Ensemble contre l'oubli, une toute jeune association contre l'exclusion, distribue des repas pendant le mois de ramadan à Paris, en allant directement à la rencontre des sans-abri et des démunis.
Samedi 20 août, 19 h 15. Boulevard de Magenta, Paris 10e. Un groupe de jeunes femmes s’affaire sur le trottoir. Celles-ci déchargent des packs d’eau, de jus de fruits, de lait. Elles sont bénévoles pour l’association ECO, Ensemble contre l’oubli.
Ensemble contre l’oubli est une association, comme de nombreuses autres, très active pendant ce mois de Ramadan. ECO voit le jour en 2010 à l’initiative d’un groupe d’amis désireux de faire preuve de générosité pendant le mois de ramadan, en distribuant des sandwichs faits maison à des démunis. L’action est très concluante et se fait vite connaître, le groupe d’amis décide alors de monter une association.
Karima Berkouki, présidente d’ECO, a été juriste dans une association de lutte contre l’exclusion pendant 9 ans : « Cette expérience a été bouleversante : le contact avec les personnes qui souffrent nous remet en question chaque jour. Mes motivations pour aider les autres sont le sentiment de recherche d'apaisement de la souffrance de l'autre. Je pense que nous vivons dans un monde ou l'injustice règne et les richesses sont mal réparties. » Et c’est logiquement qu’est né ECO.
Le but n’étant pas de faire doublon avec les autres associations humanitaires : « On a un but commun, on s’entraide. Si on n’est pas capable de faire, on envoie les personnes vers les autres associations, on travaille chacun à notre niveau », déclare la présidente. La motivation étant de pouvoir diriger sa propre association afin d’y apporter des idées nouvelles : « Il est difficile d’intégrer un groupe qui existe déjà, car il est compliqué d’apporter ses propres idées dans une grande structure », justifie Karima Berkouki.
Ensemble contre l’oubli est une association, comme de nombreuses autres, très active pendant ce mois de Ramadan. ECO voit le jour en 2010 à l’initiative d’un groupe d’amis désireux de faire preuve de générosité pendant le mois de ramadan, en distribuant des sandwichs faits maison à des démunis. L’action est très concluante et se fait vite connaître, le groupe d’amis décide alors de monter une association.
Karima Berkouki, présidente d’ECO, a été juriste dans une association de lutte contre l’exclusion pendant 9 ans : « Cette expérience a été bouleversante : le contact avec les personnes qui souffrent nous remet en question chaque jour. Mes motivations pour aider les autres sont le sentiment de recherche d'apaisement de la souffrance de l'autre. Je pense que nous vivons dans un monde ou l'injustice règne et les richesses sont mal réparties. » Et c’est logiquement qu’est né ECO.
Le but n’étant pas de faire doublon avec les autres associations humanitaires : « On a un but commun, on s’entraide. Si on n’est pas capable de faire, on envoie les personnes vers les autres associations, on travaille chacun à notre niveau », déclare la présidente. La motivation étant de pouvoir diriger sa propre association afin d’y apporter des idées nouvelles : « Il est difficile d’intégrer un groupe qui existe déjà, car il est compliqué d’apporter ses propres idées dans une grande structure », justifie Karima Berkouki.
De l'urgence alimentaire à la réinsertion sociale des démunis
Selon l'INSEE (étude 2006-2008), 133 000 personnes sont sans-abri et 13 % des ménages vivent sous le seuil de pauvreté, estimé à 950 € par mois, soit 8 millions de personnes (INSEE, 2008).
À court terme, l’urgence est alimentaire, mais à plus long terme les associations sont vouées à une réinsertion sociale des démunis. C’est le vœu d’ECO : « Distribuer des repas, c’est bien. Moi, je voudrais gérer le problème de A à Z, à long terme, créer un centre d’hébergement, de réinsertion sociale pour traiter le problème en profondeur », espère Karima Berkouki.
Le local occupé est prêté par Itinérance (accueil de jour pour l’accompagnement social des jeunes en errance) pour les activités nocturnes d’ECO. Ce local appartient à la RATP. L’équipe est formé de 11 bénévoles sur place, 5 autres sont dans un local du Secours populaire situé à Asnières, ils s’occupent du « chaud » (une chorba et un plat à base de riz ou de pâtes). Ce soir, c’est Dalila qui est la responsable.
Elle dirige et coordonne l’action. Les bénévoles sont bien rôdés : comptage des sacs (100), remplissage avec eau, jus, lait, pain, dattes, gâteau, yaourt ; et ce soir, exceptionnellement, chips grâce à un don arrivé dernièrement.
