On comprendra aisément la raison de cet engouement : un regard jeté, d’une part, à l’intitulé de la conférence, « Hommage public à Muhammad Hamidullah », et, d’autre part, au programme de l’après-midi. Le plateau des intervenants est en effet bien garni. Les organisateurs de la conférence n’ont pas ménagé leurs efforts afin que puissent prendre tour à tour la parole Yahya Michot, professeur à l’université d’Oxford, Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève, Larbi Kechat, recteur de la mosquée Adda’wa, dans le 19e arrondissement de Paris, Malika Dif, écrivaine et conférencière, et Nassima Prudor, professeur de théologie. Mais qui refuserait, après l’avoir connu ou côtoyé, de venir rendre hommage au cheikh Muhammad Hamidullah ?
« Cet homme est sincère », disait Saïd Ramadan
Né en 1908 à Hyderabad, en Inde, Muhammad Hamidullah décède le 17 décembre 2002 à Jacksonville, aux États-Unis, après avoir vécu près de 50 ans à Paris. Auteur et traducteur prolixe, le cheikh est un homme effacé, discret. Pourtant, ses écrits se vendent « comme des petits pains » et cela, comme le souligne Hani Ramadan, malgré les nombreuses coquilles, une typographie approximative et une présentation peu attractive. Et le directeur du Centre islamique de Genève de nous rapporter une parole qu’avait eue son père, Saïd Ramadan, concernant cet engouement pour les écrits du cheikh Hamidullah. « Cet homme est sincère, disait mon père », raconte Hani Ramadan, brandissant un petit fascicule vieilli et mal raccommodé du livre Pourquoi jeûner ?, mais que se sont pourtant arraché les lecteurs dans les librairies.
Muhammad Hamidullah exerça la profession de chercheur au CNRS durant plus de 20 ans, et, comme nous le rappelle le professeur Yahya Michot, « pendant les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, c’est-à-dire au cours de l’âge d’or de l’orientalisme en France et en Occident ». Bien entendu, le cheikh va avoir l’occasion, maintes fois, de se frotter à eux. Eux, ce sont tous les grands noms de l’orientalisme qu’il côtoie au CNRS tels Louis Massignon et Jacques Berque.
Calme, posé, discret, mais percutant et pertinent, Muhammad Hamidullah démonta une à une leurs thèses et hypothèses, « en revenant toujours aux sources de l’islam et de la tradition prophétique, et en effectuant un travail gigantesque de recherche et d’approfondissement, allant jusqu’à disséquer et analyser en profondeur les hadiths au sujet desquels on lui oppose l’inauthenticité », raconte Hani Ramadan. Les attaques de ses contradicteurs le poussent loin dans ses investigations, et la contre-attaque n’en est que resplendissante !
« Aimons-nous Allah ? » C’est par cette interrogation, qu’avait l’habitude d’exprimer cheikh Hamidullah, que cheikh Larbi Kechat, recteur de la mosquée Adda’wa à Paris, ouvre son discours. Un discours empreint d’une émotion communicative à l’évocation de celui qui fut son maître en science mais aussi en savoir-vivre. « Le cheikh n’était jamais en retard aux rendez-vous que nous nous donnions, dans le métro ou dans quelque autre endroit », racontera-t-il à la salle avant de poursuivre avec une pointe d’humour : « Même quand je venais en avance à un rendez-vous, je le trouvais déjà là, m’attendant, impassible. Une fois pourtant, j’ai pu le surprendre en me pointant en avance d’une heure. Il arriva peu après et je lui lançai, triomphant : cette fois, je suis le premier et tu es en retard ! Ce qui l’amusa. » Pourtant, le temps fut toujours pour Muhammad Hamidullah une préoccupation, et il mettait tout en œuvre dans le but de le rentabiliser au maximum, ne perdant pas une minute. Ainsi que nous rapporte Larbi Kechat, « le cheikh ne perdait pas son temps en paroles vaines et détestait par-dessus tout la polémique creuse ».
