Devenir chef à la place du chef, Manuel Valls y est arrivé… ou presque. Nommé à Matignon au lendemain des élections municipales, il est devenu plus que jamais un des piliers de l’exécutif français après la confiance qu'une majorité de députés (306 contre 239) a décidé de lui accorder mardi 8 avril. L’ex-député-maire d’Evry (Essonne) a réussi à se hisser au sommet du pouvoir. Mais celui qui est l'un des personnages politiques préférés des Français est un des plus impopulaires de la communauté musulmane et le plus clivant à gauche.
Une ascension fulgurante pour l’aile droite de la gauche
A 51 ans, il a réussi à se rendre indispensable pour François Hollande lors de sa campagne électorale, alors même que celui-ci n’avait obtenu, lors des primaires socialistes en 2011, que 5,6 % des voix des sympathisants socialistes, au coude à coude avec Ségolène Royal (6,9 %) mais très loin derrière Hollande (39,2 %), Martine Aubry (30,4 %) et Arnaud Montebourg (17,2 %).
Ferme en matière de sécurité et fervent défenseur du libéralisme économique, Valls incarne de très longue date la droite de la gauche socialiste au point où le sens de sa présence au PS est régulièrement soulevée. Martine Aubry en était même arrivée à lui dire, dans une lettre ouverte en juillet 2009, de quitter le PS s’il persistait dans cette voie. « Tu donnes l'impression d'attendre, voire d'espérer la fin du Parti socialiste », avait-elle signalé.
Ses positions lui ont valu en tout cas d'être repéré par Nicolas Sarkozy, qui lui avait proposé un ministère en 2007. M. Valls résistera aux appels du pied de la droite, s'accrochant bien au PS dans l’espoir nourri que ses idées puissent s’y imposer. Dans sa quête de pouvoir, il n’hésitera pas longtemps à se rallier pleinement à Hollande pour les besoins de la campagne présidentielle. Une stratégie gagnante : son dévouement pour le candidat devenu chef d'Etat lui vaudra l’ascension qu’on lui connaît.
Ferme en matière de sécurité et fervent défenseur du libéralisme économique, Valls incarne de très longue date la droite de la gauche socialiste au point où le sens de sa présence au PS est régulièrement soulevée. Martine Aubry en était même arrivée à lui dire, dans une lettre ouverte en juillet 2009, de quitter le PS s’il persistait dans cette voie. « Tu donnes l'impression d'attendre, voire d'espérer la fin du Parti socialiste », avait-elle signalé.
Ses positions lui ont valu en tout cas d'être repéré par Nicolas Sarkozy, qui lui avait proposé un ministère en 2007. M. Valls résistera aux appels du pied de la droite, s'accrochant bien au PS dans l’espoir nourri que ses idées puissent s’y imposer. Dans sa quête de pouvoir, il n’hésitera pas longtemps à se rallier pleinement à Hollande pour les besoins de la campagne présidentielle. Une stratégie gagnante : son dévouement pour le candidat devenu chef d'Etat lui vaudra l’ascension qu’on lui connaît.
Laïcité et liberté d’expression à géométrie variable
Manuel Valls est un homme qui sait créer la polémique. Du temps où il était l'édile d'Evry, son acharnement en 2002 pour faire fermer un Franprix où ne se vendait ni porc ni alcool, et ses propos sur les « White » et les « Blancos » en 2009 ont marqué les esprits. Depuis, il en a fait du chemin.
Le froid entre les musulmans et Manuel Valls vient s’expliquer d'une part par sa vision d'une laïcité « fermée » qui fait du voile son « combat essentiel » quand les juifs de France « peuvent porter avec fierté leur kippa »; d'autre part, sa conception spécifique de la liberté d’expression qui a notamment conduit, en janvier dernier, à l'interdiction des spectacles de Dieudonné.
