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Sur le vif

Turquie : l'appel au calme du gouvernement face à une contestation d'ampleur

Rédigé par La Rédaction | Mardi 4 Juin 2013 à 15:23

           


Plein feux sur la Turquie, secouée depuis cinq jours par de violentes manifestations que rien ne présageait.

Au départ, ce n'étaient que quelques centaines de personnes, des écologistes pour la plupart, qui s'étaient mobilisées pour protester contre le projet d’aménagement urbain de la place Taksim et du petit parc Gezi, au cœur de la ville d'Istanbul. Un projet qui entraînera la destruction de cet espace vert, très rare dans la mégalopole, et la construction d'un centre commercial à la place.

Plutôt que de laisser s'exprimer cette colère contre le déracinement des arbres et le bétonnage massif d'Istanbul, les forces de l'ordre ont préféré réprimé avec violence la manifestation, provoquant la colère des opposants au pouvoir.

Depuis, la contestation a fait l'objet d'une récupération politique et a pris une toute autre ampleur. Plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues de plusieurs grandes villes turques. De nombreux manifestants ont été jusqu'à réclamer la démission du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan à qui ils reprochent notamment d’être trop conservateur et de vouloir « islamiser » la société turque. Pour d'autres, il s'agit de manifester contre les dérives autoritaires du pouvoir en place.

La répression policière a été rude. Les organisations turques et étrangères de défense des droits de l'Homme ont dénoncé la violence. Le bilan établi mardi 4 juin fait état de deux morts. Le ministre de l'Intérieur, Muammer Güler, a fait état dimanche de 58 civils et 115 policiers blessés pendant les 235 manifestations recensées dans 67 villes du pays. Selon le ministre, la police a aussi interpellé plus de 1 700 manifestants, pour la plupart rapidement relâchés.

Ces manifestations antigouvernementales sont sans précédent depuis l'accession au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, membre du Parti de la justice et du développement (AKP), en 2003.

Face aux critiques sur la brutalité de la répression policière, ce dernier a ordonné le retrait de la police anti-émeute de la place Taksim et a concédé que la police avait agi dans certains cas de façon « extrême ».

De son côté, le vice-Premier ministre, Bülent Arinç, a invité, mardi 4 juin, les Turcs à mettre immédiatement fin aux manifestations dirigé contre son gouvernement dans l'ensemble de la Turquie et a présenté ses excuses aux manifestants blessés, évalués à plus de 2 000 personnes selon les ONG de défense des droits de l'Homme. Il a également promis de rencontrer une délégation des organisateurs de l'occupation du parc Gezi, à l'origine du mouvement social.

De son côté, le président truc Abdullah Gül a estimé qu’« une démocratie ne signifie pas seulement (une victoire) aux élections (...) Il est tout à fait naturel d'exprimer des opinions différentes (...) par des manifestations pacifiques », ajoutant que « les messages de bonne volonté ont bien été reçus ». Le calme revient doucement mais la contestation continue. En soutien au mouvement, la Confédération des syndicats du secteur public (KESK), l'une des plus importantes du pays, a décidé d'entamer mardi une grève de deux jours.

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