Urgence Centrafrique : « Nos corps sont meurtris, mais nos esprits demeurent »

Depuis plus de 10 ans, la République Centrafricaine connaît une forte instabilité économique, sociale et politique débouchant sur un conflit armé et des affrontements violents et entraînant le pays dans une véritable guerre civile depuis décembre 2012.

Depuis plus d’un an, la situation s’enlise, le conflit cristallise les sentiments d’appartenance religieux et exacerbe les tensions entre les communautés. Le conflit armé centrafricain s’engouffre dans une guerre interreligieuse qui crée le chaos dans le pays.

L’ONU évoque plusieurs milliers de morts, plus de 220 000 réfugiés, plus de 1,5 million de déplacés, 2,3 millions de personnes en « situation d’assistance humanitaire ».

Les Centrafricains de confession musulmane minoritaires dans le pays font l’objet actuellement et depuis plusieurs mois d’une traque meurtrière qui soit les contraint à l’exode, soit les expose à l’extermination. Les Centrafricains contraints à l’exode parcourent des centaines de kilomètres au péril de leur vie pour atteindre les camps de réfugiés situés à la frontière des pays limitrophes et notamment au Tchad.

Ces camps sont dans un état catastrophique. Il n’y a pas suffisamment de tentes, les réfugiés s’entassent dans des conditions d’hygiène inacceptables alors que la saison des pluies vient de commencer et les expose à des épidémies. L’aide alimentaire est insuffisante, les réfugiés mangent une fois par jour pour les plus chanceux, et la carence de soins et de médicaments s’ajoute à la situation déjà très difficile des réfugiés. Des enfants et adolescents mutilés ou grièvement blessés, la plupart orphelins à la suite des massacres, sont dans une détresse indescriptible.

Au-delà de l’aide d’urgence, à savoir distribuer des colis alimentaires, des tentes, des produits d’hygiènes, assurer un accompagnement médical et préserver la vie des victimes, il s’agit pour DIGNITÉ International de s’inscrire dans un mouvement humanitaire de fond, un mouvement capable de construire les capacités de ces populations et de leur donner les moyens de la stabilité et de l’autonomie.

Notre objectif est de réduire leur dépendance et de leur permettre de retrouver leurs propres ressources matérielles, spirituelles, et culturelles indispensables à leur épanouissement. La dignité humaine est la finalité suprême de ce mouvement humanitaire.

Plusieurs étudiants nous ont alertés sur leur besoin urgent d’entretenir leurs connaissances, et de la nécessité de mettre en place des classes d’études et de soutien scolaire dans les camps, les réfugiés eux-mêmes étant capables d’assurer les enseignements, conscients que la dignité passe aussi par l’éducation et le savoir, probablement la seule chose qui a survécu pour beaucoup d’entre eux.

65 orphelins ont été recensés dans le camp de Sarh et une opération de parrainage est la voie la plus efficace pour répondre à leurs besoins vitaux et leur permettre de se reconstruire. Il y a aussi des adultes, des commerçants, des professeurs, des étudiants de l’enseignement supérieur et tous nous disent et nous répètent : « Nos corps sont meurtris, mais nos esprits demeurent. »

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Ouahid Abassi est président de DIGNITÉ International

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