Il n'était pas encore à Place Beauvau qu'il avait ardemment défendu, en mars 2012, l’interdiction de séjour en France de plusieurs savants musulmans, invités pour le 29e Salon du Bourget de l’UOIF. Il refusera de participer à un forum européen en mai 2013 en apprenant la présence de Tariq Ramadan alors qu'ils n'étaient pas dans le même panel. Un an plus tôt, Manuel Valls avait également interdit toute manifestation contre Charlie Hebdo, à l’origine de nouvelles caricatures du Prophète Muhammad. Autant de prises de positions publiques de nature à fâcher naturellement les musulmans, qui lui reprochent de fait son désintérêt pour la lutte contre l'islamophobie.
Le froid entre les musulmans et Manuel Valls vient s’expliquer d'une part par sa vision d'une laïcité « fermée » qui fait du voile son « combat essentiel » quand les juifs de France « peuvent porter avec fierté leur kippa »; d'autre part, sa conception spécifique de la liberté d’expression qui a notamment conduit, en janvier dernier, à l'interdiction des spectacles de Dieudonné.
Il n'était pas encore à Place Beauvau qu'il avait ardemment défendu, en mars 2012, l’interdiction de séjour en France de plusieurs savants musulmans, invités pour le 29e Salon du Bourget de l’UOIF. Il refusera de participer à un forum européen en mai 2013 en apprenant la présence de Tariq Ramadan alors qu'ils n'étaient pas dans le même panel. Un an plus tôt, Manuel Valls avait également interdit toute manifestation contre Charlie Hebdo, à l’origine de nouvelles caricatures du Prophète Muhammad. Autant de prises de positions publiques de nature à fâcher naturellement les musulmans, qui lui reprochent de fait son désintérêt pour la lutte contre l'islamophobie.
Au « changement » hollandiste, en impulser un autre
Son soutien inconditionnel à Israël et son opposition farouche au boycott est aussi vertement critiqué par les défenseurs des droits des Palestiniens de tout bord religieux ou philosophique. « Par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël », avait-il affirmé publiquement en juin 2011. Ses excellentes relations avec les organisations sionistes ne sont d'ailleurs pas un secret de polichinelle.
Au « Je vous ai compris » après la défaite de la gauche aux municipales, Hollande a (mal) répondu en nommant Valls à Matignon. Les critiques politiques les plus acerbes viennent de l'extrême gauche. Le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a reproché au président de n’avoir entendu « que de l'oreille droite ».
« A un désastre électoral, le chef de l’Etat répond à un suicide politique. De ce fait, une nouvelle ère commence pour nous, celle de la reconstruction de la gauche, en dehors et contre le gouvernement », a fait savoir Jean-Luc Mélenchon, président du Front de gauche, avant d'appeler le plus grand nombre à manifester à Paris le 12 avril pour marquer le « ras-le-bol de gauche » contre le nouveau gouvernement. Avec Manuel Valls, ses détracteurs s'attendent à une politique qui, tout en s'inscrivant dans une continuité, sera plus offensive que sous Jean-Marc Ayrault, amplifiant par là les inquiétudes. Désormais installé, le Premier ministre est attendu au tournant.
Au « Je vous ai compris » après la défaite de la gauche aux municipales, Hollande a (mal) répondu en nommant Valls à Matignon. Les critiques politiques les plus acerbes viennent de l'extrême gauche. Le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a reproché au président de n’avoir entendu « que de l'oreille droite ».
« A un désastre électoral, le chef de l’Etat répond à un suicide politique. De ce fait, une nouvelle ère commence pour nous, celle de la reconstruction de la gauche, en dehors et contre le gouvernement », a fait savoir Jean-Luc Mélenchon, président du Front de gauche, avant d'appeler le plus grand nombre à manifester à Paris le 12 avril pour marquer le « ras-le-bol de gauche » contre le nouveau gouvernement. Avec Manuel Valls, ses détracteurs s'attendent à une politique qui, tout en s'inscrivant dans une continuité, sera plus offensive que sous Jean-Marc Ayrault, amplifiant par là les inquiétudes. Désormais installé, le Premier ministre est attendu au tournant.
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