Quelques semaines après les révolutions spontanées des peuples tunisien et égyptien, qui ont fait tomber les murs de la peur de l’islamisme, laquelle a longtemps justifié le soutien des dictateurs en place, voilà qu’on s’attelle en France à consolider les murs de la peur en général, celle de l’islam en particulier, au risque de monter les Français les uns contre les autres.
Après ses déclarations sur l’échec du multiculturalisme, Nicolas Sarkozy vient de demander à son parti, l’UMP, de lancer un débat sur la laïcité et l’exercice des cultes en France, en singularisant l’islam.
Une fois encore, et juste après le fiasco du débat sur l’identité nationale, voilà que des millions de Français voient leur confession devenir un sujet d’enjeux électoraux.
Dans la course folle au pouvoir, incapable de discerner les vrais défis de la France, Nicolas Sarkozy donne l’impression de vouloir prendre de vitesse le Front national à 14 mois des élections présidentielles sur un thème qui ne répond en aucune manière aux défis réels de la France que sont l’éducation, la justice sociale, l’emploi et le pouvoir d’achat.
En ce qui concerne l’exercice de leur culte, les musulmans ne demandent ni plus ni moins que ce dont bénéficie n’importe quel citoyen : le droit d’exercer le culte qu’il a choisi, comme il l’entend, dans le respect des lois de la République.
Dans ce cadre, il ne peut être donné qu’aux musulmans de France de définir, à leur rythme et selon leurs vœux, l’« islam de France ».
Qu’ils soient ou non français, ces musulmans s’interrogent :
• La République, en tant que système politique laïc, a-t-elle vraiment des problèmes avec l’islam ? Et, le cas échéant, la difficulté se situe-t-elle au niveau de l’adaptation de la République à la simple présence de la population musulmane ? Dans ce cas, eu égard à sa politique intégrationniste, la France ne devrait-elle pas se limiter à appliquer ses lois, à faire valoir le droit de chacun sans stigmatiser telle ou telle communauté ?
• Comment M. Sarkozy compte-t-il s’y prendre pour faire cet « islam de France » ? Va-t-il se substituer aux théologiens musulmans pour adapter l’islam en tant que religion au contexte français ? Dispose-t-il des compétences pour cela ? Dans un pays laïc, où la séparation des Églises et de l’État est un fondement constitutionnel, en a-t-il le droit ? Et la légitimité ? Pourquoi, dès lors, imposer un débat sur l’islam ?
En stigmatisant l’entière communauté musulmane de France, Nicolas Sarkozy se trouve aspiré, et nous avec lui, dans la glaise du terrain du Front national. Personne n’osera dire le contraire : plus que rapporter quelques voix apeurées, l’enlisement qu’on déguise aujourd’hui sous des airs de débat ne peut que salir davantage toutes les valeurs républicaines.
* Noura Jaballah est présidente de l’EFOMW (Forum européen des femmes musulmanes).
Après ses déclarations sur l’échec du multiculturalisme, Nicolas Sarkozy vient de demander à son parti, l’UMP, de lancer un débat sur la laïcité et l’exercice des cultes en France, en singularisant l’islam.
Une fois encore, et juste après le fiasco du débat sur l’identité nationale, voilà que des millions de Français voient leur confession devenir un sujet d’enjeux électoraux.
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En ce qui concerne l’exercice de leur culte, les musulmans ne demandent ni plus ni moins que ce dont bénéficie n’importe quel citoyen : le droit d’exercer le culte qu’il a choisi, comme il l’entend, dans le respect des lois de la République.
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