Azzedine Gaci, président du CRCM Rhône-Alpes et recteur de la mosquée Othmane de Villeurbanne
Saphirnews : Comment se déroule concrètement une nuit du doute ?
Azzedine Gaci : Ramadan constitue le neuvième mois lunaire de l'année musulmane. C'est l'apparition du croissant lunaire qui annonce le début et la fin de ce mois sacré. Le prophète (Psl) dit : « Lorsque vous voyez le croissant, jeûnez ! Et lorsque vous le voyez, rompez le jeûne. » . Il dit aussi : « Jeûnez à sa vision (le croissant lunaire) et rompez le jeûne (fête de l'Aïd) à sa vision ».
La nuit du doute correspond au 29ème jour de Cha'bâne, le 8ème mois lunaire qui précède le mois de Ramadan. Ce jour-là, les musulmans sont appelés à procéder à la vision (oculaire ?) du croissant pour annoncer le premier jour du mois de Ramadan. Concrètement, les responsables musulmans, généralement les imams de la ville se réunissent dans une mosquée pour informer les musulmans du début du mois de Ramadan. Les imams doivent tenir compte de plusieurs paramètres à la fois : l'avis des pays musulmans, celui des instances nationales (CFCM) et surtout les données scientifiques. Le CFCM a récemment adopté une règle courageuse : «Nous devons suivre le premier musulman qui annonce le début du Ramadan à condition que cela ne contredit pas les données scientifiques»
C'est une règle extrêmement importante. Malheureusement, elle n'est pas tout le temps respectée.
La nuit du doute correspond au 29ème jour de Cha'bâne, le 8ème mois lunaire qui précède le mois de Ramadan. Ce jour-là, les musulmans sont appelés à procéder à la vision (oculaire ?) du croissant pour annoncer le premier jour du mois de Ramadan. Concrètement, les responsables musulmans, généralement les imams de la ville se réunissent dans une mosquée pour informer les musulmans du début du mois de Ramadan. Les imams doivent tenir compte de plusieurs paramètres à la fois : l'avis des pays musulmans, celui des instances nationales (CFCM) et surtout les données scientifiques. Le CFCM a récemment adopté une règle courageuse : «Nous devons suivre le premier musulman qui annonce le début du Ramadan à condition que cela ne contredit pas les données scientifiques»
C'est une règle extrêmement importante. Malheureusement, elle n'est pas tout le temps respectée.
Le doute existe-t-il toujours à propos du premier jour de Ramadan. Une date claire ne peut-elle être déterminée à l'avance avec l'aide de l'Institut de mécanique céleste ?
A. G. : C'est un grand débat en France et dans le monde occidental.
La question fondamentale qui se pose aujourd'hui est la suivante : pourquoi ne pas adopter les calculs scientifiques pour annoncer le début et la fin du Ramadan ?
Les propositions du Conseil Européen de la Fatwa vont clairement dans ce sens* (voir ci-dessous). Je suis moi-même un scientifique et je suis d'avis que le CFCM se prononce clairement dans ce sens. Cela éviterait pas mal de désagréments aux musulmans de France. En effet, beaucoup de mosquées accomplissent la prière de la Fête de l'Aïd dans des gymnases qu'il faudra réserver longtemps à l'avance, ce qui est difficile si la date de la l'Aïd n'est pas connue.
En tout cas, le débat est lancé et rien en principe ne s'oppose à ce que nous nous référions à l'Institut de mécanique céleste ou à tout autre observatoire ou centre de recherche pour déterminer le début et la fin du mois de Ramadan ainsi que la fête de l'Aïd Al Adha (fête du sacrifice) même si cette dernière est liée à la station au mont Arafat lors du pèlerinage à la Mecque.
La question fondamentale qui se pose aujourd'hui est la suivante : pourquoi ne pas adopter les calculs scientifiques pour annoncer le début et la fin du Ramadan ?
Les propositions du Conseil Européen de la Fatwa vont clairement dans ce sens* (voir ci-dessous). Je suis moi-même un scientifique et je suis d'avis que le CFCM se prononce clairement dans ce sens. Cela éviterait pas mal de désagréments aux musulmans de France. En effet, beaucoup de mosquées accomplissent la prière de la Fête de l'Aïd dans des gymnases qu'il faudra réserver longtemps à l'avance, ce qui est difficile si la date de la l'Aïd n'est pas connue.
En tout cas, le débat est lancé et rien en principe ne s'oppose à ce que nous nous référions à l'Institut de mécanique céleste ou à tout autre observatoire ou centre de recherche pour déterminer le début et la fin du mois de Ramadan ainsi que la fête de l'Aïd Al Adha (fête du sacrifice) même si cette dernière est liée à la station au mont Arafat lors du pèlerinage à la Mecque.