Le coût d’un repas est estimé à 2,62 €, soit un coût de 262 € journalier pour 100 repas (chiffre fourni par Hakima Bendouch, coordinatrice des responsables et trésorière, dans son rapport d’activité 2010), ce coût est très bas grâce à d’importants dons en nature. Les donateurs ont ainsi le sentiment de contrôler leur don.
20 h 15. L’équipe de cuisine arrive chargée de soupes et de riz cuisiné à la viande. Tout est conditionné individuellement. À nouveau, les 100 sacs sont enrichis du plat, la soupe sera donnée main à main pour ne pas se déverser dans le sac.
Samia s’occupe de préparer les couverts : « Jusqu’à 20 h 15. Ensuite, je dois rentrer préparer mon ftour [repas pris après la rupture du jeûne] » ; elle aide pour des raisons religieuses « fissabillah » [par bonté, traduction littérale : pour le chemin de Dieu, c'est-à-dire sans échange d'argent] et « quand on multiplie les bonnes actions pendant le Ramadan, c’est mieux ».
Les sacs prêts, Dalila donne le coup d’envoi. La distribution ne se fait pas sur place, les bénévoles se déplacent pour être au plus près des besoins. « Les gens ne viennent pas vers nous, c’est nous qui allons vers eux. C’est mieux, surtout quand les gens sont en manque d’informations », explique Badr.
À court terme, l’urgence est alimentaire, mais à plus long terme les associations sont vouées à une réinsertion sociale des démunis. C’est le vœu d’ECO : « Distribuer des repas, c’est bien. Moi, je voudrais gérer le problème de A à Z, à long terme, créer un centre d’hébergement, de réinsertion sociale pour traiter le problème en profondeur », espère Karima Berkouki.
Le local occupé est prêté par Itinérance (accueil de jour pour l’accompagnement social des jeunes en errance) pour les activités nocturnes d’ECO. Ce local appartient à la RATP. L’équipe est formé de 11 bénévoles sur place, 5 autres sont dans un local du Secours populaire situé à Asnières, ils s’occupent du « chaud » (une chorba et un plat à base de riz ou de pâtes). Ce soir, c’est Dalila qui est la responsable.
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Le coût d’un repas est estimé à 2,62 €, soit un coût de 262 € journalier pour 100 repas (chiffre fourni par Hakima Bendouch, coordinatrice des responsables et trésorière, dans son rapport d’activité 2010), ce coût est très bas grâce à d’importants dons en nature. Les donateurs ont ainsi le sentiment de contrôler leur don.
20 h 15. L’équipe de cuisine arrive chargée de soupes et de riz cuisiné à la viande. Tout est conditionné individuellement. À nouveau, les 100 sacs sont enrichis du plat, la soupe sera donnée main à main pour ne pas se déverser dans le sac.
Samia s’occupe de préparer les couverts : « Jusqu’à 20 h 15. Ensuite, je dois rentrer préparer mon ftour [repas pris après la rupture du jeûne] » ; elle aide pour des raisons religieuses « fissabillah » [par bonté, traduction littérale : pour le chemin de Dieu, c'est-à-dire sans échange d'argent] et « quand on multiplie les bonnes actions pendant le Ramadan, c’est mieux ».
Les sacs prêts, Dalila donne le coup d’envoi. La distribution ne se fait pas sur place, les bénévoles se déplacent pour être au plus près des besoins. « Les gens ne viennent pas vers nous, c’est nous qui allons vers eux. C’est mieux, surtout quand les gens sont en manque d’informations », explique Badr.
Le contenu d'un panier distribué par ECO.
Baptême de bénévole
20 h 35. Gare de l’Est. Aux abords d’un parc, les tréteaux sortis, la table posée, les thermos de thé et de café, les chorbas installés, la distribution commence. Les ECOsolidaires étaient attendus. Une famille avec leurs deux filles, des hommes très jeunes, parlant peu français, et trois femmes font la queue pour obtenir un sac, une soupe, un café... Certains parlent avec les bénévoles, les autres se sauvent dès qu’ils sont servis. Une masse se forme. En 20 minutes, 77 repas sont servis.
Les gens se font comprendre en anglais et une poignée d’entre eux vient se resservir. « Laisse, c’est pas grave, comme on n’est pas sûr qu’il a été servi, donne-lui, il a faim », dit Dalila.
