Jamel Oubechou est remonté. Le président de l’Institut des cultures d’islam (ICI) n’y va pas par quatre chemins pour fustiger la décision de la maire de Paris visant à mettre fin au projet de l’ICI Barbès. Neuf mois après l’annonce de l’inauguration de ce second bâtiment qui devait voir le jour cette année à l’angle des rues Polonceau et des Poissonniers, dans le 18e arrondissement de la capitale, aucun projet ne se dessine à ce jour sur le terrain municipal.
Anne Hidalgo a confirmé sa décision le 7 septembre via une dépêche AFP, avant même l’ICI, nous dit-on… Une confirmation qu’attendait Jamel Oubechou depuis le 3 juillet, date de son entretien avec la maire à l’issue duquel l’abandon de l’ICI Barbès a été clairement formulé. « J’ai été très surpris de sa réponse car je pensais qu’on allait au moins faire un bilan du travail engagé dans le premier bâtiment », nous dit-il vendredi 14 septembre.
Anne Hidalgo a confirmé sa décision le 7 septembre via une dépêche AFP, avant même l’ICI, nous dit-on… Une confirmation qu’attendait Jamel Oubechou depuis le 3 juillet, date de son entretien avec la maire à l’issue duquel l’abandon de l’ICI Barbès a été clairement formulé. « J’ai été très surpris de sa réponse car je pensais qu’on allait au moins faire un bilan du travail engagé dans le premier bâtiment », nous dit-il vendredi 14 septembre.
Une décision « dogmatique » sans prise avec la réalité
« Je lui ai réexpliqué le projet » mais rien n’y fait : elle reste campée sur sa décision « en dépit de tous les compliments qui nous sont faits », en faisant valoir son refus de voir se côtoyer le culte et la culture dans un même espace, bien que la laïcité soit bel et bien respectée. Cette coexistence est pourtant un élément central du projet dont la première partie – l’ICI Goutte-d’Or – a été inaugurée en novembre 2013.
Jamel Oubechou le répète : la décision d’Anne Hidalgo relève d’une position « idéologique et dogmatique ». « Elle n’a aucune raison de ne pas adhérer au projet si ce n’est son opposition à la cohabitation du culte avec la culture. Elle ne veut pas voir les fidèles et le reste du public se mélanger, elle rejette même l’idée d’une même porte d’entrée pour tous. » Signe de son désintérêt pour les activités de l’Institut, indique Jamel Oubechou, « elle n’y a jamais mis les pieds » depuis son élection en mars 2014, laissant le soin à Bruno Julliard d’assurer sa représentation lors d’événements qui animent l’ICI.
Jamel Oubechou le répète : la décision d’Anne Hidalgo relève d’une position « idéologique et dogmatique ». « Elle n’a aucune raison de ne pas adhérer au projet si ce n’est son opposition à la cohabitation du culte avec la culture. Elle ne veut pas voir les fidèles et le reste du public se mélanger, elle rejette même l’idée d’une même porte d’entrée pour tous. » Signe de son désintérêt pour les activités de l’Institut, indique Jamel Oubechou, « elle n’y a jamais mis les pieds » depuis son élection en mars 2014, laissant le soin à Bruno Julliard d’assurer sa représentation lors d’événements qui animent l’ICI.
Jamel Oubechou, président de l'ICI.
Le budget pour « cacher la réalité de sa position scandaleuse »
Officiellement, la mairie évoque des raisons budgétaires pour justifier l’abandon. A l’AFP, l’adjoint chargé de la Culture Bruno Julliard, qui avait lui-même annoncé l’inauguration de l’ICI Barbès le 15 janvier, quelques jours après les attentats de Paris, parle de faire des économies sur un projet qui coûte 16 millions d’euros (en réalité, 13 millions d’euros sans la charge du culte). Le directeur du cabinet de la maire, dans une réponse adressée au groupe EELV Paris que nous avons consultée, motive la décision par « un contentieux sur un mur mitoyen avec la copropriété voisine et la nécessité d’effectuer des sondages géotechniques et de pollution des sols ».
Dans les faits, selon Jamel Oubechou, « son entourage équilibre pour cacher la réalité de sa position qui est scandaleuse » et qui dénote une conception de la laïcité « très peu généreuse » alors même que le projet de l’ICI est « exemplaire » de ce point de vue. Aucun crédit public n’a en effet été accordé pour la salle de prière qui appartient, rue Stephenson, à la Grande Mosquée de Paris. « L’ICI est un lieu de dialogue et de respect mutuel, un lieu républicain où chacun est libre d’avoir ses convictions dans le respect de celles des autres. (…) On permet l’accès à la culture à des populations qui en sont éloignées, la démocratisation de la culture avec des expos de très bonne qualité », poursuit le président de l’ICI.
Sollicité par nos soins, Daniel Vaillant abonde en ce sens. C’est l’incompréhension qui domine du côté de l’ex-maire du 18e arrondissement de Paris, soutien de la première heure au projet. « Je suis parti de l’idée que le projet ne sera pas abouti sous la forme telle qu’il a été voté mais, de là à imaginer qu’il sera abandonné… », dit-il. « On a besoin d’établissements culturels à Paris. L’ICI a besoin de mètres carrés supplémentaires », tout comme le culte musulman. « Je suis hostile à cette idée d’abandon et j’ai fait part de ma désapprobation à la maire de Paris », réagit le député, rappelant que la délibération a été votée en 2008 « avec l’assentiment de la première adjointe au maire de l’époque, Anne Hidalgo ».
