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Points de vue

Soliman le Magnifique, conquérant et fin politique

Rédigé par Seyfeddine Ben Mansour | Mercredi 16 Janvier 2013 à 09:00

           


Soliman le Magnifique, conquérant et fin politique
« L’empereur Soliman Ier a passé trente ans de sa vie à dos de cheval et non dans des palais comme on nous le montre à la télé », s’est exclamé Recep Tayyip Erdogan, le 25 novembre dernier, dans une condamnation sans appel de la série télévisée « Le siècle magnifique » (Muhtesem Yüzyil).

Diffusée en Turquie, en Europe de l’Est et dans le monde arabe – soit dans l’ancienne ère ottomane – la série, chronique éminemment romanesque et passablement décadente des amours de Soliman Ier et de Roxane, rencontre un franc succès. Son titre arabe, « Le harem du Sultan » (Harîm as-Sultân), est d’ailleurs sans équivoque. C’est contre cet aspect réducteur que s’est insurgé le Premier ministre turc, n’hésitant pas à dénoncer une atteinte aux « valeurs du peuple » turc.

Assurément le plus illustre des sultans ottomans, Soliman Ier régnera près d’un demi-siècle (1520-1566) sur un Empire au sommet de sa puissance et de sa gloire. Kanûnî Sultan Süleyman, alias Süleyman Ier, a été surnommé « le Grand Turc », « le Grand Seigneur » ou encore « Soliman le Magnifique » par un Occident qui le craignait au moins autant qu’il l’admirait. Alors que Soliman n’est sur le trône que depuis une année, le beglerbeg (gouverneur) de Syrie-Palestine, Janbardi al-Ghazali, croit pouvoir se rebeller. Il sera aussitôt soumis par le jeune empereur qui dirige en personne l’expédition punitive, pour l’exemple.

Cette année 1521 inaugurera une impressionnante série de « campagnes impériales » (seferi-i humâyûn) : dix en Europe et trois en Asie, toutes conduites par Soliman Ier. Le 29 août, il force Belgrade à se rendre, réussissant là où son arrière-grand-père Mehmet II le Conquérant avait échoué, et qui avait valu à la ville les titres flatteurs de « clé de la Hongrie » et de « bastion du christianisme ». Il mobilisera ensuite 200 000 hommes pour prendre l’île de Rhodes, aux mains de l’Ordre de Saint-Jean. Les chevaliers se rendent le 21 décembre 1522 et quittent librement l’île, conformément à la promesse de l’Empereur, ce qui contribuera à sa réputation d’homme de parole et de guerrier magnanime.

Des succès militaires et politiques

Le 11 septembre 1526, il entre dans Buda (actuelle Budapest), après que l’artillerie ottomane eut mis en pièces la cavalerie hongroise. Le 18 août 1828, il confirme son vassal Janos Szapolyai comme roi de Hongrie. Sur la citadelle moldave de Bender, on peut lire cette inscription datant de 1538 : « Je suis le Sultan qui a pris possession de la couronne et du trône de Hongrie pour les restituer à son humble serviteur. »

L’Empereur poursuit sa route vers Vienne, qu’il assiégera en vain ; un hiver rigoureux et des problèmes de logistiques insurmontables le contraindront à lever le camp. Soliman Ier n’en était pas moins convaincu d’être le maître du monde, refusant à Charles Quint et à Ferdinand Ier de Habsbourg le titre d’empereur : dans les correspondances diplomatiques, ils n’étaient, réciproquement, que « le roi d’Espagne » (Ispanya krali), et « le roi de Vienne » (Bee krali). Il réussira à contenir notablement leurs ambitions, notamment en Méditerranée, en réalisant une véritable révolution diplomatique : une alliance entre les deux principaux ennemis des Habsbourg, le sultan Soliman Ier et le roi très-chrétien François Ier, une alliance à la fois militaire, commerciale et juridique qui bénéficiera aux deux parties.

L’un des derniers succès militaires du règne de Soliman Ier fut incontestablement la bataille de Preveze (1538), le plus grand succès naval de l’histoire ottomane, où, en dépit de sa supériorité numérique, la Sainte Ligue – composée de Venise, des Etats pontificaux, de l’Espagne et de l’Ordre de Saint-Jean – sera complètement défaite par la flotte ottomane sous la conduite de l’amiral Kheyreddine Barberousse. Elle consacrera, en Méditerranée, une suprématie ottomane déjà incontestable d’Alger à la Crimée.






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