Régulièrement, dans les débats entre musulmans comme dans les discussions avec des non-musulmans, se pose la question de savoir s'il existe « un » islam ou « plusieurs ».
Ceux qui, parmi les musulmans, se veulent les tenants de l'islam le plus orthodoxe, ceux qui se pensent comme les plus fidèles à la tradition prophétique, répondent, bien entendu, qu’il n’y a qu’« un seul » islam, un islam « unique », puisqu'il correspond à la révélation parfaite de Dieu. Pour eux, le caractère « unique » de l'islam réside tout simplement dans la permanence, à travers le temps, d'un corps de doctrine contenu dans le Coran, qui ne saurait varier (éventuellement, on dira : un « noyau dur » invariable).
Mais ceux qui ont une approche plus sociologique des réalités humaines prennent en compte l'extrême diversité des façons d'être musulman dans le monde, et ils diront : il y a « des islams », qui correspondent à différentes aires culturelles, à des écoles juridiques distinctes ou encore à des lectures doctrinales divergentes (dont témoigne la fracture entre chiisme et sunnisme).
Ceux qui, parmi les musulmans, se veulent les tenants de l'islam le plus orthodoxe, ceux qui se pensent comme les plus fidèles à la tradition prophétique, répondent, bien entendu, qu’il n’y a qu’« un seul » islam, un islam « unique », puisqu'il correspond à la révélation parfaite de Dieu. Pour eux, le caractère « unique » de l'islam réside tout simplement dans la permanence, à travers le temps, d'un corps de doctrine contenu dans le Coran, qui ne saurait varier (éventuellement, on dira : un « noyau dur » invariable).
Mais ceux qui ont une approche plus sociologique des réalités humaines prennent en compte l'extrême diversité des façons d'être musulman dans le monde, et ils diront : il y a « des islams », qui correspondent à différentes aires culturelles, à des écoles juridiques distinctes ou encore à des lectures doctrinales divergentes (dont témoigne la fracture entre chiisme et sunnisme).
Rachid Benzine
Ces divergences renvoient, bien évidemment, à des définitions différentes de l'islam.
Que recouvre ce mot pour aujourd'hui ? L'islam, c’est d'abord un message : celui que proposent le Coran et la Sunna. Mais il est aussi, comme toutes les grandes religions, une succession d'interprétations de ces textes fondateurs. Font également partie de l’identité concrète de l’islam, les institutions diverses mises en place en son nom au cours des siècles. Et l'islam, c'est encore, et de manière essentielle, la réalité plurielle des croyants. Car ce qui fait de l'islam une réalité vivante, n'est-ce pas en premier lieu le peuple des fidèles ? Ce sont ces derniers qui expriment l'islam, lui donnent chair, l'offrent à voir et à entendre. Il n'y a pas d'islam sans musulmans !
Si donc on considère que l'islam, c'est tout cela (et bien d'autres choses encore !), le débat sur l'existence d'« un » islam ou de « plusieurs » islams n'est pas le plus pertinent.
Il en va de même de la problématique concomitante : existe-t-il un « islam authentique »?
« Conservateurs », « progressistes » ou « libéraux » de l’islam, tous composent la oumma et considèrent qu'ils sont, chacun pour leur part, les seuls vrais dépositaires ou héritiers de l'« islam authentique ». Seulement, chacun de ces groupes s'est construit sa propre vision de l'« islam authentique », l'« islam de toujours », l'« islam fondamental », etc.
On voit bien que nous sommes dans une impasse : chacun pense être meilleur musulman que l'autre ! Les uns et les autres oublient qu’au cours de l'Histoire il y a eu de nombreuses définitions de l'« islam authentique ». Si l'islam est d'abord ce que les musulmans en font, la manière dont ils reçoivent et vivent le message, ne peut-on pas dire que l'« islam authentique », c'est avant tout l'« authenticité des croyants » ? Leur façon « authentique » de croire et de vivre dans les faits ce qu'ils disent croire ? Le rapport entre un dire et un faire, voilà un type d’« islamité » qui peut intéresser nos contemporains !
****
Chronique parue dans Aujourd'hui le Maroc : www.aujourdhui.ma
Que recouvre ce mot pour aujourd'hui ? L'islam, c’est d'abord un message : celui que proposent le Coran et la Sunna. Mais il est aussi, comme toutes les grandes religions, une succession d'interprétations de ces textes fondateurs. Font également partie de l’identité concrète de l’islam, les institutions diverses mises en place en son nom au cours des siècles. Et l'islam, c'est encore, et de manière essentielle, la réalité plurielle des croyants. Car ce qui fait de l'islam une réalité vivante, n'est-ce pas en premier lieu le peuple des fidèles ? Ce sont ces derniers qui expriment l'islam, lui donnent chair, l'offrent à voir et à entendre. Il n'y a pas d'islam sans musulmans !
Si donc on considère que l'islam, c'est tout cela (et bien d'autres choses encore !), le débat sur l'existence d'« un » islam ou de « plusieurs » islams n'est pas le plus pertinent.
Il en va de même de la problématique concomitante : existe-t-il un « islam authentique »?
« Conservateurs », « progressistes » ou « libéraux » de l’islam, tous composent la oumma et considèrent qu'ils sont, chacun pour leur part, les seuls vrais dépositaires ou héritiers de l'« islam authentique ». Seulement, chacun de ces groupes s'est construit sa propre vision de l'« islam authentique », l'« islam de toujours », l'« islam fondamental », etc.
On voit bien que nous sommes dans une impasse : chacun pense être meilleur musulman que l'autre ! Les uns et les autres oublient qu’au cours de l'Histoire il y a eu de nombreuses définitions de l'« islam authentique ». Si l'islam est d'abord ce que les musulmans en font, la manière dont ils reçoivent et vivent le message, ne peut-on pas dire que l'« islam authentique », c'est avant tout l'« authenticité des croyants » ? Leur façon « authentique » de croire et de vivre dans les faits ce qu'ils disent croire ? Le rapport entre un dire et un faire, voilà un type d’« islamité » qui peut intéresser nos contemporains !
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Chronique parue dans Aujourd'hui le Maroc : www.aujourdhui.ma