Dans les faits, selon Jamel Oubechou, « son entourage équilibre pour cacher la réalité de sa position qui est scandaleuse » et qui dénote une conception de la laïcité « très peu généreuse » alors même que le projet de l’ICI est « exemplaire » de ce point de vue. Aucun crédit public n’a en effet été accordé pour la salle de prière qui appartient, rue Stephenson, à la Grande Mosquée de Paris. « L’ICI est un lieu de dialogue et de respect mutuel, un lieu républicain où chacun est libre d’avoir ses convictions dans le respect de celles des autres. (…) On permet l’accès à la culture à des populations qui en sont éloignées, la démocratisation de la culture avec des expos de très bonne qualité », poursuit le président de l’ICI.
Sollicité par nos soins, Daniel Vaillant abonde en ce sens. C’est l’incompréhension qui domine du côté de l’ex-maire du 18e arrondissement de Paris, soutien de la première heure au projet. « Je suis parti de l’idée que le projet ne sera pas abouti sous la forme telle qu’il a été voté mais, de là à imaginer qu’il sera abandonné… », dit-il. « On a besoin d’établissements culturels à Paris. L’ICI a besoin de mètres carrés supplémentaires », tout comme le culte musulman. « Je suis hostile à cette idée d’abandon et j’ai fait part de ma désapprobation à la maire de Paris », réagit le député, rappelant que la délibération a été votée en 2008 « avec l’assentiment de la première adjointe au maire de l’époque, Anne Hidalgo ».
Un mauvais présage pour l’avenir de l’ICI ?
Jamel Oubechou se dit vigilant. A ses yeux, la position d’Anne Hidalgo est une profonde remise en cause des activités passées et en cours de l’Institut. Elle « interroge sur les raisons d’interrompre le développement d’un projet réussi, ambitieux et économe à la fois, profondément laïque et démocratique dans son approche de la culture, qui prend toute la mesure de la fonction sociale de la culture et de la nécessité de rendre concret le droit à la culture », lit-on dans son édito paru dans la brochure de rentrée de l’ICI.
De fait, « elle abandonne un élément central de l’héritage hautement symbolique de Bertrand Delanoë qui s’est beaucoup investi pour voir ce projet voir le jour », appuie le président de l’ICI. Un avenir sombre se dessine-t-il pour son établissement ? A terme, « la mairie a les moyens de nous étrangler progressivement » mais « je n’ai pas l’intention de démissionner pour faciliter la mort de l’ICI Goutte-d’Or. (…) On fait un travail remarquable au service des Parisiens. »
Pour le moment, le centre de préfiguration de l’ICI, créé en 2006, reste ouvert rue Léon mais les locaux sont censés être provisoires. Des travaux pourraient être effectués pour pérenniser le site et permettre à l’Institut de poursuivre ses activités sur deux sites mais ses responsables ne veulent pas s’en contenter au vu de sa taille.
De fait, « elle abandonne un élément central de l’héritage hautement symbolique de Bertrand Delanoë qui s’est beaucoup investi pour voir ce projet voir le jour », appuie le président de l’ICI. Un avenir sombre se dessine-t-il pour son établissement ? A terme, « la mairie a les moyens de nous étrangler progressivement » mais « je n’ai pas l’intention de démissionner pour faciliter la mort de l’ICI Goutte-d’Or. (…) On fait un travail remarquable au service des Parisiens. »
Pour le moment, le centre de préfiguration de l’ICI, créé en 2006, reste ouvert rue Léon mais les locaux sont censés être provisoires. Des travaux pourraient être effectués pour pérenniser le site et permettre à l’Institut de poursuivre ses activités sur deux sites mais ses responsables ne veulent pas s’en contenter au vu de sa taille.
Le Conseil de Paris appelé à trancher
Le projet avait été voté à l’unanimité des groupes politiques, et « s’il doit se défaire, la maire doit passer par le Conseil de Paris. On n’est pas dans une monarchie », lance Jamel Oubechou. Même son de cloche pour Daniel Vaillant, qui déclare son incompréhension qu’un projet voté « ne soit pas conduit à son terme. On est en démocratie ».
Quel avenir au site rue des Poissonniers ? La mairie évoque toujours la construction d’un lieu de culte – sans, jusque-là, n’avoir fait le choix d'un partenaire cultuel – mais également la présence d’« activités privées ». Et si elle cédait l'espace au secteur privé ? Ce n’est « ni souhaitable ni possible » pour Daniel Vaillant, « c’est un terrain qui appartient à la municipalité sur lequel il était convenu de construire un établissement public et on a exproprié un acteur privé » à cette fin.
« L’association (l’ICI, ndlr) n’a pas la capacité d’imposer la construction d’un second bâtiment. Aux élus de prendre leurs responsabilités », lance Jamel Oubechou. L’ambiance lors de l’inauguration, jeudi 17 septembre, de l’exposition « Kitsch ou pas kisch ? » s’annonce tendue.
Quel avenir au site rue des Poissonniers ? La mairie évoque toujours la construction d’un lieu de culte – sans, jusque-là, n’avoir fait le choix d'un partenaire cultuel – mais également la présence d’« activités privées ». Et si elle cédait l'espace au secteur privé ? Ce n’est « ni souhaitable ni possible » pour Daniel Vaillant, « c’est un terrain qui appartient à la municipalité sur lequel il était convenu de construire un établissement public et on a exproprié un acteur privé » à cette fin.
« L’association (l’ICI, ndlr) n’a pas la capacité d’imposer la construction d’un second bâtiment. Aux élus de prendre leurs responsabilités », lance Jamel Oubechou. L’ambiance lors de l’inauguration, jeudi 17 septembre, de l’exposition « Kitsch ou pas kisch ? » s’annonce tendue.
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