulté ?) par les politiques, et ce depuis de trop nombreuses années. Nous craignons la remise en question du vivre-ensemble. La gestion scandaleuse de la crise migratoire est un exemple notoire de l’inertie critiquable de nos dirigeants européens.
En tant que musulman, je suis blessé de voir des jeunes commettre ces actes au nom de l’islam qui est une religion de paix. Ces criminels ont bafoué notre religion qui considère que la vie est sacrée.
Malheureusement, l’islam et les musulmans sont seulement médiatisés autour de ces évènements horribles et, notamment, lors des campagnes électorales, et toutes les belles choses qui constituent notre religion sont occultées : l’amour, la paix, les valeurs de solidarité, de respect, de dignité, de partage, d’entraide.
Les amalgames sont tenaces et nous déplorons l’instrumentalisation de certains politiques qui n’hésitent pas à stigmatiser l’islam et les musulmans. Ces discours sont dangereux et irresponsables.
En tant qu’humanitaire qui combat les injustices, et qui œuvre pour un monde plus solidaire, je déplore fortement le malaise social actuel, pour ne pas dire la fracture sociale, et la manière dont ce phénomène est géré (ou occulté ?) par les politiques, et ce depuis de trop nombreuses années. Nous craignons la remise en question du vivre-ensemble. La gestion scandaleuse de la crise migratoire est un exemple notoire de l’inertie critiquable de nos dirigeants européens.
Pour une politique qui parle à tous les jeunes
Heureusement, si la classe politique peut décevoir, je suis fier de constater que le peuple français reste fortement attaché aux valeurs républicaines et qu’il a su se montrer uni face au terrorisme. J’ai redécouvert après pratiquement 40 ans de vécu en France un peuple français responsable, qui s’est dressé d’un seul corps pour défendre ses valeurs de liberté d’expression, de fraternité, d’égalité. Finalement, ces évènements dramatiques nous ont davantage interpellés sur l’action politique censée servir nos valeurs.
C’est un problème qu’il faut souligner, si l’on veut que ces drames ne se reproduisent plus. C’est réfléchir aux échecs de la politique ou plutôt la non-politique de la ville, de l’école, de l’immigration, de la jeunesse, etc., qui ont entrainé les jeunes vers des actes de violence et d’extrémisme.
En l’absence d’une politique qui parle à tous les jeunes, d’une politique qui les prend en considération en tant que citoyens à part entière en termes de droits et d’égalité des chances, nous risquons de les conduire à l’exclusion sociale et peut-être jusqu’à la rupture.
Ces évènements ont renforcé le militantisme du vivre-ensemble. Je me retrouve dans ce combat-là et j’ai décidé de doubler mes efforts pour promouvoir plus que le « vivre-ensemble », à savoir le « bon vivre ensemble » : participer activement pour aider et soutenir les jeunes pour qu’ils soient fiers à la fois de la République et de ses valeurs et de leur particularité musulmane ; leur faire comprendre que rien n’empêche d’être critique envers les politiques.
C’est un problème qu’il faut souligner, si l’on veut que ces drames ne se reproduisent plus. C’est réfléchir aux échecs de la politique ou plutôt la non-politique de la ville, de l’école, de l’immigration, de la jeunesse, etc., qui ont entrainé les jeunes vers des actes de violence et d’extrémisme.
En l’absence d’une politique qui parle à tous les jeunes, d’une politique qui les prend en considération en tant que citoyens à part entière en termes de droits et d’égalité des chances, nous risquons de les conduire à l’exclusion sociale et peut-être jusqu’à la rupture.
Ces évènements ont renforcé le militantisme du vivre-ensemble. Je me retrouve dans ce combat-là et j’ai décidé de doubler mes efforts pour promouvoir plus que le « vivre-ensemble », à savoir le « bon vivre ensemble » : participer activement pour aider et soutenir les jeunes pour qu’ils soient fiers à la fois de la République et de ses valeurs et de leur particularité musulmane ; leur faire comprendre que rien n’empêche d’être critique envers les politiques.
Un message tridimensionnel
Mon message est tout d’abord destiné à la jeunesse, notre jeunesse musulmane, frustrée par différentes injustices. Il s’agit de lui faire comprendre que la construction de l’avenir ne peut pas se faire avec la frustration et que la construction d’un projet sociétal se fait en sérénité par le biais de l’éducation et par la participation citoyenne politique et non politique, par la production et le travail. Lui faire comprendre qu’il faut faire en sorte qu’il y ait une valeur ajoutée de l’islam dans notre société.
Le deuxième message est adressé aux politiciens pour leur dire que la seule solution sécuritaire ne peut résoudre le problème. Sur l’ensemble des théâtres de guerre où la France s’est engagée, les conflits n’ont pas pu être résorbés. Nous devons leur faire comprendre que la réponse est politique et que la France doit privilégier la construction d’un dialogue auprès des parties en conflit, trouver des solutions politiques respectueuses des droits humains et surtout favoriser dans le même temps le développement durable dans les zones instables.
