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Points de vue

Réponse d’un Blanco* à Mustapha Kessous

Par Jean-Christophe Despres**

Rédigé par Jean-Christophe Despres | Jeudi 8 Octobre 2009 à 02:32

           


Réponse d’un Blanco* à Mustapha Kessous
Cher M. Kessous,

Votre article du 24 septembre m’a interpellé ainsi, visiblement, que les lecteurs du monde.fr comme en témoignent les 395 réactions observées à l’heure où je vous écris.

Ayant depuis sept ans essayé de promouvoir les idées de marketing affinitaire et de communication multiculturelle, mes clients me demandent en général des informations sur ces populations si étranges auxquelles votre patronyme vous contraint, de gré ou de force, à appartenir.

Je vais donc pour une fois me livrer à l’exercice inverse et tenter de vous donner quelques éclairages − même si vous n’en n’avez nul besoin (mais nous autres Gaulois aimons donner des leçons) − sur les causes de l’incompréhension de vos collègues et autres lecteurs du Monde… inaptes à saisir les évidences que vous énoncez.

Premier élément, le plus fondamental, nous sommes en général incapables de nous penser comme « Blancs » et sommes fort choqués lorsqu’on nous renvoie et réduit à cette identité. Nulle surprise à cela, dans nombre de langues, le nom de l’autochtone veut tout bonnement dire « Homme ». Mais l’homme occidental a fait mieux pendant plusieurs siècles, il a gagné. Et l’homme français a fait encore mieux : il s’est institué en Universel. Peuple traditionnellement peu migrant et moyennement voyageur, nous ne sommes pas à être réduits à notre phénotype.

Ce que vous décrivez brillamment reste donc quelque peu théorique. Nul besoin d’ajouter à cela une grille de lecture postcoloniale qui, si elle a le mérite d’éclairer certaines représentations qu’on croit à tort caduques, a le don d’hérisser nos faiseurs d’opinion. Pas de repentance, pas d’ethno-masochisme, soit.

Venons-en donc à ce petit racisme « véniel », qui vous pourrit la vie comme ceux de tant de nos compatriotes, celui qui s’exprime avec tant de naturel dans la séquence Hortefeux / militants UMP. Ce racisme-là est difficile à chasser tant il n’est « pas grave ». Vais-je réagir devant quelques vannes racistes au risque de passer pour un pisse-froid ? Eh bien, pas toujours. Notre goût pour la liberté d’expression est sans limite, hormis quelques tabous hérités des seules parties de notre Histoire dont nous voulons bien admettre qu’elles n’étaient vraiment pas glorieuses….

Absence d’empathie et dégoût du politiquement correct expliquent pourquoi une grande partie des Français qui se disent de souche sont si mal à l’aise devant ces paroles qui se libèrent. À ce stade, nous avons tous d’ailleurs besoin de nous lâcher un peu. Le mâle blanc dominant des derniers siècles doit, avec peine, se pousser pour faire de la place aux femmes…

Et maintenant voici M. Kessous qui veut être journaliste au Monde... Nul besoin là-dedans d’incriminer spécifiquement les classes populaires ; souvenons-nous des réactions de nos élites devant le rachat d’Arcelor par Mittal. Laissons donc parler les Zemmour et consorts, tout cela doit sortir.

Mais mes frères au teint pâle, ne vous étonnez plus quand vous recevez des volées de bois vert après des propos racistes. Tout le monde aujourd’hui est en droit de faire respecter sa dignité.

M. Kessous, merci de m’avoir permis de vous avoir pris comme prétexte pour parler à ma « communauté ». Le monde et la France ont changé, ce n’est pas un débat, c’est un fait. Le dépassement des concepts ethnoraciaux ne pourra se faire par le déni de l’Histoire et du présent. Les identités et les affinités sont plus que jamais multiples et complexes. Refuser de les comprendre, c’est accepter de perdre.


* Copyright Manuel Valls.



** Jean-Christophe Despres est directeur de l’agence Sopi Communication.





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