Très soucieuse, depuis sa création, de défendre la laïcité, la Commission Islam et laïcité attire l’attention sur les menaces que font peser sur elle la résolution déposée par l’UMP, qui sera débattue le 31 mai prochain au Parlement.
Cette résolution voudrait faire avaliser par la représentation nationale les principales propositions du débat sur l’islam, rebaptisé « débat sur la laïcité », mené par l’UMP au début du printemps, et qui a, à juste titre, soulevé de nombreuses protestations dans toutes les familles politiques républicaines, y compris à l’UMP elle-même.
La conception étrange de la laïcité qui y est sous-jacente se marque dès l’abord par la dissociation faite entre « laïcité » et « liberté religieuse », alors que la laïcité implique cette liberté, ou plus exactement la liberté de conscience qui englobe également la liberté d’irréligion. Cette différenciation permet à la résolution de développer une vision implicite où la laïcité devient synonyme de répression.
L’aspect parfois allusif ou prétendument général de la formulation ne peut tromper personne : c’est une fois encore « l’islam » qui est visé, même si, par ricochets, d’autres religions et convictions peuvent être atteintes. En particulier, plusieurs dispositions préconisées auraient comme conséquence de jeter le discrédit sur une partie de la population française, et d’exclure pratiquement du marché du travail de nombreuses femmes, à cause du simple port d’un signe religieux. Une telle pratique était, hier, considérée comme profondément discriminatoire par la HALDE.
D’autre part, considérer comme des « revendications communautariste », tout « aménagement » ou « accommodement raisonnable » tourne le dos à ce qu’a été la laïcité française pendant plus d’un siècle. La loi sur l’IVG de 1975, par exemple, ne reconnaît-elle pas le droit des soignants à « l’objection de conscience » ? Loin de créer les conditions du vivre-ensemble dans une société pluraliste, comme c’est l’objectif de la Commission Islam et Laïcité, ces propositions ne feraient qu’attiser les peurs, les méfiances réciproques et les conflits.
* Sonia Dayan-Herzbrun est présidente de la Commission Islam et laïcité, créée en 1997, à l’initiative de la Ligue de l’enseignement.
Cette résolution voudrait faire avaliser par la représentation nationale les principales propositions du débat sur l’islam, rebaptisé « débat sur la laïcité », mené par l’UMP au début du printemps, et qui a, à juste titre, soulevé de nombreuses protestations dans toutes les familles politiques républicaines, y compris à l’UMP elle-même.
La conception étrange de la laïcité qui y est sous-jacente se marque dès l’abord par la dissociation faite entre « laïcité » et « liberté religieuse », alors que la laïcité implique cette liberté, ou plus exactement la liberté de conscience qui englobe également la liberté d’irréligion. Cette différenciation permet à la résolution de développer une vision implicite où la laïcité devient synonyme de répression.
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