Fadila Mehal : « Nous avons dans notre pays une tradition, un pacte social qui font que chaque Français peut vivre paisiblement sa croyance ou son refus de Dieu. »
La polémique qui fait rage aujourd’hui sur les prières à ciel ouvert de certains musulmans ne doit pas nous faire oublier l’essentiel, et il passe par trois messages forts.
Non, ces prières de rue ne peuvent être comparées à de l’invasion ou de l’occupation, comme le prétend la droite extrême. Cette comparaison est choquante quand on sait ce que recouvrent ces mots dans notre mémoire collective avec la sinistre période évoquée. C’est même une insulte quand on sait plus de 150 000 musulmans sont morts pour la France, qu’ils ont défendu ses frontières et chassé hors de France la barbarie nazie.
Deuxième message, certes l’islam invite les croyants à la prière cinq fois par jour. Mais il indique qu’elle doit se faire dans un lieu propre et protégé. La prière collective est réservée au vendredi, conduite par un imam dans un lieu de culte de proximité. Rien ne dit qu’il faille prendre le RER ou le bus pour aller prier dans la rue, privatisant ainsi l’espace public. Prenons garde qu’une minorité agissante d’un groupe religieux ne prenne l’espace public en otage, et ne donne de la visibilité polémique à un manque cruel de lieux de culte et c’est là le troisième message.
Aujourd’hui, en France, vivent près de 6 millions de musulmans. Faut-il le déplorer ou faut-il s’en réjouir ? Cette question n’a plus lieu d’être, car cette présence musulmane est une réalité que nous devons assumer ensemble. La France a changé de visage et les musulmans font désormais partie de l’album de famille.
Ce sont le plus souvent des Français à part entière, qui entendent vivre un islam familial et paisible. Leur croyance ne doit pas les opposer aux autres Français, car nous avons dans notre pays une tradition, un pacte social qui font que chaque Français peut vivre paisiblement sa croyance ou son refus de Dieu ; et ça, c’est une chance formidable, cela s’appelle la laïcité.
Les musulmans sont en droit de demander des lieux de culte de proximité pour prier, des carrés musulmans pour inhumer leurs défunts, des imams formés pour éduquer leurs enfants, c’est leur droit le plus strict. En tant que communauté de croyants, ils ont à s’organiser et à se rassembler pour financer ces projets, car ce n’est pas l’affaire de l’État ni des mairies que de salarier ou de financer le culte. Sauf à considérer que certaines activités relèvent du domaine culturel. Les municipalités doivent, elles aussi, ne plus faire des permis de construire des lieux de culte le parcours du combattant.
Les musulmans ont à se saisir de cet enjeu de sécularisation de l’islam en terre chrétienne, et l’idée d’une fondation dédiée doit plus que jamais voir le jour. Pour sa réussite et son rayonnement, celle-ci aura l’impériale obligation de se fonder sur la transparence et le pluralisme et devra, pour éviter tout amalgame, se prémunir de l’influence étrangère en faisant le choix de l’indépendance.
C’est à ce prix que l’islam sortira des caves et des rues encombrées, pour devenir une source d’inspiration et de modernité.
* Fadila Mehal est présidente des Marianne de la diversité et membre du shadows cabinet au sein du MoDem (Mouvement démocrate), chargée de l’intégration, de l’égalité des chances et de la lutte contre les discriminations.
Non, ces prières de rue ne peuvent être comparées à de l’invasion ou de l’occupation, comme le prétend la droite extrême. Cette comparaison est choquante quand on sait ce que recouvrent ces mots dans notre mémoire collective avec la sinistre période évoquée. C’est même une insulte quand on sait plus de 150 000 musulmans sont morts pour la France, qu’ils ont défendu ses frontières et chassé hors de France la barbarie nazie.
Deuxième message, certes l’islam invite les croyants à la prière cinq fois par jour. Mais il indique qu’elle doit se faire dans un lieu propre et protégé. La prière collective est réservée au vendredi, conduite par un imam dans un lieu de culte de proximité. Rien ne dit qu’il faille prendre le RER ou le bus pour aller prier dans la rue, privatisant ainsi l’espace public. Prenons garde qu’une minorité agissante d’un groupe religieux ne prenne l’espace public en otage, et ne donne de la visibilité polémique à un manque cruel de lieux de culte et c’est là le troisième message.
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