Ce vendredi 24 novembre, une dépêche de l'AFP a fait connaître la décision du tribunal administratif régional du Canton de Soleure. Appelé à se prononcer, le tribunal a indiqué que les plans visant à ajouter un minaret de six mètres (18 pieds) au centre de prières musulman, était conforme à la législation en cours.
Au mois d'août, c'est avec cinq voix pour et une abstention que le Conseil municipal de Wangen avait pris la décision de porter l'affaire devant les tribunaux. Les pétitions lancées et les démonstrations de force engagées contre le minaret n'ont pas eu raison du législateur. Au contraire de la pression islamophobe médiatisée, le juge a donné raison au citoyen musulman dans son aspiration à un lieu de culte digne, comme les autres religions du pays.
Au mois d'août, c'est avec cinq voix pour et une abstention que le Conseil municipal de Wangen avait pris la décision de porter l'affaire devant les tribunaux. Les pétitions lancées et les démonstrations de force engagées contre le minaret n'ont pas eu raison du législateur. Au contraire de la pression islamophobe médiatisée, le juge a donné raison au citoyen musulman dans son aspiration à un lieu de culte digne, comme les autres religions du pays.
L'islam est la deuxième religion en Suisse
Le minaret en question est celui de la mosquée d'un centre culturel créé en 2003 par une association culturelle turque. La demande avait été acceptée par le législateur. Mais les partis politiques de droite s'étaient saisis du projet pour lancer une vaste campagne contre le bâtiment et son minaret au nom « des valeurs chrétiennes et des traditions suisses. » Ils soutenaient qu'un tel bâtiment, pourtant situé en zone industrielle, dénaturait l'image de leurs villes ou de leurs villages.
La Suisse compte uniquement deux mosquées avec minaret. L'une est à Genève (depuis 1978) et l'autre à Zurich (depuis 1963). Avec près de 340 000 musulmans sur une population de 7,4 millions d'habitants, l'islam est aujourd'hui la deuxième religion du pays (après le christianisme). On estime à environ 43%, la proportion de ces musulmans ayant des références turques.
Face à la campagne menée par la droite politique et pour calmer les esprits, l'association culturelle porteuse du projet a choisi de surseoir à son plan de minaret. Une manière de faire profil bas, pour ne pas donner de gains à moudre au discours politique de la droite extrême.
Affiche électorale, Régionales du 11 mars 2004
Menace musulmane en France
En France, comme en Suisse, certains chrétiens luttent contre la présence musulmane. Avec un clergé bien installé mais vieillissant, ils perçoivent le dynamisme et la jeunesse de la population musulmane comme une menace pour l'avenir. D'où, par naïveté politique ou par complexe du premier de classe, on en trouve qui sont sensibles au discours de l'extrême droite. C'est ainsi que des chrétiens convaincus militent dans des partis défendant des valeurs contraires aux principes de générosité et de fraternité qui ont marqué la mission du Christ.
« Non à l'islamisation! » hurlent certains. « Non à l'immigration! » répondent d'autres. Ils se veulent les défenseurs de «la démocratie et les valeurs judéo-chrétiennes» ! Mais, aussi aberrant soit-il, l'amalgame « musulmans = étrangers = danger pour les chrétiens » s'est installé dans le fantasme médiatique français, au bonheur des partis lorgnant vers un électorat fréquentant les églises.
La Conférence des évêques de France est consciente du danger. Elle est sortie de sa réserve habituelle pour tenter une mise au point. Dans un document, intitulé « qu'as-tu fait de ton frère? » et diffusé par le quotidien La Croix (voir en document joint, les évêques de France énoncent leurs priorités en cette période électorale que la France s'apprête à vivre. La démarche est courageuse et répond à une vraie demande de citoyens chrétiens de France. Aujourd'hui en France, le doute politique est général. Le spectre d'un nouveau 21 avril 2002, n'est pas encore écarté.
Cependant, nous sommes d'avis que, tant qu'un minimum d'information sur l'islam ne sera pas vulgarisé en France, la phobie de l'islam restera un fond de commerce pour des intellectuels désoeuvrés et des énergumènes politiques irresponsables. C'est alors qu'un indice architectural comme un minaret, un artifice vestimentaire comme le hijab, une observation rigoureuse des règles de l'islam peuvent servir à catalyser la haine islamophobe irrationnelle et déraisonnable. Cela est vrai en France; le cas de la mosquée de Wangen montre que cela est vrai en Suisse aussi.