Le développement et la solidarité sont gages de paix et de stabilité. Les conflits qui naissent là-bas et que l’on pense résoudre avec des bombardements se répercutent jusqu’à nos portes. Il faut prendre garde en Syrie à envisager la solution militaire comme seul gage de stabilité. L’Histoire le prouve, cela ne fonctionne pas. Et pendant ce temps, la situation empire jour après jour, les Syriens meurent sous les balles ou de faim et ceux qui parviennent à fuir l’atrocité de la guerre se retrouvent face aux grillages, aux commerçants de la misère et de la guerre, aux murs et aux quotas intolérables de l’Europe et de la France.
Un troisième message est destiné au peuple français. Il s’agit de ne pas se laisser emporter par des analyses simplistes faites par des ignorants qui veulent semer la peur, la méfiance et la haine entre les Français. Au contraire, il faut tirer les leçons de l’Histoire de France qui s’est enrichie grâce à notre diversité. Rappelons que c’est le brassage et les contributions de différentes populations venant du monde entier qui ont fait la richesse de la France.
Le deuxième message est adressé aux politiciens pour leur dire que la seule solution sécuritaire ne peut résoudre le problème. Sur l’ensemble des théâtres de guerre où la France s’est engagée, les conflits n’ont pas pu être résorbés. Nous devons leur faire comprendre que la réponse est politique et que la France doit privilégier la construction d’un dialogue auprès des parties en conflit, trouver des solutions politiques respectueuses des droits humains et surtout favoriser dans le même temps le développement durable dans les zones instables.
Le développement et la solidarité sont gages de paix et de stabilité. Les conflits qui naissent là-bas et que l’on pense résoudre avec des bombardements se répercutent jusqu’à nos portes. Il faut prendre garde en Syrie à envisager la solution militaire comme seul gage de stabilité. L’Histoire le prouve, cela ne fonctionne pas. Et pendant ce temps, la situation empire jour après jour, les Syriens meurent sous les balles ou de faim et ceux qui parviennent à fuir l’atrocité de la guerre se retrouvent face aux grillages, aux commerçants de la misère et de la guerre, aux murs et aux quotas intolérables de l’Europe et de la France.
Un troisième message est destiné au peuple français. Il s’agit de ne pas se laisser emporter par des analyses simplistes faites par des ignorants qui veulent semer la peur, la méfiance et la haine entre les Français. Au contraire, il faut tirer les leçons de l’Histoire de France qui s’est enrichie grâce à notre diversité. Rappelons que c’est le brassage et les contributions de différentes populations venant du monde entier qui ont fait la richesse de la France.
Esprit critique et connaissance de l’autre
Il nous faut par ailleurs investir le champ de la jeunesse, de l’éducation. Renforcer les programmes scolaires et susciter l’esprit critique chez les jeunes, et aborder plus profondément le fait religieux, en prenant bien sûr en considération l’ensemble des religions et croyances afin d’inspirer plus de connaissance et donc plus de tolérance. Car il est indéniable que le rapprochement et la tolérance de l’autre ne peuvent se faire que par la connaissance de l’autre avant tout, la connaissance passant forcément par l’éducation et ce, dès le plus jeune âge.
S’il y a conflit aujourd’hui, c’est qu’il y a une ignorance réciproque dans la société : ignorance des musulmans à la fois de leur religion et de celles des autres, d’une part, et ignorance qui traverse la société française en général quant aux valeurs de l’islam et à son Histoire, d’autre part. J’ai déjà entendu un politicien dire : « Je n’ai pas eu la chance de connaitre l’autre, de lire et de comprendre le Coran. Cela aurait pu m’épargner de tomber dans des erreurs. »
L’école peut être la clé. Revisiter les programmes d’éducation pour redonner envie à la jeunesse française de se fédérer autour des valeurs communes en essayant de laisser de côté les conflits, les frustrations ; former des cadres de la communauté musulmane en France (éducateurs, prêcheurs qui connaissent à la fois la République, son Histoire, ses valeurs ainsi que les valeurs de l’islam).
Les jeunes français ont besoin de connaitre l’autre : il faut leur en donner l’occasion et les moyens.
S’il y a conflit aujourd’hui, c’est qu’il y a une ignorance réciproque dans la société : ignorance des musulmans à la fois de leur religion et de celles des autres, d’une part, et ignorance qui traverse la société française en général quant aux valeurs de l’islam et à son Histoire, d’autre part. J’ai déjà entendu un politicien dire : « Je n’ai pas eu la chance de connaitre l’autre, de lire et de comprendre le Coran. Cela aurait pu m’épargner de tomber dans des erreurs. »
L’école peut être la clé. Revisiter les programmes d’éducation pour redonner envie à la jeunesse française de se fédérer autour des valeurs communes en essayant de laisser de côté les conflits, les frustrations ; former des cadres de la communauté musulmane en France (éducateurs, prêcheurs qui connaissent à la fois la République, son Histoire, ses valeurs ainsi que les valeurs de l’islam).
Les jeunes français ont besoin de connaitre l’autre : il faut leur en donner l’occasion et les moyens.