Nabil Boutros expose sa série « Egyptiens » à Lyon du 26 octobre au 3 janvier 2012.
De prime abord, on pourrait croire que plusieurs personnes se cachent derrière chaque photo. Or, c’est un seul et même homme qui emprunte plusieurs personnalités : Nabil Boutros.
« L’apparence vestimentaire d’une personne renvoie des messages attestant de son identité et de sa façon de penser aux personnes de son entourage. Bien maîtrisée, cette apparence exprime de moins en moins un état de fait et devient communication. Jusqu’où pouvons-nous faire confiance à cette apparence ? » De cette question, l’artiste en a fait un projet.
Il s’est lancé, en février 2010, dans une épatante création artistique afin de montrer que la tenue vestimentaire ne résume pas l’identité d’une personne. A cet effet, l’artiste s’est laissé pousser la barbe, puis quelques mois plus tard, a débuté la série de photos en se coiffant, se teignant et se rasant cheveux et barbe à différents stades et de manières très différentes. La série « Égyptiens » est née.
« L’apparence vestimentaire d’une personne renvoie des messages attestant de son identité et de sa façon de penser aux personnes de son entourage. Bien maîtrisée, cette apparence exprime de moins en moins un état de fait et devient communication. Jusqu’où pouvons-nous faire confiance à cette apparence ? » De cette question, l’artiste en a fait un projet.
Il s’est lancé, en février 2010, dans une épatante création artistique afin de montrer que la tenue vestimentaire ne résume pas l’identité d’une personne. A cet effet, l’artiste s’est laissé pousser la barbe, puis quelques mois plus tard, a débuté la série de photos en se coiffant, se teignant et se rasant cheveux et barbe à différents stades et de manières très différentes. La série « Égyptiens » est née.
Nabil Boutros © S.Chivet
La tolérance au cœur du projet
« Elle revêt deux facettes : d’une part, qu’il ne faut pas se fier aux apparences, qui sont plus souvent un langage et une communication ; d’autre part on peut être différents et partager bien des choses en commun », explique l’artiste à Saphirnews.
Une partie de cette série a été exposée à la galerie « Darb 1718 » au Caire en décembre 2010 peu avant l’attentat contre une église copte à Alexandrie. En réponse à cette attaque, Moataz Nasr, le fondateur et directeur de la galerie, a pris l’initiative de réaliser un poster de protestation en utilisant les photos de M. Boutros et en y ajoutant le slogan «Tous Égyptiens ».
Même si l’artiste, de confession copte, a donné son accord pour la diffusion de l’affiche « comme participation à cette protestation », il considère que « ce n’est pas le rôle de l’art de faire passer des messages, c’est à la communication, ce que je ne fais pas. (…) Aujourd’hui, mon rôle consiste plutôt à décaler les sujets établis afin de faire prendre conscience de leurs dimensions ensevelies sous le quotidien ; les fausses certitudes courantes, des injustices banalisées », nous confie-t-il.
Malgré tout, « Tous Egyptiens » a été signé par une vingtaine d'institutions culturelles privées en Égypte et a été distribué et affiché gratuitement dans de nombreux lieux culturels et religieux dans plusieurs grandes villes avant d’être repris par les manifestants de la place Tahrir, en particulier les jeunes, qu’ils brandissent tel un symbole d’unité du pays. Le début d’un succès pour l’artiste.
Une partie de cette série a été exposée à la galerie « Darb 1718 » au Caire en décembre 2010 peu avant l’attentat contre une église copte à Alexandrie. En réponse à cette attaque, Moataz Nasr, le fondateur et directeur de la galerie, a pris l’initiative de réaliser un poster de protestation en utilisant les photos de M. Boutros et en y ajoutant le slogan «Tous Égyptiens ».
Même si l’artiste, de confession copte, a donné son accord pour la diffusion de l’affiche « comme participation à cette protestation », il considère que « ce n’est pas le rôle de l’art de faire passer des messages, c’est à la communication, ce que je ne fais pas. (…) Aujourd’hui, mon rôle consiste plutôt à décaler les sujets établis afin de faire prendre conscience de leurs dimensions ensevelies sous le quotidien ; les fausses certitudes courantes, des injustices banalisées », nous confie-t-il.
Malgré tout, « Tous Egyptiens » a été signé par une vingtaine d'institutions culturelles privées en Égypte et a été distribué et affiché gratuitement dans de nombreux lieux culturels et religieux dans plusieurs grandes villes avant d’être repris par les manifestants de la place Tahrir, en particulier les jeunes, qu’ils brandissent tel un symbole d’unité du pays. Le début d’un succès pour l’artiste.
