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Société

Un nouvel an halal, possible ?

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Dimanche 30 Décembre 2012 à 23:35

           

La nouvelle année du calendrier musulman a démarré jeudi 15 novembre avec l'entrée dans l'an 1434. Si cette nouvelle année a été accueillie dans la quasi-indifférence par les musulmans qui ne célèbrent aucune fête à cette occasion, une partie d'entre eux s'apprêtent paradoxalement à célébrer le jour de l'an du calendrier grégorien la nuit du 31 décembre au 1er janvier.



Un nouvel an halal, possible ?
Le calendrier hégirien musulman correspond à l’émigration (Hégire) du Prophète Muhammad et de ses compagnons de La Mecque vers Médine. Tout un symbole pour les musulmans. Cependant, en France, ils se réfèrent surtout au calendrier grégorien dans leur vie de tous les jours. Comme tous les ans, la nouvelle année de ce calendrier marquant le début de l'ère chrétienne démarre à la date fixe du 1er janvier.

Dans la tradition occidentale, il est habituel d'accueillir cette nouvelle année en faisant la fête. Pour l'occasion, l'alcool coule souvent à flot. Cela n'empêche pas une bonne part des personnes de culture musulmane de s'approprier cette fête.

Deux fêtes en islam

Seulement, la religion musulmane ne donne pas son aval à la célébration du nouvel an. Le calendrier musulman offre deux fêtes aux musulmans : l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du mois du Ramadan, et l’Aïd el-Kébir (ou Aïd al-Adha), la fête du sacrifice. Les savants sont d'accord sur ce point.

Cet interdit religieux a le mérite, pour les pratiquants, d'éviter les péchés qui peuvent aller de pair avec de telles célébrations comme, notamment, la consommation d'alcool. Dans ce sens, l’Organisation islamique Jamra, au Sénégal, a dernièrement mis en garde contre « des loisirs malsains » qui « pervertissent l’individu au lieu de le divertir » lors de fêtes de Noël et du nouvel an.

En Tunisie, le Cheikh Béchir Ben Hassine, vice-président de la Ligue tunisienne des prédicateurs et savants, a récemment émis une fatwa interdisant de célébrer le réveillon du 31 décembre. Plus tôt dans l'année, il avait fait de même pour la fête du Travail du 1er mai.

Un jour de l'an au goût halal

Cependant, les musulmans qui fêtent le nouvel an ne sont pas rares. L'an dernier, 64,5 % des Français d'origine maghrébine, qui représentent la plus grande part des musulmans dans l'Hexagone, disaient se préparer à un repas de réveillon, comme 54,3 % des Maghrébins vivant en France d'après une étude du cabinet Solis.

Cette année 2012, au restaurant L'Orient Hall de Décines, dans le Rhône, on s'attend comme tous les ans à faire une « bonne soirée » le 31 décembre. Une centaine de clients sont attendus sur une capacité totale de 200. Pour l'occasion, le restaurant oriental halal et « sans alcool » offre une soirée « réveillon avec un DJ ». « Beaucoup de musulmans sont en couple avec des non-musulmans », nous indique-t-on pour expliquer ce succès.

Autre signe de l'engouement des musulmans pour cette fête, il y a un haro sur les produits festifs halal. L'enseigne halal de distribution directe Sunny Market, en Moselle, observe ainsi « un pic de vente lors de la période des fêtes de fin d’année » sur le foie gras halal qu’elle propose.

Une fête associée à faire péter une bouteille

Rachid Gacem, représentant en France de la marque Night Orient, qui commercialise une bouteille imitation champagne sans alcool à destination des musulmans, assure également que ses ventes sont multipliées par 5, voire 10, dans certaines enseignes à l'approche du réveillon de la Saint Sylvestre. « Des magasins sont quasi-vides », nous indique-t-il, vendredi 28 décembre. Il prévoit une plus forte hausse des ventes le week-end précédant le réveillon car « la tendance est à la dernière minute ».

Toutefois, la clientèle de Night Orient est très diversifiée et ne se résume pas seulement à la communauté musulmane. « Les femmes enceintes, les enfants, la communauté évangélique » sont autant de consommateurs de cette boisson qui contient 0 % d'alcool. D'ailleurs, la société implantée en Norvège fait état de très bonnes ventes malgré le peu de musulmans que compte le pays, fait savoir M. Gacem.

Sa marque est aujourd'hui présente dans 16 pays et il constate une hausse des ventes pour le nouvel an, même au Moyen-Orient. « C'est un phénomène mondial associé à faire péter une bouteille aux bulles », juge-t-il.

Les musulmans fêteraient à leur manière cette festivité, en l'associant à des plats et des boissons halal. Mais déterminés à aller plus loin dans cet univers du nouvel an, certains musulmans auraient moins de scrupules comme on nous le raconte à L'Argile. Dans ce restaurant halal d'Île-de-France spécialisé dans la « world food », on ne pense pas faire le plein le 31 décembre car, ici, il n'y a pas d'alcool. « Les gens ont envie de faire la fête ailleurs. Même s'il ne boivent pas, ils ont envie d'être entourés de personnes qui boivent pour l'ambiance », juge le responsable du restaurant.

Fêtée ou non, la nouvelle année 2013 verra le jour, n'en déplaise aux survivalistes qui pensaient que la fin du monde aurait lieu le 21 décembre 2012.






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