Muhammad Hamidullah exerça la profession de chercheur au CNRS durant plus de 20 ans, et, comme nous le rappelle le professeur Yahya Michot, « pendant les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, c’est-à-dire au cours de l’âge d’or de l’orientalisme en France et en Occident ». Bien entendu, le cheikh va avoir l’occasion, maintes fois, de se frotter à eux. Eux, ce sont tous les grands noms de l’orientalisme qu’il côtoie au CNRS tels Louis Massignon et Jacques Berque.
Calme, posé, discret, mais percutant et pertinent, Muhammad Hamidullah démonta une à une leurs thèses et hypothèses, « en revenant toujours aux sources de l’islam et de la tradition prophétique, et en effectuant un travail gigantesque de recherche et d’approfondissement, allant jusqu’à disséquer et analyser en profondeur les hadiths au sujet desquels on lui oppose l’inauthenticité », raconte Hani Ramadan. Les attaques de ses contradicteurs le poussent loin dans ses investigations, et la contre-attaque n’en est que resplendissante !
« Aimons-nous Allah ? » C’est par cette interrogation, qu’avait l’habitude d’exprimer cheikh Hamidullah, que cheikh Larbi Kechat, recteur de la mosquée Adda’wa à Paris, ouvre son discours. Un discours empreint d’une émotion communicative à l’évocation de celui qui fut son maître en science mais aussi en savoir-vivre. « Le cheikh n’était jamais en retard aux rendez-vous que nous nous donnions, dans le métro ou dans quelque autre endroit », racontera-t-il à la salle avant de poursuivre avec une pointe d’humour : « Même quand je venais en avance à un rendez-vous, je le trouvais déjà là, m’attendant, impassible. Une fois pourtant, j’ai pu le surprendre en me pointant en avance d’une heure. Il arriva peu après et je lui lançai, triomphant : cette fois, je suis le premier et tu es en retard ! Ce qui l’amusa. » Pourtant, le temps fut toujours pour Muhammad Hamidullah une préoccupation, et il mettait tout en œuvre dans le but de le rentabiliser au maximum, ne perdant pas une minute. Ainsi que nous rapporte Larbi Kechat, « le cheikh ne perdait pas son temps en paroles vaines et détestait par-dessus tout la polémique creuse ».
Un séminaire scientifique sur Hamidullah
Après un moment de pause pour célébrer la prière rituelle du crépuscule, la rencontre se poursuit par les témoignages poignants de Malika Dif, de Nassima Prudor et du frère Hatem qui représentait l’Association des étudiants islamiques en France (AEIF), une association fondée par Hamidullah en 1963. La section parisienne de l’AEIF, devenue l’association Horizons cultures et civilisations (HCC), a largement contribué à l’organisation de cet après-midi en partenariat avec le Collectif Hamidullah, qui fait sa première apparition publique. Selon les animateurs de ce collectif, il s’agit de réunir les compétences afin de maintenir vivant le travail du professeur Hamidullah. Un projet de séminaire scientifique serait en préparation pour la fin de l’année prochaine.
Le collectif a aussi saisi l’occasion pour demander l’adhésion de celles et de ceux qui souhaitent s’investir dans ce travail de longue haleine. Selon un de ses porte-paroles, « il ne s’agit pas d’idolâtrer le professeur Hamidullah. Mais simplement d’assumer notre responsabilité de musulmans européens soucieux de préserver leur mémoire commune ». Une idée largement partagée par les centaines de présents, dont de nombreux jeunes venus de toute la France, de Belgique et d’Allemagne et qui n’ont pas connu l’illustre professeur.
Le collectif a aussi saisi l’occasion pour demander l’adhésion de celles et de ceux qui souhaitent s’investir dans ce travail de longue haleine. Selon un de ses porte-paroles, « il ne s’agit pas d’idolâtrer le professeur Hamidullah. Mais simplement d’assumer notre responsabilité de musulmans européens soucieux de préserver leur mémoire commune ». Une idée largement partagée par les centaines de présents, dont de nombreux jeunes venus de toute la France, de Belgique et d’Allemagne et qui n’ont pas connu l’illustre professeur.