Face à la forte croissance du marché du halal en Europe, la mise en place d’une norme du halal, qui respecte les principes éthiques de l’islam, se révèle plus que jamais nécessaire.
La France, qui abrite pourtant la plus importante communauté musulmane d’Europe et bénéficie de bonnes relations commerciales avec le monde arabo-musulman, tarde toujours à structurer sa filière et fait encore figure de mauvais élève en la matière devant la Belgique ou encore l’Italie, qui ont lancé leur propre norme du halal.
La France, qui abrite pourtant la plus importante communauté musulmane d’Europe et bénéficie de bonnes relations commerciales avec le monde arabo-musulman, tarde toujours à structurer sa filière et fait encore figure de mauvais élève en la matière devant la Belgique ou encore l’Italie, qui ont lancé leur propre norme du halal.
Retour sur l’initiative autrichienne
Même l’Autriche, qui ne compte que quelque 400 000 musulmans et qui interdit l’abattage rituel (juif ou musulman) dans les trois quarts du pays, se targue même d’en avoir une depuis mars 2009. Elle est allée plus loin en approchant le Comité européen de normalisation (CEN) pour transformer son document national (ONR 142000) en norme européenne.
Une norme à laquelle l’Association de sensibilisation d'information et de défense du consommateur musulman (ASIDCOM) met en garde et que l’AFNOR a décidé de désapprouver, voilà plusieurs mois, après consultation d’ASIDCOM et du Conseil français du culte musulman (CFCM) entre autres.
« On désapprouve fondamentalement leur norme dans le sens où l’Autriche légalise l’usage de l’électronarcose et l’abattage mécanique et qu’elle fait aussi une mauvaise lecture du Coran en interdisant de consommer certaines alimentations des gens du Livre », notamment les produits casher, nous explique le président d’ASIDCOM, Hadj Abdelaziz Bernard Di Spigno.
Bien que le Bureau technique du CEN ait suivi la position française, « l'intérêt d'une normalisation européenne méritait d'être investiguée plus avant. Au niveau européen, une étude de faisabilité est donc lancée en septembre 2010 par un groupe de travail présidé par l'Autriche. A l'issue de celle-ci, ce groupe de travail décidera s'il est pertinent, ou non, d'entreprendre des travaux de normalisation », nous informe l’AFNOR, qui a organisé une réunion à son siège, lundi 27 septembre, avec tous les agro-industriels, les syndicats professionnels, les groupes de distribution et le CFCM pour se préparer aux prochaines réunions européennes.
Une norme à laquelle l’Association de sensibilisation d'information et de défense du consommateur musulman (ASIDCOM) met en garde et que l’AFNOR a décidé de désapprouver, voilà plusieurs mois, après consultation d’ASIDCOM et du Conseil français du culte musulman (CFCM) entre autres.
« On désapprouve fondamentalement leur norme dans le sens où l’Autriche légalise l’usage de l’électronarcose et l’abattage mécanique et qu’elle fait aussi une mauvaise lecture du Coran en interdisant de consommer certaines alimentations des gens du Livre », notamment les produits casher, nous explique le président d’ASIDCOM, Hadj Abdelaziz Bernard Di Spigno.
Bien que le Bureau technique du CEN ait suivi la position française, « l'intérêt d'une normalisation européenne méritait d'être investiguée plus avant. Au niveau européen, une étude de faisabilité est donc lancée en septembre 2010 par un groupe de travail présidé par l'Autriche. A l'issue de celle-ci, ce groupe de travail décidera s'il est pertinent, ou non, d'entreprendre des travaux de normalisation », nous informe l’AFNOR, qui a organisé une réunion à son siège, lundi 27 septembre, avec tous les agro-industriels, les syndicats professionnels, les groupes de distribution et le CFCM pour se préparer aux prochaines réunions européennes.
La présence de l’OABA fait débat
Problème pour ASIDCOM, qui n'a pu être présente à la réunion de l'AFNOR : la présence « illégitime » de l’OABA (Œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs) depuis peu dans les réunions au vu de leurs positions défendant l’étourdissement des animaux − l'électronarcose en particulier − avant tout abattage, y compris religieux, alors que le CFCM s'est prononcé comme ASIDCOM contre l’usage de l’électricité en ante-mortem et en post-jugulatoire.
