A en croire les médias, l’islam ne serait pas favorable au pluralisme. Il nous est pénible d’apprendre que les minorités non-musulmanes éprouvent souvent de grandes difficultés à vivre dans la paix et la bonne entente en terre musulmane. Les extrémistes adeptes de la violence qui détournent la théologie islamique pour justifier les attentats terroristes ont exacerbé les préjugés contre les musulmans.
Nombreux sont aujourd’hui ceux qui sont persuadés que les musulmans ne croient pas au pluralisme et à la diversité. Bien au contraire, l’histoire montre que l’islam — tel que le prêche le Coran et tel que l’ont pratiqué le Prophète Muhammad et ses compagnons — accepte expressément la diversité, la célèbre, voire la recommande.
On se rappellera que le terme "minorité" n’a pas sa place dans le droit islamique. Il n’a pas sa place dans la charia et les juristes n’en ont jamais fait usage. C’est plutôt dans les sociétés occidentales qu’il est né, pour faire la différence entre origines ethniques. Selon les principes islamiques, toute personne vivant dans un Etat musulman jouit de droits égaux de citoyenneté, quelle que soit sa religion ou l’importance numérique de sa population.
En l’an 622H, lorsque le Prophète Muhammad émigra de La Mecque à Médine, dans la péninsule arabique, pour y établir le premier Etat musulman, il voulut assurer que ses habitants musulmans et non musulmans pourrait y vivre en harmonie. Or comme il y avait à Médine une communauté juive assez conséquente, le Prophète proposa un accord de coopération entre les musulmans et les 11 tribus juives, appelé Charte de Médine, qui serait, selon la plupart des historiens et érudits musulmans, serait la première constitution écrite d’un Etat.
Cette charte énonçait les droits des juifs en tant que citoyens non-musulmans dans un Etat musulman. Ainsi, le Prophète réussit à créer à Médine une communauté pluriconfessionnelle régie par un ensemble de principes d’application universelle. Les règles édictées dans la charte devaient maintenir la paix et la bonne entente, protéger la vie et les biens, prévenir l’injustice et garantir la liberté de culte et de déplacement pour tous les habitants — quelles que soient leurs origines tribales ou religieuses. L’allégeance à la communauté l’emportait sur l’identité religieuse, ainsi qu’en témoignent les règles de défense mutuelle : “chacun doit aider l’autre contre celui qui attaquera les peuples objets de ce document”.
La façon dont le Prophète traite les “peuples du Livre”, les juifs en l’occurrence, est empreinte à la fois de tolérance religieuse et de prudence. La charte établit le cadre dans lequel doivent s’insérer les relations futures entre musulmans et non-musulmans, et précise que les citoyens non-musulmans sont partenaires à égalité avec les habitants musulmans.
Près de 15 ans plus tard, lorsque les musulmans ravirent Jérusalem aux Byzantins, le calife Omar Ibn al-Khattab accorda à ses habitants, chrétiens pour la plupart, la sécurité pour leurs personnes, leurs biens et leurs églises. L’historienne britannique Karen Armstrong rapporte : “...[Omar] était fidèle à la tradition d’ouverture de l’islam. Contrairement aux juifs et aux chrétiens, les musulmans ne cherchaient pas à exclure les autres de la sainteté de Jérusalem”.
La protection garantie par Omar aux populations de Jérusalem constitue un exemple insigne pour les sociétés multiconfessionnelles contemporaines. L’histoire a prouvé que, là où ces exemples sont mis en pratique, les non-musulmans sont traités avec bonté et justice.
Ces exemples de coexistence entre musulmans et non-musulmans ne se restreignent pas à une époque où à un lieu déterminé, mais s’appliquent en tous temps et en tous lieux. Aujourd’hui, par exemple, la constitution de la Jordanie garantit la liberté d’opinion religieuse. Les chrétiens de Jordanie, qui constituent la majorité des non-musulmans, disposent de presque dix pour cent des sièges au parlement, ce même quota leur étant appliqué à tous les niveaux de l’Etat et de la société. Leurs lieux saints, leurs biens et leurs pratiques sont à l’abri de toute ingérence de l’Etat.
A notre époque moderne, dans de nombreuses sociétés à majorité musulmane, les réalités culturelles et sociales ont conduit à des violations des droits des non-musulmans. Mais un regard sur l’histoire prouve que la voie vers la compréhension mutuelle et la tolérance ne s’écarte en rien de ce qu’est l’essence de l’islam. Tout au contraire, pour renouer avec cet esprit d’ouverture, les sociétés musulmanes doivent se tourner vers le Coran, et reproduire le modèle qu’il propose.
Cet esprit d’ouverture est et sera toujours le rempart des adeptes d’autres religions dans une société islamique.