Comment se fait l'harmonisation entre les CRCM et le CFCM ?
A. G. : Je vais peut-être vous surprendre mais depuis la création du CFCM, les choses vont beaucoup mieux en ce qui concerne l'annonce du début et de la fin du Ramadan.
C'est le CFCM qui prend cette décision difficile et il est très majoritairement suivi par les musulmans de France, sur ce point au moins.
En ce qui concerne les Conseils Régionaux du Culte Musulman (CRCM), à Lyon par exemple, nous avons pris l'habitude de réunir les imams de l'agglomération lors de la nuit du doute pour annoncer le début du Ramadan en présence des médias et notament les radios communautaires. La même réunion a lieu dans plusieurs départements de la région Rhône-Alpes et notamment à Grenoble en Isère et à Annecy en Haute-Savoie.
Le président du CRCM est en contact avec les membres du bureau du CFCM qui eux se réunissent à Paris. Une fois que la décision est prise vers la prière du Maghrib, le président du CRCM informe les délégués départementaux qui en informent les mosquées.
Il y a certes des problèmes au niveau du CFCM et de certains CRCM mais je pense sincèrement qu'il faudrait respecter ces institutions qui devraient être les seules à prendre ce type de décision pour que notre communauté soit unie.
Je profite de cette occasion pour appeler les musulmanes et les musulmans de France à profiter de ce mois d'intense spiritualité, le mois de l'amour, du recueillement et du don pour apprendre à vivre dans la proximité de Dieu.
C'est le CFCM qui prend cette décision difficile et il est très majoritairement suivi par les musulmans de France, sur ce point au moins.
En ce qui concerne les Conseils Régionaux du Culte Musulman (CRCM), à Lyon par exemple, nous avons pris l'habitude de réunir les imams de l'agglomération lors de la nuit du doute pour annoncer le début du Ramadan en présence des médias et notament les radios communautaires. La même réunion a lieu dans plusieurs départements de la région Rhône-Alpes et notamment à Grenoble en Isère et à Annecy en Haute-Savoie.
Le président du CRCM est en contact avec les membres du bureau du CFCM qui eux se réunissent à Paris. Une fois que la décision est prise vers la prière du Maghrib, le président du CRCM informe les délégués départementaux qui en informent les mosquées.
Il y a certes des problèmes au niveau du CFCM et de certains CRCM mais je pense sincèrement qu'il faudrait respecter ces institutions qui devraient être les seules à prendre ce type de décision pour que notre communauté soit unie.
Je profite de cette occasion pour appeler les musulmanes et les musulmans de France à profiter de ce mois d'intense spiritualité, le mois de l'amour, du recueillement et du don pour apprendre à vivre dans la proximité de Dieu.
* Décision du Conseil européen de la Fatwa en ce qui concerne l'annonce du début et de la fin du Ramadan :
Le début et la fin du mois de Ramadan ne peuvent être définis que par la vision oculaire du nouveau croissant de lune, que ce soit à l'œil nu ou par le biais des observatoires, si cette vision est confirmée dans n'importe quel pays musulman, d'une manière légale, conformément aux recommandations du Prophète (Psl) : « Lorsque vous voyez le croissant, jeûnez ! Et lorsque vous le voyez, rompez le jeûne. » Il dit aussi : « Jeûnez à sa vision et rompez le jeûne à sa vision. »
Cette vision oculaire ne doit pas être démentie par le calcul scientifique et astronomique. Lorsque les données scientifiques confirment l'impossibilité de voir légalement le croissant, on ne doit pas tenir compte des témoignages de vision qui ne sont qu'hypothétiques. Ces témoignages seront considérés comme une erreur ou un mensonge, car le témoignage hypothétique ne peut s'opposer à des données scientifiques sûres selon la majorité des savants.
Le début et la fin du mois de Ramadan ne peuvent être définis que par la vision oculaire du nouveau croissant de lune, que ce soit à l'œil nu ou par le biais des observatoires, si cette vision est confirmée dans n'importe quel pays musulman, d'une manière légale, conformément aux recommandations du Prophète (Psl) : « Lorsque vous voyez le croissant, jeûnez ! Et lorsque vous le voyez, rompez le jeûne. » Il dit aussi : « Jeûnez à sa vision et rompez le jeûne à sa vision. »
Cette vision oculaire ne doit pas être démentie par le calcul scientifique et astronomique. Lorsque les données scientifiques confirment l'impossibilité de voir légalement le croissant, on ne doit pas tenir compte des témoignages de vision qui ne sont qu'hypothétiques. Ces témoignages seront considérés comme une erreur ou un mensonge, car le témoignage hypothétique ne peut s'opposer à des données scientifiques sûres selon la majorité des savants.