« Ils ont une légitimité dans le domaine de la protection animale, nous ne voulons pas la contester mais c’est une provocation de les associer aux travaux de la norme. Si l’OABA reste autour de la table, nous ne sommes pas sûrs de continuer à participer aux réunions de l’AFNOR. On ne l’a pas saisie officiellement mais nous essayons de mener des négociations internes avec le CFCM pour faire rejoindre notre point de vue », nous indique M. Di Spigno.
Autre son de cloche du CFCM. « La présence de l’OABA a même été souhaitée par le CFCM. Nous connaissons ses opinions sur l’abattage rituel, mais l'on se rejoint sur le fait de dire que le bien-être animal est important pour nous », déclare Mohammed Moussaoui.
« Ils ont une légitimité dans le domaine de la protection animale, nous ne voulons pas la contester mais c’est une provocation de les associer aux travaux de la norme. Si l’OABA reste autour de la table, nous ne sommes pas sûrs de continuer à participer aux réunions de l’AFNOR. On ne l’a pas saisie officiellement mais nous essayons de mener des négociations internes avec le CFCM pour faire rejoindre notre point de vue », nous indique M. Di Spigno.
Autre son de cloche du CFCM. « La présence de l’OABA a même été souhaitée par le CFCM. Nous connaissons ses opinions sur l’abattage rituel, mais l'on se rejoint sur le fait de dire que le bien-être animal est important pour nous », déclare Mohammed Moussaoui.
Une norme française loin d’être envisagée
Au vu des divergences des législations nationales concernant l’abattage rituel, difficile d’imaginer une normalisation du halal à l’échelle européenne.
Alors pourquoi ne pas d’abord travailler sur une norme française ? « Le problème vient d’abord de la communauté musulmane elle-même qui n’est pas en capacité de travailler sur la base d’un intérêt commun, on est sur une "guerre des boutiques" », indique M. Di Spigno, qui souhaite carrément une norme internationale (ISO) applicable à tous les consommateurs du halal au monde.
Pour M. Moussaoui, la norme française n’est pas encore envisagée par l’AFNOR. « Ce sont les discussions européennes qui auront lieu d’ici à septembre 2011 qui donneront des idées claires sur le sujet. Si elles n’aboutissent à rien, il est très probable que l’AFNOR se dirige vers une norme française. En revanche, ce qui est envisagé au sein du CFCM, c’est de sortir un référentiel du halal auquel j’espère faire adhérer les trois mosquées habilitées à délivrer les cartes de sacrificateurs et tous les organismes de certification d’ici à la fin de l’année 2010. »
La tâche s'annonce difficile. Malgré leurs positions de principe défavorables à l’étourdissement, nombre d’acteurs du secteur du halal, dont les trois Grandes Mosquées, pratiquent l’électronarcose sur les volailles.
« Nous jugeons sur les intentions des gens, elles sont bonnes. Mais nous souhaitons qu’une fois la charte mise en place, elle soit imposable à tous », conclut M. Moussaoui.
Alors pourquoi ne pas d’abord travailler sur une norme française ? « Le problème vient d’abord de la communauté musulmane elle-même qui n’est pas en capacité de travailler sur la base d’un intérêt commun, on est sur une "guerre des boutiques" », indique M. Di Spigno, qui souhaite carrément une norme internationale (ISO) applicable à tous les consommateurs du halal au monde.
Pour M. Moussaoui, la norme française n’est pas encore envisagée par l’AFNOR. « Ce sont les discussions européennes qui auront lieu d’ici à septembre 2011 qui donneront des idées claires sur le sujet. Si elles n’aboutissent à rien, il est très probable que l’AFNOR se dirige vers une norme française. En revanche, ce qui est envisagé au sein du CFCM, c’est de sortir un référentiel du halal auquel j’espère faire adhérer les trois mosquées habilitées à délivrer les cartes de sacrificateurs et tous les organismes de certification d’ici à la fin de l’année 2010. »
La tâche s'annonce difficile. Malgré leurs positions de principe défavorables à l’étourdissement, nombre d’acteurs du secteur du halal, dont les trois Grandes Mosquées, pratiquent l’électronarcose sur les volailles.
« Nous jugeons sur les intentions des gens, elles sont bonnes. Mais nous souhaitons qu’une fois la charte mise en place, elle soit imposable à tous », conclut M. Moussaoui.
Concernant la position d'ASIDCOM sur l'initiative autrichienne, cliquez ici
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