* Maher Y. Abu-Munshar est professeur en études islamiques sur Jérusalem, ALMI, à l’université d’Aberdeen et l’auteur de Islamic Jerusalem and Its Christians: A History of Tolerance and Tensions (IB Tauris, 2007).
Nombreux sont aujourd’hui ceux qui sont persuadés que les musulmans ne croient pas au pluralisme et à la diversité. Bien au contraire, l’histoire montre que l’islam — tel que le prêche le Coran et tel que l’ont pratiqué le Prophète Muhammad et ses compagnons — accepte expressément la diversité, la célèbre, voire la recommande.
On se rappellera que le terme "minorité" n’a pas sa place dans le droit islamique. Il n’a pas sa place dans la charia et les juristes n’en ont jamais fait usage. C’est plutôt dans les sociétés occidentales qu’il est né, pour faire la différence entre origines ethniques. Selon les principes islamiques, toute personne vivant dans un Etat musulman jouit de droits égaux de citoyenneté, quelle que soit sa religion ou l’importance numérique de sa population.
En l’an 622H, lorsque le Prophète Muhammad émigra de La Mecque à Médine, dans la péninsule arabique, pour y établir le premier Etat musulman, il voulut assurer que ses habitants musulmans et non musulmans pourrait y vivre en harmonie. Or comme il y avait à Médine une communauté juive assez conséquente, le Prophète proposa un accord de coopération entre les musulmans et les 11 tribus juives, appelé Charte de Médine, qui serait, selon la plupart des historiens et érudits musulmans, serait la première constitution écrite d’un Etat.
Cette charte énonçait les droits des juifs en tant que citoyens non-musulmans dans un Etat musulman. Ainsi, le Prophète réussit à créer à Médine une communauté pluriconfessionnelle régie par un ensemble de principes d’application universelle. Les règles édictées dans la charte devaient maintenir la paix et la bonne entente, protéger la vie et les biens, prévenir l’injustice et garantir la liberté de culte et de déplacement pour tous les habitants — quelles que soient leurs origines tribales ou religieuses. L’allégeance à la communauté l’emportait sur l’identité religieuse, ainsi qu’en témoignent les règles de défense mutuelle : “chacun doit aider l’autre contre celui qui attaquera les peuples objets de ce document”.
La façon dont le Prophète traite les “peuples du Livre”, les juifs en l’occurrence, est empreinte à la fois de tolérance religieuse et de prudence. La charte établit le cadre dans lequel doivent s’insérer les relations futures entre musulmans et non-musulmans, et précise que les citoyens non-musulmans sont partenaires à égalité avec les habitants musulmans.
Près de 15 ans plus tard, lorsque les musulmans ravirent Jérusalem aux Byzantins, le calife Omar Ibn al-Khattab accorda à ses habitants, chrétiens pour la plupart, la sécurité pour leurs personnes, leurs biens et leurs églises. L’historienne britannique Karen Armstrong rapporte : “...[Omar] était fidèle à la tradition d’ouverture de l’islam. Contrairement aux juifs et aux chrétiens, les musulmans ne cherchaient pas à exclure les autres de la sainteté de Jérusalem”.
La protection garantie par Omar aux populations de Jérusalem constitue un exemple insigne pour les sociétés multiconfessionnelles contemporaines. L’histoire a prouvé que, là où ces exemples sont mis en pratique, les non-musulmans sont traités avec bonté et justice.
Ces exemples de coexistence entre musulmans et non-musulmans ne se restreignent pas à une époque où à un lieu déterminé, mais s’appliquent en tous temps et en tous lieux. Aujourd’hui, par exemple, la constitution de la Jordanie garantit la liberté d’opinion religieuse. Les chrétiens de Jordanie, qui constituent la majorité des non-musulmans, disposent de presque dix pour cent des sièges au parlement, ce même quota leur étant appliqué à tous les niveaux de l’Etat et de la société. Leurs lieux saints, leurs biens et leurs pratiques sont à l’abri de toute ingérence de l’Etat.
A notre époque moderne, dans de nombreuses sociétés à majorité musulmane, les réalités culturelles et sociales ont conduit à des violations des droits des non-musulmans. Mais un regard sur l’histoire prouve que la voie vers la compréhension mutuelle et la tolérance ne s’écarte en rien de ce qu’est l’essence de l’islam. Tout au contraire, pour renouer avec cet esprit d’ouverture, les sociétés musulmanes doivent se tourner vers le Coran, et reproduire le modèle qu’il propose.
Cet esprit d’ouverture est et sera toujours le rempart des adeptes d’autres religions dans une société islamique.
* Maher Y. Abu-Munshar est professeur en études islamiques sur Jérusalem, ALMI, à l’université d’Aberdeen et l’auteur de Islamic Jerusalem and Its Christians: A History of Tolerance and Tensions (IB Tauris, 2007).