Les responsables et bénévoles doivent être attentifs à leurs bénéficiaires afin que le plus grand nombre d’entre eux ait accès à un panier-repas de manière égalitaire, mais le dénuement humain est parfois tel que la générosité prend le dessus.
« C’est bien, même plus que bien ce qu’ils font, je les connais depuis deux jours. Elle est passée par là et elle m’a dit : "Viens", pour me donner à manger. » Voilà ce qu’en pense un bénéficiaire de l’association ECO, un homme d’une trentaine d’années, bien vêtu et propre, mais SDF. « Moi, je vais dans les associations juste pour la douche. Le reste, je me débrouille. Mais, eux, ils sont venus me voir. »
Les bénévoles sont de jeunes étudiants ou actifs désireux d’aider. « Je me sens utile, ça me remet à ma place, on se plaint toute la journée », estime Saïda. Yassine, étudiant en classe préparatoire d'économie, à Sarcelles, voit en ECO un moyen de montrer une autre facette des jeunes de banlieue : « Un jour, j’ai donné un sac à un couple de "Gaulois", ils étaient surpris que je sois maghrébin. Tellement surpris qu’ils ne regardaient pas le sac mais moi ! Je ne leur ai pas dit que je faisais partie de l’association ECO parce qu’elle n’est pas connue, je leur ai dit Secours Islamique pour que ça redore l’image ».
Le ramadan est une période propice à la générosité et aux dons. Pour Emmylie, nouvelle recrue, ce soir est son baptême de bénévole : « J’ai toujours voulu aider, cela fait deux ans que je suis dans le système associatif, les grosses associations ont assez de bénévoles, mais on n’aide pas les gens juste pendant le ramadan. »
En effet, ECO est en pleine action pendant le mois béni mais l’est aussi tous les week-ends de l’année. Une « opération grand froid » a été menée l'hiver dernier pour venir en aide aux démunis.
Les bénévoles voient dans cette association un moyen agréable et convivial d’aider son prochain, tout se passe dans la bonne humeur et le rire. « Tout le monde te met à l’aise, tout le monde est impliqué », savoure Kayna. L’association s’est fait connaître pour 90 % par Facebook ; pour les autres, par le groupe des Dérouilleurs.
C’est l’heure de la rupture du jeûne, les bénévoles présents ce soir sont tous de confession musulmane. Alexandre-Madenba distribue des dattes, Nadia sert de l’eau, il a fait très chaud aujourd’hui. Tous ont le sentiment d’avoir accompli leur devoir.
Site de l'association Ensemble contre l'oubli - ECO
Page Facebook d'ECO
Les gens se font comprendre en anglais et une poignée d’entre eux vient se resservir. « Laisse, c’est pas grave, comme on n’est pas sûr qu’il a été servi, donne-lui, il a faim », dit Dalila.
Les responsables et bénévoles doivent être attentifs à leurs bénéficiaires afin que le plus grand nombre d’entre eux ait accès à un panier-repas de manière égalitaire, mais le dénuement humain est parfois tel que la générosité prend le dessus.
« C’est bien, même plus que bien ce qu’ils font, je les connais depuis deux jours. Elle est passée par là et elle m’a dit : "Viens", pour me donner à manger. » Voilà ce qu’en pense un bénéficiaire de l’association ECO, un homme d’une trentaine d’années, bien vêtu et propre, mais SDF. « Moi, je vais dans les associations juste pour la douche. Le reste, je me débrouille. Mais, eux, ils sont venus me voir. »
Les bénévoles sont de jeunes étudiants ou actifs désireux d’aider. « Je me sens utile, ça me remet à ma place, on se plaint toute la journée », estime Saïda. Yassine, étudiant en classe préparatoire d'économie, à Sarcelles, voit en ECO un moyen de montrer une autre facette des jeunes de banlieue : « Un jour, j’ai donné un sac à un couple de "Gaulois", ils étaient surpris que je sois maghrébin. Tellement surpris qu’ils ne regardaient pas le sac mais moi ! Je ne leur ai pas dit que je faisais partie de l’association ECO parce qu’elle n’est pas connue, je leur ai dit Secours Islamique pour que ça redore l’image ».
Le ramadan est une période propice à la générosité et aux dons. Pour Emmylie, nouvelle recrue, ce soir est son baptême de bénévole : « J’ai toujours voulu aider, cela fait deux ans que je suis dans le système associatif, les grosses associations ont assez de bénévoles, mais on n’aide pas les gens juste pendant le ramadan. »
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