Des espoirs pleins d’inquiétudes pour l’avenir
A l'approche des élections législatives, qui se tiendront le 28 novembre, « mon regard sur l’Egypte est plein d’espoir inquiet. » Des inquiétudes par rapport « à la sécurité quotidienne, vu la désaffection et la désorganisation - volontaire ou non – des forces de police » mais aussi au regard de la situation des Coptes.
Selon lui, la mort des 27 personnes dernièrement au Caire ne sont pas le fruit de violences « interconfessionnelles » car « elles ne vont pas dans les deux sens. Les violences sont clairement dirigées vers les Coptes. Ce qui est grave c’est qu’elles le sont en toute impunité, ce qui a fini par provoquer leur colère. » Il pointe du doigt les forces de l’ordre et la justice qui ne mènent « jamais d’enquêtes » mais également « des groupes wahhabites » d’être à l’origine des violences. « Sectaires, ils prêchent la haine vis à vis des autres religions monothéistes dont ils considèrent les pratiquants comme mécréants et ils se placent même comme juges à l’intérieur de l’islam entre les différents courants », estime-t-il.
Pour en venir à bout des violences contre les chrétiens, l’Etat a récemment fait voter une loi anti-ségrégation pour lutter contre les discriminations religieuses. Un premier pas vers l’apaisement des tensions.
Selon lui, la mort des 27 personnes dernièrement au Caire ne sont pas le fruit de violences « interconfessionnelles » car « elles ne vont pas dans les deux sens. Les violences sont clairement dirigées vers les Coptes. Ce qui est grave c’est qu’elles le sont en toute impunité, ce qui a fini par provoquer leur colère. » Il pointe du doigt les forces de l’ordre et la justice qui ne mènent « jamais d’enquêtes » mais également « des groupes wahhabites » d’être à l’origine des violences. « Sectaires, ils prêchent la haine vis à vis des autres religions monothéistes dont ils considèrent les pratiquants comme mécréants et ils se placent même comme juges à l’intérieur de l’islam entre les différents courants », estime-t-il.
Pour en venir à bout des violences contre les chrétiens, l’Etat a récemment fait voter une loi anti-ségrégation pour lutter contre les discriminations religieuses. Un premier pas vers l’apaisement des tensions.
La tolérance passe par l’acceptation de la diversité
Bien que les inquiétudes soient nombreuses, la révolution égyptienne a aussi fait naître des espoirs. « Le mur de la peur est tombé et on sait reconnaître rapidement les agissements des anciens caciques du régime qui n’ont pas changé de poste depuis la révolution. La tête de l’ancien régime est tombée mais la bête du système est encore bien vivante. L’espoir est aussi dans une vigilance et une conscience politique incroyablement accrues », ajoute l’artiste.
Sous le nom d’« Egypte(s) au présent », ce sont les séries « Egyptiens » mais également « Les Coptes du Nil », réalisé en 2004, et « L’Egypte est un pays moderne », en 2006, qui seront exposées à Lyon du 26 octobre au 3 janvier 2012.*
Les œuvres de M. Boutros sont bel et bien empreints d’un message de tolérance et de paix. S’il n’est « pas certain que ce soit le rôle de l’art d’apaiser des tensions », il considère plutôt que « l’un de ses rôles est d’éveiller les consciences. » Cet objectif est accompli avec brillo.
Sous le nom d’« Egypte(s) au présent », ce sont les séries « Egyptiens » mais également « Les Coptes du Nil », réalisé en 2004, et « L’Egypte est un pays moderne », en 2006, qui seront exposées à Lyon du 26 octobre au 3 janvier 2012.*
Les œuvres de M. Boutros sont bel et bien empreints d’un message de tolérance et de paix. S’il n’est « pas certain que ce soit le rôle de l’art d’apaiser des tensions », il considère plutôt que « l’un de ses rôles est d’éveiller les consciences. » Cet objectif est accompli avec brillo.
* Pour en savoir plus :
« Egypte(s) au présent » du 26 octobre au 3 janvier 2012
Du mardi au samedi de 14h à 18h – entrée libre
Vernissage mercredi 26 octobre de 18h à 21h en présence de l’artiste
Galerie Regard Sud, 1-3 Rue des Pierres Plantées - 69001 Lyon
Lire aussi :
Une loi anti-ségrégation en Egypte en place
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Du mardi au samedi de 14h à 18h – entrée libre
Vernissage mercredi 26 octobre de 18h à 21h en présence de l’artiste
Galerie Regard Sud, 1-3 Rue des Pierres Plantées - 69001 Lyon
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